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Critique de la raison pure

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aliochaverkiev
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descriptionCritique de la raison pure - Page 17 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Si nous prenons les objets tels qu'ils sont en eux-mêmes, c'est-à-dire hors de l'intuition (sans la médiation de la sensibilité donc) le temps n'est rien.
Le temps ne possède une valeur objective que par rapport aux phénomènes parce qu'il s'agit là des choses ou des objets tels que nous les recevons dans l'intuition, en tant qu'objets de nos sens. 
En dehors du sujet (le sujet percevant, recevant par la sensibilité l'intuition des objets) le temps n'est rien. Mais dans le sujet, dans son intuition, le temps est une donnée objective puisqu'il est l'une des formes a priori de la sensibilité, c'est-à-dire qu'il concourt à la mise en forme temporelle des phénomènes (qui sont les objets indéterminés de l'intuition, ne l'oublions pas).
Nous pouvons donc affirmer la réalité empirique du temps, c'est-à-dire sa réalité vis à vis des objets qui peuvent être donnés à nos sens (attention dans le texte il est précisément écrit page 129 : "objets qui peuvent jamais être donnés à nos sens", il faut prendre le mot jamais, employé d'ailleurs seul, au sens : "en un moment quelconque"). Mais nous devons refuser au temps toute réalité absolue, c'est-à-dire toute réalité hors de notre intuition. D'où l'affirmation de l'idéalité transcendantale du temps, c'est-à-dire l'affirmation qu'il n'est rien en dehors d'une forme a priori de l'intuition, ni un objet, ni une substance, ni un accident.

descriptionCritique de la raison pure - Page 17 EmptyRe: Critique de la raison pure

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D) Explication

Kant observe les critiques qui lui sont faites, notamment celle-ci : les représentations intérieures changent, donc il existe bien quelque chose de réel qui s'appelle le temps (le changement des sensations intérieures présupposant un fond sur lequel se détache le changement, ce fond étant le temps). Kant fait remarquer qu'il n'est pas contesté de la même manière pour l'espace (comme forme a priori de l'intuition) dans le mesure où la réalité des objets extérieurs n'est pas susceptible d'une preuve rigoureuse. En revanche la perception du changement de nos représentations intérieures est, elle, réelle.
Kant concède la réalité du temps, mais toujours comme forme réelle de l'intuition interne.
Le temps est "à considérer sur le mode d'une réalité, non pas comme objet mais comme le mode de représentation de moi-même en tant qu'objet". Et il ajoute (page 131) " le temps n'est rien que la forme de notre intuition interne". 
Elle est subtile cette définition du temps. Il s'agit donc d'une forme (pas d'un objet), la forme d'une matière (pour reprendre le vocabulaire utilisé par Kant pour décrire tout phénomène) qui correspond à la perception que j'ai de moi-même. De prime abord cela est facile à écrire mais beaucoup plus difficile à conceptualiser, à accepter même.

descriptionCritique de la raison pure - Page 17 EmptyRe: Critique de la raison pure

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(page 132) La réalité de l'espace et du temps (il s'agit ici de la réalité empirique de ces formes de l'intuition) laissent inentamée la sureté de la connaissance expérimentale que ces formes s'attachent nécessairement aux choses en soi (attention! comme idéalités, pas comme déterminations de ces choses en soi) ou seulement à notre intuition de ces choses (réalité empirique).
Mais ceux qui tiennent l'espace et le temps comme des réalités absolues soit comme substances soit comme accidents, sont en contradiction avec les principes de l'expérience.

Substance  : la substance exprime l'idée qu'il y a, dans chaque être individuel, un "sujet" qui demeure en arrière-plan du changement manifeste de cet être. Etymologiquement "substance" est en effet ce qui se tient (-stance) dessous (sub). [définition tirée de : "Premier pas en philosophie", P. Solal et P-J Dessertine, Ellipses]

Accident  :  tout ce qui arrive de manière contingente ou fortuite (ces deux adjectifs sont synonymes).

descriptionCritique de la raison pure - Page 17 EmptyRe: Critique de la raison pure

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Pour commencer, merci pour ce gros travail, intéressant et constructif. J’ai lu en détail vos publications et je souhaite vous faire un premier retour sur quelques éléments allant jusqu’à l’analyse de l’introduction (je poursuivrai plus tard avec votre analyse de l’esthétique transcendantale). Notez cependant que je ne suis pas plus professeur de philosophie que vous et que je ne fais absolument pas autorité sur les textes de Kant. Disons simplement que, comme vous, j’en suis un lecteur et que j’aime essayer d’en tirer du sens. N’hésitez donc surtout pas à me contredire si vous pensez que je fais fausse route sur certains points.

aliochaverkiev, 11 février 9:00 a écrit:
Le plaisir de connaître a cédé la place au plaisir de transmettre, et le désir d'apprendre a cédé la place  à l'art de la pédagogie : comment enseigner des enfants et ado exclus du système scolaire, ce comment étant "travaillé" par des enseignements de soutien (bénévoles) donnés à ces jeunes. Je ne suis donc pas du tout inséré dans un exercice  abstrait de l'art de penser, mais dans un exercice concret, où il est nécessaire de porter des enfants à un minimum de réussite scolaire et à la découverte de leurs gouts et de leurs rêves professionnels, le tout en liaison avec des parents dont il s'agit, au quotidien, de résoudre l'angoisse sociale.

Démarche intéressante et certainement bénéfique. Je me posais juste la question du choix de ce premier texte. Il faut bien avouer que de s’attaquer à l’explication de la Critique de la raison pure n’est pas une mince affaire et d’autres textes philosophiques auraient probablement posé moins de difficulté. D’après ce que j’ai compris dans vos messages, c’est un choix de votre élève ?

aliochaverkiev, 12 février 10:14 a écrit:
Je vais donc choisir d'entrer directement dans le texte de Kant, quitte à faire quelques aller et retour avec les deux auteurs précités afin de mieux comprendre la pansée de  Kant.

C’est toujours le choix le plus judicieux. Si vous parvenez à ne transmettre que cela à vos élèves, ce serait déjà un gros bénéfice…

aliochaverkiev, 17 février 9:52 a écrit:
De même que, comme je ne connais pas trop la mécanique quantique (pour moi bien la comprendre c'est la suivre dans ses développements mathématiques pour voir ce qu'elle cherche réellement à saisir et je n'ai pas encore eu le temps de faire ce travail de mathématicien, j'ai plus de connaissance sur la relativité) je m'emploierai immédiatement à travailler ce sujet en sortant mes livres de physique afin d'en faire un résumé, comme vous voyez mon attitude est celle de quelqu'un qui veut transmettre les bases d'un savoir à quelqu'un qui ne les connaît pas, comme un prof de français soucieux de transmettre la connaissance de l'alphabet et la formation des phrases.
Je tiens à garder le cap de ma démarche : expliquer la Critique non dans ses implications mais déjà, au moins dans son sens premier.

Et là encore, on voit que vous savez tenir un cap ;)

aliochaverkiev, 15 février 14:52 a écrit:
Il paraît impossible qu'un mathématicien puisse exister seul sans que les objets dont il traite  soient donnés par le monde de l'expérience (ou sinon il développe de mathématiques totalement versées dans l'imaginaire). C'est le monde de l'expérience, architecture, comptabilité, guerre, etc; qui fournit les objets (et le cahier des charges parfois!), c'est le  mathématicien qui les transforme en concepts et qui leur trouve des propriétés nouvelles, hors champ de l'expérience.

Juste à titre d’information, car c’est hors sujet, il existe plusieurs travaux de dépassement de l’a priori kantien. Lors d’un cours sur le sujet, nous avions vu notamment le logicisme de Frege et Russel et le conventionnalisme de Schlick et Carnap qui correspondent à deux voies différentes pour ce dépassement (ce ne sont pas les seules) : redéfinition des contours du synthétique a priori pour les premiers ; réduction de l’a priori à des conventions pour les seconds.

aliochaverkiev, 15 février 16:11 a écrit:
La raison au collège, c'est la faculté de raisonner; en mathématique, la faculté de raisonner consiste à distinguer le vrai du faux, à séparer l'existence de la non-existence, à aborder la déduction et la logique formelle (démonstration simple); c'est aussi la faculté qui permet de classer, de compter, d'ordonner, d'opérer des équivalences (si A =B, alors B= A, proposition triviale mais j'ai pu observer, même chez des élèves de terminales que cette proposition était loin d'être toujours intégrée!). En français c'est la faculté qui permet d'analyser une phrase (lecture et compréhension) et de la synthétiser (écriture, rhétorique). 

Comme vous l’avez indiqué au début de votre travail, Kant identifie trois grandes facultés de la connaissance : la sensibilité, l’entendement et la raison. Par rapport à cette dernière, il me semble que vous omettez un point important : c’est elle qui permet de dépasser les limites de l’expérience, de tirer des conclusions qui dépassent même toute possibilité d’expérience (le concept de Dieu par exemple). C’est cette possibilité de dépassement qui nécessite la mise en place d’un « garde-fou » et donc de la méthode critique. Ceci dit, vous indiquez ici que c’est un « début de définition » et vous avez probablement l’intention d’y revenir par la suite.

Par rapport aux « termes techniques » de Kant, votre approche par des définitions progressives me semble intéressante. Par contre, j’ai peur que les retrouver dans l’ensemble des messages ne soit pas de plus facile pour bon nombre de lecteurs. Pourtant, il est important de les avoir sous la main pour l’analyse de bon nombre de passages de l’œuvre. Il serait peut-être intéressant d’en faire un résumé de temps en temps dans un post dédié tout au long de votre analyse, une sorte de lexique temporaire mis à jour périodiquement. Qu’en pensez-vous ?

aliochaverkiev, 20 février 19:27 a écrit:
S'il n' y a pas de différence entre phénomène et chose en soi alors le principe de causalité doit s'appliquer à toutes les choses (qu'elle soient des phénomènes ou des choses en soi, puisqu'il n' y a plus de différence) et donc l'âme, que Kant considère comme étant libre, ne pourrait plus être considérée comme telle car elle serait alors soumise au principe de causalité elle aussi, c'est-à-dire qu'elle serait soumise  à la nécessité de la nature.

C’est un point que Kant traitera en détail dans la troisième antinomie et qui a effectivement un impact sur la question de la moralité comme vous le soulignez plus loin.
Kant, Critique de la raison pure, Antinomies de la raison pure, 3e conflit des idées transcendantales a écrit:
Thèse:
La causalité selon les lois de la nature n’est pas la seule dont puissent être dérivés tous les phénomènes du monde. Il est encore nécessaire d’admettre une causalité libre pour l’explication de ces phénomènes.
Antithèse:
Il n’y a pas de liberté, mais tout arrive dans le monde uniquement suivant les lois de la nature.

Par rapport à votre projet, je me demandais d’ailleurs si une approche par les antinomies pourrait être intéressante (elles frappent assez facilement le lecteur). J’ai noté que vous avez commencé une accroche avec la question de la preuve ontologique et ça me semble également pertinent pour susciter la curiosité de votre élève. Je me demande donc s’il serait possible d’encadrer ce type de démarche pédagogique en la faisant tourner autour de questions de ce type, à même de maintenir l’attention.

Par ailleurs, un autre passage de la préface de la seconde édition me semble intéressant :
Kant, Critique de la raison pure, Préface de la seconde édition a écrit:
Il faut donc que la raison se présente à la nature tenant, d’une main, ses principes qui seuls peuvent donner aux phénomènes concordant entre eux l’autorité de lois, et de l’autre, l’expérimentation qu’elle a imaginée d’après ces principes, pour être instruite par elle, il est vrai, mais non pas comme un écolier qui se laisse dire tout ce qu’il plaît au maître, mais, au contraire, comme un juge en fonctions qui force les témoins à répondre aux questions qu’il leur pose.

Kant y manifeste un élément important de sa démarche : la méthode critique vise à mettre au premier plan l’expérimentation.

aliochaverkiev, 21 février 16:16 a écrit:
Kant introduit une distinction entre les connaissances  a priori qui sont pures de celles qui ne le sont pas, les connaissances a priori pures étant sauves de toute trace d'empirisme (expérience); ainsi la proposition "tout changement a sa cause" est une proposition a priori (le concept de cause est a priori) mais elle n'est pas pure car elle inclut le concept de mouvement qui, lui, est issu de l'expérience.

J’en ai une lecture différente : il me semble que le concept de cause est pur a priori. Kant le donne en exemple dans le second chapitre de l’introduction de la seconde édition :
Kant, Critique de la raison pure, Introduction de la seconde édition, II a écrit:
Or, que des jugements de cette espèce, nécessaires et universels dans le sens strict et, par suite, purs, a priori, se trouvent réellement dans la connaissance humaine, il est facile de le montrer. Si l’on veux un exemple pris dans les sciences, on n’a que parcourir des yeux toutes les propositions de la mathématique ; si on en veut un tiré de l’usage le plus ordinaire de l’entendement, on peut prendre la proposition : Tout changement doit avoir une cause. Qui plus est, dans cette dernière, le concept même d’une cause renferme manifestement le concept d’une liaison nécessaire avec un effet et celui de la stricte universalité de la règle, si bien que ce concept de cause serait entièrement perdu, si on devait le dériver, comme le fait Hume, d’une association fréquente de ce qui arrive avec qui qui précède et d’une habitude qui en résulte (d’une nécessité, par conséquent, simplement subjective) de lier des représentations.

En y faisant intervenir l’idée de mouvement, il me semble que vous vous rapprochez de l’idée de Hume. Une autre façon de voir cette nécessité de la causalité serait peut-être de considérer la perception même : l’objet en face de moi est cause de sa perception par moi. Sans un concept a priori de la cause, comment pourrais-je savoir que ma perception de cet objet est le signe qu’il est bien devant moi ?

aliochaverkiev, 1 mars 7:32 a écrit:

Mais si j'écris "un plateau et des pieds c'est une table", alors je ne suis plus dans un jugement analytique mais je suis dans un jugement synthétique puisque le concept table n'est pas inclus dans les concepts "plateau" et "pieds".
Conclusion, le sens de l'écriture est essentiel, car le sujet c'est le premier terme et le prédicat c'est le terme final.
Donc pour Kant le signe = n'est pas une relation d'équivalence, il ne lui accorde pas la transitivité.
Mais si j'écris 12 = 7 + 5 au lieu de 7+5 = 12, suis-je encore dans un jugement synthétique. Car le sujet devient 12 et le prédicat 7 + 5, et ces deux concepts ne sont-ils pas alors inclus dans le concept 12?
La pensée de Kant est parfois floue.

Votre exemple de la table me semble correct. Par contre, pour Kant, toute proposition arithmétique est synthétique :
Kant, Critique de la raison pure, Introduction V a écrit:
La proposition arithmétique est donc toujours synthétique ; on s’en convaincra d’autant plus clairement que l’on prendra des nombres, quelque peu plus grands, car il est alors évident que, de quelque manière que nous tournions et retournions nos concepts, nous ne pourrions jamais, sans recourir à l’intuition, trouver la somme, au moyen de la simple décomposition de nos concepts.

Mais reprenons le tout début de ce chapitre afin de voir ou veux en venir Kant :
Kant, Critique de la raison pure, Introduction V a écrit:
Les jugements mathématiques sont tous synthétiques. Cette proposition semble avoir échappé jusqu’ici aux observations des analystes de la raison humaine et paraît même exactement contraire à leurs conjectures, bien qu’elle soit incontestablement certaine et de conséquences très importantes. De ce qu’on trouvait, en effet, que les raisonnements des mathématiciens procèdent tous suivant le principe de contradiction (ce qui est exigé par la nature de toute certitude apodictique), on se persuadait que les principes étaient connus aussi en vertu du principe de contradiction ; en quoi ces analystes se trompaient, car une proposition synthétique peut, sans doute, être envisagée suivant le principe de contradiction, mais seulement à condition que soit supposée une autre proposition synthétique, dont elle puisse être déduite, mais jamais en elle-même.

Sur ce point, Kant répond à Hume :
Hume, Enquête sur l’entendement humain, IV.1 a écrit:
Tous les objets sur lesquels s’exerce la raison humaine ou qui sollicitent nos recherches se répartissent naturellement en deux genres : les relations d’idées et les choses de fait. Au premier genre appartiennent les propositions de la géométrie, de l’algèbre et de l’arithmétique, et, en un mot, toutes les affirmations qui sont intuitivement ou démonstrativement certaines. Cette proposition : le carré de l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés, exprime une relation entre ces éléments géométriques. Cette autre : trois fois cinq égalent la moitié de trente, exprime une relation entre ces nombres. On peut découvrir les propositions de ce genre par la simple activité de la pensée et sans tenir compte de ce qui peut exister dans l’univers. N’y eût-il jamais eu dans la nature de cercle ou de triangle, les propositions démontrées par Euclide n’en garderaient pas moins pour toujours leur certitude et leur évidence.
Les choses de fait, qui constituent la seconde classe d’objets sur lesquels s’exerce la raison humaine, ne donnent point lieu au même genre de certitude ; et quelque évidente que soit pour nous leur vérité, cette évidence n’est pas de même nature que la précédente. Le contraire d’une chose de fait ne laisse point d’être possible, puisqu’il ne peut impliquer contradiction, et qu’il est conçu par l’esprit avec la même facilité et la même distinction que s’il était aussi conforme qu’il se pût à la réalité. Une proposition comme celle-ci : le soleil ne se lèvera pas demain, n’est pas moins intelligible et n’implique pas d’avantage contradiction que cette autre affirmation : il se lèvera. C’est donc en vain que nous tenterions d’en démontrer la fausseté. Si elle était fausse démonstrativement, elle impliquerait contradiction, et jamais l’esprit ne pourrait la concevoir distinctement.

Hume distingue deux modes de connaissances : les connaissances empiriques qui portent sur le monde qui nous entoure et qui nous apprennent donc quelque chose de nouveau (elles sont donc synthétiques. Sur ce point, Kant est d’accord) ; les connaissances logiques et mathématiques qui proviennent de nous même et qui ne nous apprennent donc rien de nouveau sur le monde (elles sont donc analytiques, ce qui pose problème à Kant).

Pour Kant, cette « logicisation » des mathématiques n’est pas possible : même si les raisonnements mathématiques procèdent de ce principe logique, leur fondement ne peut pas en découler et doit provenir de l’intuition. En effet, la découverte d’un principe même est manifestement synthétique (il étend notre connaissance) or le principe de contradiction ne peut s’appliquer qu’entre deux propositions synthétiques. Je peux découvrir deux propositions qui se contredisent et l’une est manifestement fausse, mais d’une proposition synthétique unique, je ne peux rien déduire en m’aidant du principe de contradiction.

Pour revenir à votre question, pour Kant, de même que vous ne pouvez pas déduire 12 de 5+7 car vous devez recourir à l’intuition pour réaliser cette opération (imaginer un groupe de 5 moutons, un groupe de 7 et les réunir), vous ne pouvez pas non plus déduire 5+7 de 12 sans recourir à l’intuition (imaginer un groupe de 12 moutons que vous séparez en deux groupes, l’un de 5 et l’autre de 7). Attention, je ne dis pas que c’est cette démarche que nous employons en faisant des mathématiques, ce qui aurait pour conséquence de les rendre a posteriori (je regarde des moutons à chaque addition que je souhaite réaliser), n’oublions pas le début de l’introduction : « Mais si toute notre connaissance débute avec l’expérience, cela ne prouve pas qu’elle dérive toute de l’expérience ».

En aparté, Russel et Whitehead montreront une réduction possible de l’arithmétique à la logique dans Principia Mathematica, réfutant ainsi cette proposition de Kant. Il y a d’autres développements sur ce point, mais c’est hors de propos de ce sujet et je les connais très mal.

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Adresse à Monsieur Dienekes.


Voici ce que je vous propose : je termine l'esthétique transcendantale (je n'ai plus que quelques pages à analyser) puis je fais une pause ce qui me permettra de faire un retour avec vous sur mes premières analyses. Je me disais justement,  il y a quelque minutes, qu'il est bien possible que mon analyse de la seconde préface soit à revoir dans la mesure où je comprends beaucoup mieux la forme d'esprit de Kant maintenant  plutôt qu'au début. 
Donc je termine l'esthétique puis j'étudie vos remarques.

Amitiés.

Aliocha.
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