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L'articulation de la cause et de l'effet chez Kant.

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2 participants

descriptionL'articulation de la cause et de l'effet chez Kant. EmptyL'articulation de la cause et de l'effet chez Kant.

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Bonjour,

La cause précède l'effet. Est-ce toujours vrai ?

Le champ magnétique dévie l'aiguille de la boussole. Il est cause de sa déviation et maintient cette déviation. Le passage du courant élève la température de l'eau. Peut-on dire que le champ magnétique précède la déviation et surtout précède son maintien ? J'y vois une part de simultanéité : la présence du champ maintient l'aiguille déviée. Le temps de la cause recouvre en partie au moins le temps de l'effet. Le passage du courant précède-t-il l'élévation de température ?

Entre la cause et l'effet y a-t-il un saut ? (Mais dans la nature, pas de saut !)

descriptionL'articulation de la cause et de l'effet chez Kant. EmptyRe: L'articulation de la cause et de l'effet chez Kant.

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Kant répond à cette objection :
Kant, Critique de la raison pure, Livre II, chapitre II, Deuxième analogie a écrit:
Mais il y a ici une difficulté qu’il faut écarter. Le principe de la liaison causale entre les phénomènes est restreint dans notre formule à la succession de leur série, tandis que dans l’usage de ce principe il se trouve, pourtant, qu’il s’applique aussi à leur simultanéité et que la cause et l’effet peuvent exister à la fois.
[…]
La plus grande partie des causes efficientes dans la nature existent en même temps que leurs effets.
[…]
Il faut bien remarquer ici qu’il s’agit de l’ordre du temps et non de son cours : le rapport demeure, même s’il ne s’est pas écoulé de temps. Le temps entre la causalité de la cause et son effet immédiat peut aller s’évanouissant, et la cause et l’effet être, par conséquent, simultanés, mais le rapport de l’une à l’autre demeure cependant toujours déterminante dans le temps.


Vous pouvez vous référer au texte complet pour avoir également les exemples illustratifs que Kant propose.

descriptionL'articulation de la cause et de l'effet chez Kant. EmptyRe: L'articulation de la cause et de l'effet chez Kant.

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Merci pour votre réponse.

Le retour au passage cité permet de régler, me semble-t-il, deux points : la possibilité, si j'ai  bien compris, de la simultanéité de la cause avec l'effet comme limite de l'antériorité de celle-là par rapport à celle-ci ; mais aussi la question de l'articulation cause-effet. Il y aurait, d'après Kant, possibilité d'une continuité (plutôt que d'un "saut" de l'une à l'autre...).

descriptionL'articulation de la cause et de l'effet chez Kant. EmptyRe: L'articulation de la cause et de l'effet chez Kant.

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Machaon a écrit:
Merci pour votre réponse. Le retour au passage cité permet de régler, me semble-t-il, deux points : la possibilité, si j'ai  bien compris, de la simultanéité de la cause avec l'effet comme limite de l'antériorité de celle-ci ; mais aussi la question de l'articulation cause-effet ; il y aurait d'après Kant, possibilité d'une continuité (plutôt que d'un "saut" de l'une à l'autre...)


Pour le premier point, oui. Par contre, je ne comprends pas bien votre second point sur la continuité. Vous pourriez détailler ?

descriptionL'articulation de la cause et de l'effet chez Kant. EmptyQue se passe-t-il à l'articulation cause-effet?

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Ma première interrogation était au fond la suivante : que se passe-t-il, POUR KANT, au point précis de l'articulation entre la cause et l'effet ?

Question triple qu'on peut considérer ainsi :

1) dans le temps,
2) dans le passage lui-même de la cause à l'effet,
3) dans l'effet, c'est-à-dire dans le passage de l'état A à l'état B (ce qui est différent de 2°).

(En fait il n'y aura pas de « point précis », le passage ne sera pas ponctuel.)

1) Pour Kant l'antériorité n'empêche pas la simultanéité considérée comme limite de l'antériorité, et la perception ou la considération de cette simultanéité n'empêche pas de penser l'antériorité de la cause.
Kant a écrit:
La plupart des causes efficientes dans la nature sont en même temps que leurs effets et la succession de ceux-ci tient uniquement à ce que la cause ne peut pas produire tout son effet en un moment.

Kant a écrit:
Il faut bien remarquer ici qu'il s'agit de l'ordre du temps et non de son cours : le rapport (avant-après) demeure, bien qu'il n'y ait pas eu de temps écoulé


2) Le passage de la cause à effet n'est pas le passage d'un état A à un autre B. Ce passage de A à B, cette transformation n'est que l'effet, la conséquence. Sur le passage de la cause à l'effet, Kant dit peu de choses. On a l'impression que ça va de soi : le concept de cause n'implique-t-il pas celui d'effet et réciproquement ? Mais je n'ai rien trouvé sur le mécanisme en jeu. Kant invente ici la boîte noire avec la cause comme input et l'effet comme output.

3) Ma troisième question, implicite, je l'ai trouvée formulée dans le chapitre sur lequel vous avez attiré mon attention, p. 223 :
Kant a écrit:
Mais comment en général quelque chose peut-il être changé, ou comment se fait-il qu'à un état qui a lieu à un certain moment puisse succéder, dans un autre moment un état opposé ?
(exemple arrêt/mouvement) et Kant répond fort précisément : « C'est ce dont nous n'avons pas a priori la moindre notion », et de nous renvoyer à l'expérience pour y observer les forces en action, « les forces motrices » c'est-à-dire causales.

Cependant il y revient pour nous indiquer que :
Kant a écrit:
Cette cause ne produit donc pas son changement tout d'un coup (en une fois et en un moment), mais dans le temps, de telle sorte que tout comme le temps croît depuis le premier moment A jusqu'à son accomplissement en B, ainsi la grandeur de la réalité (B-A) est produite par tous les degrés inférieurs contenus entre le premier et le dernier. Tout changement n'est donc possible que par une action continuelle de la causalité, qui, en tant qu'elle est uniforme, s'appelle un moment. Le changement n'est pas composé de ces moments, mais il en résulte comme leur effet. Telle est la loi de la continuité de tout changement.


Donc il n'y a pas de saut. Par rapport à l'effet, la cause est largement simultanée, cela n'empêche pas son antériorité. Le passage de la cause à l'effet reste largement énigmatique, mais cela n'implique pas qu'il soit instantané (une boîte noire peut être ouverte et analysée), enfin est mise en évidence la continuité des changements (permise par la simultanéité de la cause et de l'effet).


PS : Je ne suis pas certain que Kant distingue clairement 2) et 3). Cependant la cause n'est pas l'état initial A, ni l'effet l'état final B, c'est certain. Ils peuvent n'avoir aucun rapport avec ces états (déplacement d'un champ magnétique - création d'un courant), et cela laisse penser que, pour agir ainsi l'un sur l'autre il faudrait qu'ils disposent de schèmes intermédiaires.
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