Liber le Mer 22 Aoû 2012 - 9:31
Silentio a écrit: JimmyB a écrit: Il a qui, plus est, réussi à créer un système philosophique sans influence de la religion, ce qui est une prouesse à cette époque.
Ce n'est pas ce que disent Victor Brochard et Nietzsche, qui voient dans le système spinoziste de nombreux restes du judéo-christianisme.
Le premier grand philosophe à s'être affranchi du judéo-christianisme est Schopenhauer. On ne peut pas dire d'un philosophe qu'il est sans influence de la religion quand il écrit un livre où Dieu tient une place centrale. Certes, Schopenhauer a fait de la pitié chrétienne le fondement de sa morale, mais ce fut en toute lucidité et a plus à voir avec le bouddhisme, du reste.
Silentio a écrit: Desassossego a écrit: c'est l'idéalisme allemand qui a réveillé Spinoza. Au XVIIIe siècle il était complètement oublié !
Je ne crois pas. Rousseau s'en est certainement inspiré mais n'en dit rien à ma connaissance. Diderot l'a lu et s'en est inspiré pour son matérialisme vitaliste. Je pense à d'autres matérialistes comme le baron d'Holbach. N'oubliez pas Kant non plus.
Je suis en partie d'accord avec Desassossego, Spinoza, qui n'était pas du tout oublié au XVIIIe siècle, n'aurait pas eu la célébrité qu'il a aujourd'hui sans l'idéalisme allemand, par qui tout passait au XIXe siècle.
Desassossego a écrit: Spinoza n'a pas changé le monde comme un Descartes ou un Kant, mais il change un homme, cela est certain (peut-être est-ce pour ça que Nietzsche l'admirait tant ?).
Non, Nietzsche l'a admiré parce qu'il avait trouvé-là un prédécesseur avec qui il partageait des idées générales, une même orientation. Mais c'était finalement une façon de s'admirer et de se glorifier lui-même. D'où cette espèce de rancœur qui a mené Nietzsche à vouloir se distinguer le plus possible de Spinoza en critiquant ce dernier de manière assez basse je trouve (Spinoza trop Juif, trop chrétien, trop métaphysicien).
Il y a davantage dans la critique de Nietzsche envers Spinoza qu'une rancœur personnelle. Effectivement, le judaïsme est la clé de cette critique. Cela lui vient de Schopenhauer, qui ne cachait pas son antisémitisme. Spinoza n'était pas "trop juif", il était juif et cela suffisait à le rendre suspect aux yeux de Nietzsche, pour qui la décadence de la pensée occidentale a pour cause "l'idéal de la Judée". Pourquoi n'a-t-il pas critiqué Gœthe, pourtant admirateur de Spinoza ? Parce que Gœthe s'était tourné vers Rome et la Grèce. Pour Nietzsche, hors ces deux pays, tout le reste est teinté de judaïsme (surtout l'Allemagne et la France).
Dernière édition par Euterpe le Mar 9 Aoû 2016 - 12:05, édité 3 fois