C'est bien pour ça que je dis qu'on ne peut penser la substance de l'extérieur, donc hors de la nature, et j'affirme la même chose que ce que vous venez de dire. Je pointais la difficulté du projet spinoziste, puisqu'il s'agit de penser sous le mode de l'éternité (ce qui ne signifie pas l'instant ou la durée et ce qui implique, peut-être, mais vous me direz si je me trompe, l'ambition d'un surplomb sur l'objet de la connaissance, d'une position transcendante) ce que l'on ne vit toujours que comme partie du tout confrontée à d'autres de ses parties. On n'accède jamais au tout, lequel est par ailleurs infiniment créateur. N'y aurait-il pas quelque contradiction à penser une éthique, donc la pluralité des modes de l'être singuliers, et en même temps l'unité de ce divers auquel il se réduirait ? Je veux bien que Spinoza soit le grand penseur de la nature, mais encore faut-il savoir à quoi elle renvoie. Or ce qu'il y a de divin en elle, ce n'est pas le singulier, c'est peut-être l'Un, car c'est la substance qui a plus de dignité que ce qui en émane ou, tout en étant de l'être, n'est pas le principe créateur lui-même. Absolu que l'intuition intellectuelle ressaisit en toute chose et qui me rappelle Plotin (même si chez lui, au contraire de Spinoza, il y a transcendance radicale du Principe sur le principié) ou la théologie d'Aristote, voire Augustin. Le mysticisme c'est alors être initié à l'Un, au fait que le temps et la multiplicité sensible ne sont pas du non-être, mais participent de l'être lui-même, et qu'il y a "sous" la surface des phénomènes une seule et même chose, l'intuition de l'Un nous mettant alors en rapport avec l'éternité.
Dernière édition par Silentio le Lun 4 Fév 2013 - 12:15, édité 1 fois
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