Ce n'est pas le sens de ma remarque. Sur ce qu'est le devoir vous avez entièrement raison. Là n'est pas le problème. Mais comment peut-on juger du devoir d'autrui, ou plutôt qu'autrui agit bien par devoir ? Plus précisément, lorsqu'il s'agit d'hommes politiques, il devient très difficile de savoir si leurs prétentions sont fondées. Untel va affirmer que ce qu'il dit et fait ne relève pas de l'idéologie, de ses propres intérêts ou de ceux de son parti. Il dira qu'il agit par devoir, ce qui est le plus souvent lié à l'intérêt général. Or ce dernier existe-t-il ? Comment le connaître ? Les différents hommes politiques vont tenir le même discours, si bien que toutes les interprétations sont permises. Chacun agit (prétendument) par devoir, mais agit différemment. Est-ce que je peux détacher l'attitude du contenu qui l'oriente ? Puis-je dire, en dépit des idées opposées et de la question de la vérité, que Sarkozy et Hollande agissent par devoir ? Ou pour corser les choses : que de Gaulle et Pétain ont tous deux agi par devoir ? Puis-je dire que Robespierre a agi par devoir quand son attitude repose sur une croyance qui n'est pas forcément la mienne (croyance qui pourrait aussi consister à croire au bien-fondé de ce que l'on entreprend) ? Et je n'ai pas l'impression que juger d'après les résultats, voire l'adéquation des actes aux paroles, aide particulièrement puisque tout repose sur des interprétations opposées. (Cependant, n'allons pas croire que je me fasse le porte-drapeau du relativisme, j'essaie au contraire de comprendre si l'on peut trouver dans ce cas un critère objectif pour départager et juger. Vous me direz sûrement que le problème est très mal posé.)