Pour le faire repartir, je voudrais en reformuler l’enjeu en soulignant combien il est simple. Dans son livre : « Le Code de la Conscience », Dehaene expose une certaine théorie qui prétend expliquer comment le contenu de notre subjectivité se forme. Cette théorie est celle de l’espace de travail global. Pour elle la conscience émerge à partir d’algorithmes d’information (de calculs, pour parler simplement) au moment où, dans tout l’espace du cerveau, s’opère un travail d’intégration de ces algorithmes. Ce point de vue, cette thèse de Dehaene conduit à la problématique de départ : Le mécanisme d’intégration computationnel tel qu’il existe dans le cerveau et tel qu’il pourrait être reproductible dans un ordinateur produit-il ou non le quale de la conscience ?
Si c'est en effet comme vous nous y invitez, clément dousset, cette dernière question qui tendrait à porter par recherche d'analogies efficientes, matérielles, formelles et sur un même plan de définition, la nature de la conscience humaine et la fonctionnalité binaire d'un processeur informatique...
Il n'est pas étonnant de certains chercheurs, je pense à Geoffrey Hinton, Dan Nicolau, et surtout Yann Le Cun aient admis la possibilité performative d'autonomiser certaines fonctions programmatiques qu'ils nomment habituellement machine learning et deep learning...
Ce qui est notable, c'est que sans l'apport de bases de données continues, ou la mise en réseaux de certains capteurs d'informations bruts, comme la surveillance vidéo et satellitaires ou les relevés d'utilisation fine de la consommation électrique, etc., la fonctionnalité de ces programmes dits "autonomes" est assez vite limité, c'est pourquoi la phase suivante sera évidement de faire entrer "l'intelligence artificielle" dans une autre capacité de traitement de l'information, celle des ordinateurs quantiques, qui proposeraient une résolution des "problèmes" par des process ayant un taux de conductance augmenté et qui par là admettraient une singularité ressemblante à une conscience, si nous décidons de la définir comme un lieu énergétique d'un ordre d'information...
Et même dans le cas de l'avènement d'une telle "machine consciente", il resterait à lui proposer une direction à son activité, ou la laisser elle-même se diriger selon ce qui ressemblerait le plus au choix humain, c'est-à-dire la régulation de sa détermination, c'est pourquoi elle "choisirait" sa prolongation fonctionnelle, puisque c'est la contrepartie de ce qu'une conscience humaine recherche : sa survie.
A cette différence que le milieu de fonctionnement des machines n'est pas la nature, mais une extension de notre productivité, c'est aussi pourquoi dans certains scénarios cinématographiques, il se produit un affrontement pour avoir laissé échapper une forme autonome rivale de l'humain...
Ce qui ressort de la recherche sur la conscience en neurobiologie, n'est pas comme certains l'interprètent, la validation d'une délimitation fonctionnelle telle que l'abstraction ou (plus étrangement) l'inconscient, car justement pour la première, sa fonction (entendez son efficience et sa finalité unifiées) n'est pas constitutive de la conscience, mais participe comme d'autres fonctions à l'équilibre de toute la personne dans son milieu de vie...
est-il nécessaire de faire séparément une étude de l'abstraction en philosophie, pour parvenir à conclure que ce qui est saisie en conclusion des expérimentations en neurobiologie ne se recoupe qu'en partie seulement, celle qui permet de faire passer une information(entendu comme une part significative du réel) d'un état à un autre...
l'encodage tout comme l'ancrage qui sont des états fonctionnels aboutis de l'abstraction et que l'on trouve aussi bien(conceptuellement)dans un texte cognitiviste et dans une programmation informatique, sont-t-ils de même nature ?
une piste à suivre ?
Il y a eu depuis quelques années en neurobiologie et en psychologie cognitivo-comportementale une controverse au sujet des neurones miroirs, et pour confirmation, voici un court passage relaté par Florence Rosier et Publié le jeudi 14 mai 2015 dans le Temps : "Leur nom vient du fait que, comme dans un miroir, ils permettraient de se voir agir à la place de l’autre. Car l’existence d’un système analogue a été retrouvée chez l’homme… et le concept s’est emballé. Selon leurs hagiographes, ces fabuleux neurones seraient à la base de tous nos comportements sociaux, le langage, les conduites d’imitation et l’apprentissage, la compréhension d’autrui, l’altruisme et l’empathie, l’orientation sexuelle, les attitudes politiques, l’hystérie de masse, ou encore le bâillement, le tabagisme ou l’obésité. Mais aussi, en cas de dysfonctions, dans la schizophrénie ou l’autisme. «Ces cellules sont devenues la tarte à la crème de la psychologie», résume Jean Decety, professeur de psychologie et de psychiatrie à l’Université de Chicago.
En 2008, une étude publiée par le biologiste Harold Mouras et ses collègues dans la revue Neuroimage est même parvenue à « montrer » l’importance des neurones miroirs dans l’érection chez l’homme. De son côté, le dalaï-lama aurait été tenté de visiter l’Université de Californie à Los Angeles pour comprendre le rôle des neurones miroirs dans la compassion. L’art est aussi concerné: « Avec la découverte des neurones miroirs, les neurosciences commencent à comprendre ce que le théâtre sait depuis toujours », a déclaré le metteur en scène Peter Brook, comme l’indiquent Giacomo Rizzolatti et Corrado Sinigaglia dans leur ouvrage Les Neurones miroirs (Odile Jacob, 2008).
Patatras ! Voilà le mythe qui s’effondre. « Quelles sont ces miraculeuses cellules du cerveau humain capables de tout expliquer, de l’érection à l’autisme ? » s’étonne, non sans ironie, Gregory Hickok. Ce spécialiste des bases neurales du langage, professeur à l’Université de Californie à Irvine, a publié en août 2014 The Myth of Mirror Neurons (Norton & Company, non traduit en français). Ou comment démolir, à coups d’arguments étayés, les promesses abusives de ces cellules aux reflets trompeurs.
Pas question pour autant de remettre en question leur existence. «Le point clé est qu’il existe des codes neuraux communs à l’action et à la perception, souligne Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France. Dans le domaine du langage, c’est évidemment une condition nécessaire à l’existence de représentations partagées entre les différents locuteurs. »
« Le concept de neurone miroir reste très intéressant, poursuit Stanislas Dehaene. De nombreux scientifiques n’ont pas eu la naïveté de croire qu’il s’agissait de cellules miracles, tel le professeur Marc Jeannerod en France. Mais il est vrai que leur importance a souvent été exagérée. » Pour Jean Decety, c’est un euphémisme: «Le terme même de «neurone miroir» a favorisé cet engouement. Ces neurones jouent un rôle certain dans le codage des actions, les apprentissages moteurs et les associations sensori-motrices. Mais de là à les rendre responsables de la compréhension des émotions ou de l’empathie, ce n’est pas sérieux ! »
Pour ne pas allonger excessivement cette participation, je réserve pour plus tard une place réflexive sur la congruence possible par ce qui est induit dans l'effet miroir, c'est-à-dire l'inversion de la représentation axiale, entre la conscience humaine et la "conscience" computationnelle...
Car il s'agit de trouver (ensemble : voir le titre de cette participation) ce qu'est spécifiquement : l'abstraction, la mémoire, et le langage du corps humain...