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Origines de la philosophie(s) et mutations

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descriptionOrigines de la philosophie(s) et mutations - Page 4 EmptyRe: Origines de la philosophie(s) et mutations

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je dirais que l'initiative philosophique d'abstraire du réel de l'information objectivement vraie, en la recomposant dans un cursus phénoménologiquement subjectif qui est ensuite désignée comme vérité (voir l'approche de Paul Jorion "comment la vérité et la réalité furent inventées") a produit un certain glissement notionnel entre "vrai et vérité" et a favorisé la recherche quantitative de la preuve par le recoupement des qualités isolées donc « des contraires » en les opposants numériquement, notion de l’addition et autres opérations comme fonctions valides faisant la preuve du résultat…
 
de cette inversion du prima de la qualité sur la quantité, il n'en fallut pas plus pour que le cheminement de la pensée occidentale après quelques siècles de cette habitude à penser la qualité par la quantité d'informations convergentes, puisse inventer la méthode scientifique comme une théorisation par expérimentation de la preuve : élément vrai recherché dans la quantification cohérente réitérée d’un rapport ou d'une juxtaposition d’éléments extraits eux aussi quantitativement du tout…


Vous avez parfaitement raison. La grande "aventure" de la science occidentale se confond avavec celle de la quantification, donc de la mathématisation du réel au motif que "seules toutes les choses où l’on étudie l’ordre et la mesure se rattachent à la mathématique, sans qu’il importe que cette mesure soit cherchée dans des nombres, des figures, des astres, des sons ou quelque autre objet"(Descartes, Règles pour la Direction de l’Esprit, IV). De fait, cette "aventure" commence lorsque Galilée fait remarquer que "la science est écrite dans cet immense livre qui demeure en permanence ouvert sous nos yeux et que j'appelle "l'univers", mais qu'on ne peut comprendre si, préalablement, on n'apprend la langue et l'alphabet dans lesquels ce livre est écrit. Il est écrit dans la langue des mathématiques et son alphabet est constitué de triangles, cercles et autres figures géométriques, moyens sans lesquels il est impossible pour un être humain d'en saisir le moindre mot ; sans cela on tourne en rond comme dans un labyrinthe obscur"(Galileo Galilei, il Saggiatore). Elle s'achève, en quelque sorte dès la philosophie des Lumières, notamment dans la philosophie de la connaissance de Kant : "une science proprement dite [...] exige une partie pure sur laquelle se fonde la partie empirique et qui repose sur la connaissance a priori des choses de la nature. Or, connaître une chose a priori signifie la connaître d’après sa simple possibilité. [...] Ainsi, connaître la possibilité de choses naturelles déterminées [...] a priori, exige que l’intuition sensible correspondant au concept soit donnée a priori, c’est-à-dire que leur concept soit construit. Or la connaissance rationnelle par la construction des concepts, c’est la mathématique. En conséquence [...] une pure théorie de la nature concernant des choses déterminées de la nature n’est possible qu’au moyen de la mathématique [...]. Par suite, tant qu’on n’aura pas trouvé de concept se rapportant aux actions chimiques des matières les unes sur les autres, qui puisse se construire, [...] la chimie ne saurait être qu’une pratique systématique ou une théorie empirique, mais jamais une science à proprement parler"(Kant, Premiers Principes Métaphysiques de la Science de la Nature, IV, 470) (cf. à propos de Kant, mon cours qu'apportent les Mathématiques aux Sciences?). 

Depuis, nihil novi sub sole. Il n'est pas jusqu'à la physique quantique, pourtant très critique à l'égard de la méthodologie scientifique héritée des Lumières, qui n'ait consacré le principe de la mathématisation/quantification du réel : "il n’y a aucune observation possible de la forme d’un atome, ce ne sont que des formules mathématiques"(Schrödinger, Physique Quantique et Représentation du Monde). C'est Wittgenstein qui, le premier parmi les philosophes mathématiciens, a commencé à désacraliser la mathématisation scientifique du réel (Nietzsche l'avait déjà fait avant lui, par malheur, il ne connaissait rien aux mathématiques) en disant que "les mathématiques sont un phénomène anthropologique"(Wittgenstein, Remarques sur le Fondement des Mathématiques, 399) et en avançant l'idée d'une sorte d'idolâtrie de la précision : "le tampon de l’incontestabilité est en quelque sorte officiellement apposé sur les propositions mathématiques ; disputez de ce que vous voudrez, ce qui est mathématique, on ne peut pas y toucher"(Wittgenstein, de la Certitude, §655). Et ce, en raison du lien très étroit qu'entretiennent science et technologie dans la culture occidentale : "une des choses les plus importantes pour une expérimentation en physique, c’est qu’elle doit marcher, qu’elle doit nous rendre capable de prévoir avec succès : la physique est liée à l’art de l’ingénieur, le pont ne doit pas s’effondrer"(Wittgenstein, Leçons sur l’Esthétique, II). Du coup, si on défait ce lien entre science et technologie, ce qui est le cas dans la plupart des civilisations différentes de la nôtre, tombe aussi le paradigme d'une connaissance idéalement assimilée à un jugement de vérité faisant suite à l'expérimentation d'une hypothèse mathématisée. C'est le cas dans les civilisations antiques pré-helléniques (Babylone, Sumer, Egypte) mais aussi dans la culture chinoise traditionnelle, dans tous les cas, très riches en inventions technologiques (rappelons que les Chinois ont découvert, entre autres choses, le verre, le papier, l'imprimerie, la poudre à canon, la boussole, etc.) mais dont la connaissance ne présuppose, ni la notion de vérité, ni, a fortiori, celle de vérité corroborée par une expérimentation mathématisée. 


Pour certains anthropologues, l’écriture des nombres est même antérieure à l’écriture des lettres, mais aussi associative des deux dans la pensée juive par exemple qui d’une tradition talmudique (Shi‘ur qoma – Mesures du corps [divin]) jusque dans la quête kabbalistique (Sefer Ha Zohar, « Le Livre de la splendeur ») a posé une parité entre lettre et chiffre comme recherche de l’harmonisation du Tout selon Charles Mopsik : « La Bible est un document chiffré, au sens où ses récits ne sont qu’un voile qui cache un système de pensée et un savoir très précieux portant sur la structure du monde, de l’homme et de Dieu » ‘La Cabale (synopsis)’…

La notion du « chiffre » qui est employé comme mesure et cryptographie du réel, était aussi pour les pythagoriciens la voie de connaissance « infaillible » si l’on se reporte aux lois de l’univers par les sons, (musique des sphères) aussi simplement que dans les mesures des cordes d’une lyre la variabilité des sons est exact, (si toutefois on se réfère à la même qualité de cordes et de bois de la lyre)…



Disons qu'il ne faut pas confondre mathématique, calcul et mesure d'une part, chiffrage et quantification d'autre part. D'abord, et Kant le premier en conviendrait, "les mathématiques construisent des concepts et les concepts servent à la compréhension : ils correspondent à un traitement déterminé des états de choses du monde […]. Celui qui sait une proposition mathématique ne doit encore rien savoir, car la proposition mathématique ne peut fournir qu’une armature pour une description"(Wittgenstein, Remarques sur le Fondement des Mathématiques). Les mathématiques sont une manière de raisonner : "nous apprenons les mathématiques en nous exerçant à une impitoyable précision"(Wittgenstein, Remarques sur le Fondement des Mathématiques, 4) et ne se réduisent donc ni au calcul a priori, ni à la mesure a posteriori. La preuve, c'est que nous savons fabriquer des machines à calculer et des machines à mesurer, mais, à ce jour, je ne sache pas qu'il existe de machine à faire des mathématiques. Par ailleurs, si toute quantification (calcul ou mesure) est, par nature, chiffrée, tout chiffrage n'est pas quantification. Rappelons au passage que le terme "chiffre" signifie, à l'origine, code secret, figure ésotérique (d'ailleurs, en anglais, "chiffre" se dit figure) : dans l'armée, l'officier du chiffre s'occupe, non pas de l'intendance, mais du codage des messages. Et, comme vous le soulignez, la numérologie occupe une place importante comme activité mantique (liée à la divination) dans certaines cultures dont, effectivement le pythagorisme et la Kabbale juive, mais aussi dans la civilisation chinoise traditionnelle. Donc, si vous voulez, les chiffres possèdent aussi un important aspect qualitatif, de sorte que l'idolâtrie moderne et typiquement occidentale pour le chiffrage (il n'y a pas un politicien sérieux qui n'avance "des chiffres" !) est loin d'être une preuve, premièrement de scientificité, et, deuxièmement, d'adéquation de ce qui est dit avec le réel.

Dernière édition par PhiPhilo le Mar 9 Fév 2021 - 16:09, édité 1 fois

descriptionOrigines de la philosophie(s) et mutations - Page 4 EmptyRe: Origines de la philosophie(s) et mutations

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Grandement merci PhiPhilo pour le déploiement de lisibilité magistrale autour de la logique mathématique qui, vous avez raison doit être distinguée de la logique algébrique et arithmétique, je vous cites : « Par ailleurs, si toute quantification (calcul ou mesure) est, par nature, chiffrée, tout chiffrage n'est pas quantification », j'aurais dû écrire numération qui est plus universelle et inclus plus adroitement les nuances logiques de la quantifiabilisation conceptuelle (néologisme assumé)...  
 
Je poursuivrais donc et refermerais cette enclave par ceci : 
  
Si le rapport qualité quantité dans les quatre opérations de base en arithmétique, correspond aussi aux quatre notions abstractives d’une intelligence qui se positionne en capacité d’établir une possible correspondance entre des réalités distincts et signifiante selon leurs « valeurs respectives »…
 
Excursus :  Rappelons que ce mot valeur à l’origine du latin valor, dérive de valere « être fort » et qui à prit quatre sens qui dans l’évolution/mutation de la pensée, est passé de la qualité d’homme fort (valeureux comme unité corps/esprit), puis comme valeur morale, donc ne garde que la qualité reconnue de l’esprit d’une personne qui réitère vertueusement sa conduite (réitère : première entrée de la quantification dans le donné qualitatif), puis comme une juste utilisation des termes que l’intelligence pose comme une ou d'un rapport, base fixe à ses opérations, la valeur d’un son ou d’une couleur devenant des références mesurées universelles, la quantification devenant première sur la qualification par un « proto-encodage » de telle qualité mesurée et stabilisée par un chiffre, puis le dernier dans les mathématiques comme mesure d’une grandeur X qui devient une qualité de la quantification sans aucune référence à une réalité physique directe… 

une cinquième acception de la valeur existe aussi dans le langage programmatique, comme contenu d’une variable ou d’une constante, et là c’est un usage de la valeur comme disponibilité d’une fonction, ou plus exactement une nouvelle qualité de fonctionnalité propre à la découpe binaire de l’information…(voir toutes les implications de ce nouveau champ d’acception de la valeur dans la recherche d’automatisation/autonomie de l’IA)
fin de l’excursus
 
Donc si la pensée dans son effort d’abstraction, recherche et utilise « des raccourcis conceptuels stables et universels » entre la qualité et la quantité, pour donner de la signifiance à un rapport ou à une causalité directe ou encore à la fonction de singularité de telle réalité, l’opération mentale de l’addition, de la soustraction, de la division et de la multiplication se trouvent juste à propos ou plus précisément intégrable comme fonctions…
 
Et même si il n’apparaît aucun nombre naturel dans l’exposé d’une pensée, le déroulement logique de tel ou tel auteur peut suivre prioritairement l’une des quatre opérations, ainsi en progressivité de la complexité d’une intelligibilité, la nécessité de maintenir une logique d’appartenance et de modularité du sens de tel concept vis à vis de tel autre, peut passer par une des quatre opérations mentales simples, sorte de « gestion assurée de la qualité de raisonnement » par une gestion quantitative de ses occurrences logiques, car de la nécessité de rendre communicative une pensée par le langage donc par la cohésion des significations, la cohérence interne du sens cherche toujours la cohésion "la plus parfaite possible" comme le résultat d'une opération…
 
Comme Spinoza par l’analogie récurrente de son abstraction additionne ce qu’il trouve correspondre conceptuellement à une hiérarchisation des valeurs du monde à partir des attributs divins
 
Comme Kant par l’exposé différentiel de la raison pur et de la raison pratique soustrait l’une de l’autre dans la recherche de la stabilité du « devoir moral » devient un résultat : la valeur en soi de l’impératif catégorique à partir de l'impératif hypothétique…
 
Comme Hegel pour qui la dialectique aboutissant à une synthèse validée comme le quotient d’une division, lui permet de trouver/prouver que la divisibilité logique des segments de la pensée a et est une raison d’être ultime dans l’esprit absolu comme valeur esthétique, historique et religieuse
 
Pour conclure et donc refermer cette enclave, l’on pourrait dire aussi que les événements s’additionnent, se soustraient, se divisent et se multiplient dans une complexification du monde que la pensée des philosophes réfléchissent comme des saillances, et comme les artistes dans leur productions artistiques transcrivent leur époque, et en projettent une nouveauté, les philosophes font de même en ramenant cette complexité à une valeur (voir plus haut) , tant :  conceptuelle qu’éthique, politique qu’idéologique, systémique que pratique…
 
 
 P.S si il manquait un exemple de philosophe représentative qui utilisa une logique conceptuelle ayant assimilé l'opération de multiplication, l'on pourrait nommer Marx qui par le matérialisme historique positionne la répartition des productions comme une logique multipliant la valeur de l'ouvrier par la valeur de sa production...du moins cela semble être une possible synthèse du marxisme à l'œuvre dans l'histoire...

descriptionOrigines de la philosophie(s) et mutations - Page 4 Emptyla question de "l'information" comme singularité de la pensée...

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 ...peut être que la philosophie qui recherche à penser et à dire le vrai du réel a besoin d'une théorie de l'information, celle-ci tout en étant parcellaire aura quand même je l'espère de l'utilité dans la question plus générale des origines de la philosophie(s) et mutations...



(ma* )….. Théorie de l’information.
 
 
* Individuelle car essayant d’avoir en un seul acte : un descriptif, un interprétatif, un explicatif et un prospectif, qui ne tendent pas à l’universel mais voudrait dire une vision verticale de l’information saisie dans ses lieux et temps propres…
 
Sommaire :
Avertissement
I - l’information vu comme cause universelle du mouvement de la matière 
II L’information vu comme premier moment de dissociation de la vie biologique : exo-somatisation .
III l’information vu comme unité de la forme en acte 
IV s’informer et informer : le besoin et l’envie primaires
V singularité de l’information pratique ou/et théorique : vers une appartenance et/ou une dépendance
VI l’oubli et la réactivation de l’information : le langage
VII compensation du manque d’information : imaginaire versus mémoire
VIII le risque de perte d’informations par la généralisation : problème spécifique de l’orthographe stabilisant la signification de la définition
IX la restriction symbolique de l’information : le concept
X les ensembles de cohésion des informations : les intelligibilités 
les excursus
 




A v e r t i s  s e m e n t  : cette proposition de théorisation de l’information ne doit pas être lu comme une réduction phénoménologique telle que Husserl l’aurait pensé dans la loi de constance et de corrélation des savoirs, en effet pour ce courant philosophique, la chose en soi a quelque chose a livrer par elle même, et son époché ou « réduction transcendantale » devient la seule voie infalsifiable du discourt sur le monde…
 
Ce ne sera donc pas non plus une évaluation théorique de l’information par l’explication des lois physiques, biologiques, cognitives, sociétales ou informatiques, car il ne s’agit pas d’extraire une partie du réel, de la soumettre à certaines analyses et enfin de postuler des conclusions partielles sur sa réalité, sa composition et sa dynamique, cela est une autre forme d’intelligibilité…
 
Ce qui est en question ici, c’est avant tout un report de connaissance que nous pouvons collecter par recoupement des causes de notre propre singularité, un essai adductif d’abstractions (d’où la relativité du « ma » pour désigner ce travail)  qui restitue : chaque élément dans une suite de cohésion cohérente, partant de 1/ l’éventualité d’un contact, passant par 2/ la saisie limitative de l’objet par le sujet et enfin posant 3/ une direction à suivre dans la conjonction du diverse dans le multiple
 
ces trois « moments d’intelligibilités » convenant à la matière, à la vie et à la pensée, tout comme à la société présente et future…
 
I - l’information vu comme cause universelle du mouvement de la matière :
 
a)    Si nous disons que la matière est en mouvement, c’est que la part d’échange énergétique qui provoque et accompagne sa répartition dans l’espace est une source d’informations pour la singularisation des corps composés de cette matière, le mouvement est alors prédisposé à telle ou telle direction, et c’est cela que l’on pourrait nommer «les causes informatives du mouvement de la matière »( voir d)…
 
b)   De plus si nous acceptons que le mouvement de la matière soit unifié de quelque manière que se soit (voir les quatre forces 1 ) et soit en perpétuel équilibre de ses parties dans le tout (mécanique quantique des fractales, comme le sera la charge électromagnétique de l’électron ou l’intrication quantique des protons dans la photosynthèse par exemple ) qui unifierait et qui seraient identifiées comme unités informatives premières, alors l’on recherche la cohésion et la néguentropie de conduction physique de la matière, la singularité de l’information qui devient le pivot de toute l’orientation de la répartition dans son lieu…
 
c)     Pour s’en rendre compte, il faut comprendre en quoi l’interactivité des corps passe par des zones de complémentarités et des zones de séparabilités alternatives, et que la fréquence de ce passage est justement liée à l’information singulière disponible, c’est une sorte de conflagration du temps et du lieu dans la limite possible d’une unité informative, (voir III a )…
 
d)   Ainsi les causes informatives du mouvement de la matière sont donc les premiers contacts immédiatement issus de son caractère de séparabilité, là où la qualité est admise comme immédiate et distincte dans une quantité, ce moment premier de l’information que la physique et la biologie recherchent, est donc le lieu de la limite entre la qualité et la quantité, lieu imperceptible par notre intelligence bien que nous soyons continuellement en sa présence…
 
e)    le premier lieu d’existence de l’information comme cause universelle du mouvement de la matière c’est le transitoire de l’information en ce qu’elle génère elle même son lieu par les limites respectives des corps qu’elle réalise, autrement dit, pour connaître le premier lieu de l’information il nous faudrait saisir ce qui dans telle limite entre deux corps physiques est à l’origine de sa singularité informative, ce serait donc connaître immédiatement (en temps réel) la place exacte de la partie dans le tout (impossibilité)…
 
f)    La dernière saisie limitative de l’information comme cause universelle du mouvement de la matière serait de postuler son immobilité comme une proto-information intracée, (le vide quantique des physiciens) cela pourrait être une forme d’exemplarité (singularité du T0 de Planck) qui tiendrait en elle une densité totalement infini, considérée alors comme le résumé de toutes les échelles de dispersion de l’énergie, de la gradualité ontique et surtout de sa composition première en espace/temps, sorte de première qualité sans quantité, ou plus exactement comme qualité unificatrice de toutes les autres (voir ch. X)…
 
II – L’information vu comme premier moment de dissociation de la vie biologique : exo-somatisation .
 
a)    C’est la prime distinction du temps et du lieu comme mouvement vital, car la vie est mobile par ce premier déplacement d’informations par durée et contact d’intégration d’un corps en son milieu de vie, qui génère une dissociation entre certaines parties du tout matériel réorganisées en corps vivants, ou dit autrement l’information individualise le diverse par le multiple…
 
b)   L’identité de nature de tel vivant singulier, saisie dans ses catégories spécifiques et sa propre ontogénie propose une délimitation de l’information comme ce qui singularise l’individu dans son devenir, car c’est dans l’accumulation centralisée des limites évolutives, que l’information « de la matière organique » devient la nécessaire transduction entre les formes individuées de la vie…
 
c)    De cette dernière proposition, certain-es ne voient la vie que comme une suite d’informations spécifiques de la matière prédisposant la singularité individuelle à devenir un transmetteur passif de son patrimoine génétique, mais comme il y a aussi une part active dans cette transmission, il serait plus juste de voir la vie comme un état transductif de la singularité, ce qui permet aussi d’expliquer l’importance de l’épigénèse et surtout son caractère d’irréversibilité…
 
d)   Puis dans le caractère de modularité de l’information, il y a aussi le rapport entre l’intensité et la régularité du message informatif pour le vivant singulier, de ces deux dimensionnements qui se trouvent dans le contact corps/milieu et corps/corps , nous pouvons voir la naissance de la sensibilité corporelle et de l’autonomisation physiologique (évolution des organes internes et des organes des sens) cette naissance est en effet une évaluation de l’intensité et de la fréquence du contact dans une modulation propre à unifier tous les vivants…
 
e)    C’est ce mode de déploiement vital des corps dans le milieu et des corps les uns par rapport aux autres qui préside à une complexification de l’information biologique évolutive, ainsi nous voyons s’esquisser la forme cinétique et cyclique de la vie puisque de l’information naît l’information en redistribuant à chaque génération sa part évolutive…
 
f)    Enfin nous retrouvons l’information dans la singularisation du sujet apte à communiquer, car c’est un dernier saut évolutif qui fait passer l’individu communiquant chimiquement avec son environnement à l’individu communiquant phoniquement, que se soit par cris, chants ou langages articulés, pour le geste comportementale qui est aussi un mode de communication codifié comme le langage, il est juste après l’émission et la réception chimique, le plus parfait centre d’évolution de la transductivité pour la singularisation de l’individu face à son milieu et aux autres individus…
 
 
III –  l’information vu comme unité de la forme en acte :
 
a)    Si il semble un peu facile de voir l’information comme une unité en acte dans la forme singularisée, il est plus ténu de la voir comme unité de la forme en acte, car même si l’on remarque que l’information peut devenir un point itératif de congruence dans un système clos, lui donner une « valeur de qualification sans quantification (a) » de la forme en acte, donc la conduire à son unité, n’est pas si simple ; en effet si l’information synergétique est une phase de néguentropie organique du vivant, elle suggère aussi que son entropie soit maintenue comme zone de reconduction des éléments sous une forme évolutive (b)…
 
b)   Puisque l’information biologique est en puissance d’organisation ( probabilité de fréquence supposée constante de Shanon), l’on admettra qu’elle préside à la distinction entre l’unité et l’union puisque sa principale qualité est la singularité, et que cette dernière est l’état immédiat de la forme actualisée, ou dit autrement, l’information biologique porte en elle même la potentialité de l’actualité de l’individu dans son unité et par son union avec les autres individus  et dans son milieu de vie…(l’unification et l’union comme actes conjoints dans le principe d’individuation, voir le ch. IV )
 
c)    De même si l’information est cause et effet de la trans-individuation, (comme le suggère là aussi  G.Simondon), elle est un moyen-terme transductif qui aligne la diversité des singularités dans la multiplicité des opérations inhérentes à l’évolution de tel groupe, et si c’est la démarcation des groupes entre eux qui devient alors cause d’informations, l’union entre les groupes devient donc elle même la cause de leur unité respective…
 
d)   Dans cette unification en groupes, l’information pose donc aussi la possibilité d’une finalité (commune ou pas) car aucune distinction de principe (comme un concept) ou de distinction réelle (comme un corps) n’existe sans qu’elle ne se prolonge vers une stabilité singulière, et si cette dernière est nécessairement transitoire elle est aussi irréductiblement irréversible, la singularité de l’information révèle donc la finalité du groupe qui la partage en stabilisant son devenir…
 
e)    La forme en acte, ici vu comme un groupe partageant les mêmes informations unitives (espèce ou constitution nationale), ou comme un corps unifié par une même qualité d’information (ADN) semble être toujours en recherche de sa perfectibilité, dit autrement l’information au pluriel (quantification différentielle : la multiplicité biologique) ou au singulier (qualification de la singularité: la diversité biologique) convergent par la même dynamique, c’est le caractère diffusif de l’information dans son expansion entropique qui admet la stabilité unitive de la forme en acte dans sa recherche de perfection…
 
f)    De là, la fréquence de régularité du mouvement d’échange des informations est une perfection de l’acte qui atteint sa fin, si il est cyclique se sera par exemple la successivité des générations du vivant, si il est spiraliforme se sera par exemple l’évolution épigénétique des espèces, mais toujours passant par la régularité de l’unicité et de l’unification, ainsi les corps vivants sont eux-mêmes des fréquences de singularité (c)…
 
IV – s’informer et informer : le besoin et l’envie primaires
 
Si l’union est une manière d’informer et si s’informer relève d’une recherche d’unification, ces deux mouvements naturels, acceptés comme activités biologiques, semblent bien être les deux finalités respectives de l’envie et du besoin, car L’ENVIE signale par de l’information relationnelle du premier degrés (a), qu’une recherche de perfectibilité est à l’œuvre par l’union avec les autres individus ou avec une réalité du milieu de vie ; Tout comme pour le BESOIN qui fait que le corps s’informe dans une recherche de perfectibilité nécessaire (b), manifeste la stabilité unitive de ce corps par la respiration, la nourriture/boisson et le sommeil, et de ce point de vue aussi la reproduction étant un mixe entre l’envie et le besoin, tient autant de l’unité que de l’union (c)…
 
a) En effet il y a plusieurs degrés dans la relation informative, et l’envie, qui est la réalisation de la tendance, manifeste le premier mouvement de libération pour l’autonomie du vivant à partir de ses besoins…
b) La recherche de perfectibilité, vu ici comme instinct de survie biologique, manifeste le besoin d’autonomie et ramène ainsi de ce fait chaque envie du corps et  de l’esprit dans le réalisme de la dépendance au tout…
c) Puisque l’unité respective de chaque individu (male ou femelle) tend par leur union à une nouvelle unité qui sera leur progéniture commune…
 
Aparté : de se fait le caractère infra-directionnel de l’information actualisant les envies et les besoins peut subir une distorsion, car l’information est soumise à une transductivité non-linéaire, dans le cas de l’envie qui est un état transitoire de la conscience qu’un bien est possiblement accessible, la distorsion sera par exemple : la confusion entre le partage et l’échange, qui donnera une fausse justification pour interpréter et même pour contraindre « l’autre » ou « l’objet envié » à n’être qu’une partie dissociable et donc utilisable comme objet et plus du tout dans une relation/lieu d’échange/partage (avec l’ami-e ou le milieu de vie) voir au plan politique dans l’oubli de  la reconduction d’un bien avec la nature comme le voudrait le développement durable (très insuffisamment)…
 
de même que dans le cas du besoin qui est un état itératif que la conscience admet comme nécessaire à l’intégrité continuelle de la vie, une distorsion peut advenir dans la surévaluation du nécessaire, confusion alors entre quantité et qualité qui fait que l’on recherche à manger d’avantage à la place de manger mieux, à dormir plus sans rechercher à dormir mieux, à respirer au travers d’un masque en ne recherchant plus les causes de pollutions ou de dérèglement de la circulation des individus etc.
 
une autre distorsion de l’information dans la recherche des besoins comme acte de s’informer (consommation des idées et des éléments nutritifs) peut en se fragmentant produire aussi une séparation dans l’unité vitale du corps, nous touchons là à une des causes sous-jacentes des cancers et des dépressions qui tiennent à la fragmentation de l’information et à une nouvelle évaluation contre la vie du corps lui même…
 
fin de l’aparté.
 
Dans le vécu humain l’expression : « le sentiment est à l’envie ce que la sensation est au besoin » tendrait à mettre un ratio entre ce que le sentiment permet comme distance d’appréciation naturelle pour atteindre sa fin qui est d’informer les autres, et de son coté la sensation permet aux besoins de s’effectuer naturellement dans la juste disposition du corps à son milieu, donc dans la meilleur distance entre la qualité et la quantité de chaque besoin pour que le corps intègre de l’information sous forme d’air, de nourriture ou de repos ( a)…
 
mais il y a aussi une autre manière de comprendre cette expression, c’est de postuler que le sentiment/envie soit un déploiement vital de l’individu, comme la sensation/besoin est un partage des biens matériels (air, nourriture, repos) dans cette option, le sens de la parité envies/besoins et sentiments/sensations restitue le fait que c’est à partir de la ré-part-ition de la matière qu’un déploiement vital est possible, et même que ce sera dans l’intégrité des besoins que les envies pourront « naître » (b)…
 
L’information spécifique que le sentiment génère sera donc dépendante de ce que la sensation propose, et donc que l’envie ne pourra être un élan d’informer les autres et le milieu qu’à partir d’une stabilité issue des besoins du corps de s’informer lui même, car la vie pour se déployer doit nécessairement passer par le partage et l’échange d’informations matérielles (c), la reproduction comme élan vital étant dès lors l’unité entre le besoin et l’envie, le sentiment et la sensation, un partage de matière dans le déploiement de la vie…
 
a) En effet par ces trois dépendances fondamentales pour l’équilibre continue de la vie du corps, une certaine quantité d’informations devient une exacte qualité de vie…
b) l’expérience nous en donne la primeur, dans l’évidence de la santé vitale pour nous prolonger dans certaines envies naturelles, tout comme le conditionnement actuel du corps (manque de sommeil ou de nourriture) valide ou invalide certaines fonctions comme la marche ou la pensée…
c) Passage de l’ordre générique à l’ordre de perfection…
 
V – singularité de l’information pratique ou/et théorique : vers une appartenance et/ou une dépendance
 
Si nous distinguons l’information théorique de l’information pratique comme une appartenance distinct d’une dépendance, c’est que l’information pratique est une possession par notre agir, donc une appartenance, alors que l’information théorique nous possède quand que nous agissons par elle (comme la règle à appliquer) donc elle est une dépendance, cela nous conduit donc à voir dans le savoir pratique le lien de l’appartenance comme un effet et pour le savoir théorique un lien de dépendance comme une cause…
 
Il y a aussi une troisième singularité de l’information qui re trouve dans l’usage itératif, dû au fait que la saisie de l’information produit un « écho translatif » une sorte de ayant déjà intégré l’information sous une correspondance logique de signification, l’usage itératif nous en livre à chaque nouveau contact une nuance translative comme actualisation en temps réel de son sens…
 
Car le sens de l’information si il n’est pas fixé définitivement, se sur-qualifie des multiples échos que la translation produit, en rendant tel concept toujours plus précis dans un ensemble de relations signifiantes, aidez à cette précision par simplification des diverses significations en vu d’un sens commun est une recherche de lecture verticale des strates gnoséologiques…
 
Dans cette direction, le savoir pratique qui se ramifie dans des appartenances, c’est-à-dire dans une maîtrise physique du corps en acte par le travail de telle ou telle matière, réifie les informations pour leurs donner une successivité fonctionnelle, ce sera l’émergence des processus de fabrications qui se recoupent tous en des points de satisfaction du geste, le corrigeant éventuellement…
 
Dans cette direction, le savoir théorique qui est une dépendance informative faisant succéder les points nodaux de la compréhension, ouvrira aussi au questionnement car toute théorisation implique que le champ de cohérence reste ouvert à une perfectibilité, qui est comme son équilibre interne entre le connu/inconnu et l’inconnu/connu en tant que continu à parfaire (découvrir)…
 
Si le savoir pratique se réforme plus régulièrement que le savoir théorique c’est enfin parce que la zone de contact avec le réel du monde où se prolonge le premier est lui même en mouvement de cohésion du corps en son milieu et avec les autres, alors que pour le second, une certaine inertie du savoir conceptuel provient d’un autre mouvement, celui de la pensée qui est contraint par une cohérence d’éléments plus éparses et surtout soumit à l’incontournable nécessité de la communication (les informations collectives des langages)…
 
VI –  l’oubli et la réactivation de l’information : le langage
 
Sous une expression bien connue : « Le langage dans la compétence de chacun est la valeur de tous », nous pourrions regarder ce qui procède dans l’intelligibilité propre de tout langage en terme de valorisation de l’information, car c’est dans une circonvolution sémantique que la singularité de l’information trouve sont déploiement comme c’est aussi dans la circulation dans son milieu de vie que le corps trouve les éléments nutritifs de sa survie…
 
Car il y a toujours dans l’entropie de l’information une notion d’oubli et donc de nécessaire réactivation de sa translation par le langage, ce sera par la néguentropie du langage que le savoir commun passera de bouche à oreilles, de conscience en conscience, mais aussi de livre en livre, de métadonnées en métadonnées etc.
 
Mais si nous voulions rechercher la cause du langage, nous devons voir toute la diversité des situations humaines en consultation avec cette réactivation de l’information par suite de l’oubli inhérent à sa translation, puisque le principe du langage est justement de garder actif un savoir substitutif de la mémoire collective et individuelle (a)…
 
Ainsi la causalité du langage se retrouve en ce qui est délimité par la situation de la personne à partir de sept questionnements :
 
1 l'appréhension sensible propre (les cinq sens) permet-elle au langage de passer de la singularisation du phénomène à la saisie d'un universel, et cela par le mimétisme social de la définition ?
 
Oui si c’est bien l’appréhension phonique du son ou la vue du mot qui permet au langage de lier ensemble  tel concept à tel objet, il doit passer par une forme contraignante que l’on pourrait nommer « mimétisme social », origine de la diversité des langues et des dialectes, des expressions et des figurations, car le langage comme substitue de la mémoire doit être une formes évolutive et fixe en même temps, ce que procure justement le mimétisme social en renvoyant les échos translatifs dans l’usage itératif des significations (vu plus haut en V)…
 
2 les sensibles communs permettent-ils au langage de passer de l'expérience individuelle à une mise en commun culturelle ?
Oui là encore, si le langage est une translation de la sensation ressentie de l’expérience individuelle dans une reconnaissance culturelle du groupe, et donc une sorte de passage par lequel ce qui est déjà synthétisé par la conscience comme des points stables du réel, en gros les dix catégories aristotéliciennes : substance/situation temps/lieu, action/passion, qualité/quantité, possession/relation, (l’accident et du continu étant à part)…
 
Si il faut les mettre en binôme dans cette liste, c’est que leur saisie singulière est particulièrement évidente dans l’expérience du langage qui les a joint cognitivement, ainsi toute substance est mieux définie dans le langage en vise à vis, ainsi la substance/forme individuée en situation, le moment dans un lieu, l’action en miroir de la passion (acte et puissance), cette qualité par telle quantité, un avoir relativement à autre chose (voir ch. IX)…
 
3 les émotions permettent-elles au langage de passer de l'incomplétude du vécu, au sens de la rencontre avec les autres ?
Oui si nous convenons que le langage dit ce que la conscience consent et ressent au contact du réel vécu comme rencontre avec les autres en faisant sens dans l’échange d’information, c’est-à-dire que le langage complète l’émotion dans un échange qui ne resterait qu’un ressenti, sorte de désert introspectif stérile (si cher à la psychologie) de ne pouvoir s’épancher…
 
4 les passions permettent-elles au langage de passer de l'attente à l'expérience du moment d'échange dans la relation ?
Pareillement oui si nous sommes dans le désir (à ne pas confondre avec l’envie) c’est que l’attente d’un bien est tendue, c’est-à-dire en relation concrète d’échange avec l’autre comme autre, car la passion n’existe que par l’atteinte de notre conscience par des informations qui lui donnent en réaction un pâtir, l’amour est passion dans ce sens ou le langage est le lieu de passage de la déclaration sentimentale, sorte d’échange d’un consentement mutuel d’une même information…
 
5 les intentions permettent-elles au langage de passer de la connaissance de l'autre au don d'un conseil ?
Oui si le don d’un conseil qui est la matérialisation d’une intention de l’intelligence à pourvoir au bien de l’autre, véhicule l’information par le langage (voir un geste ou la présence) est l’adéquation entre la connaissance que nous avons de l’autre, de son bien, et du moyen d’y parvenir (le conseil est une voie de réalisation possible).
 
6 la réflexion permet-elle au langage de passer de la saisie du vrai au partage des vérités, et de manifester l'accord et le désaccord ?
Là encore, si l’information véhiculée par le langage est une réflexion originée d’un vrai de l’intelligence, le partage/échange de vérités conduira à manifester un accord ou un désaccord, mais si le(s) langage(s) génère(nt) lui/eux même-s des rapports logiques de significations vraies, cela ne suffira pas à s’accorder sur des vérités communes, et cela pour trois raisons :
1/ parce que le concept est une stabilisation de la complexité pensée par tel être à tel moment en tel état (corps/esprit) et qu’il est presque impossible que deux êtres se trouvent dans le même moment/état. (c’est pour cela que le langage est inventé, par s’accorder à peu près dans le temps et en un lieu commun)
2/ parce que le prédicat informatif qui sert au langage pour passer du sens de la pensée à  la signification des mots est propre à chaque individu, en effet la construction syntaxique du langage ne recoupe pas exactement le cheminement de la pensée comme mouvement continu de l’inconnu au connu, ainsi le contenu du langage, « sa clause » n’est qu’un résumé approximatif de la pensée puisque dans l’ordre naturel de la formation de la pensée précède tout  langage. (sauf pour certaines intelligences vident qui ne font que « résonner » par les mots) 
3/ et le plus important, c’est que le langage est évolutif selon le partage d’informations signifiantes alors que la pensée propose des signifiés, tout le monde sait maintenant que le report du signifiant sur le « signifié » en linguistique est métalogique, c’est-à-dire qu’il réifie quantitativement, par phonèmes logiquement cohérents ce que la pensée produit qualitativement comme distinction idéelle, autrement dit, entre le concept qui est l’empreinte d’un contact (plus ou moins net) avec le réel, et l’information véhiculée dans le langage qui est une copie du concept, la perte de sens dû à une différence ontologique, interdit de voir entre pensée et langage une équivalence isomorphe…(ceci vaut aussi et encore plus pour le langage mathématique voir ch. X)
 
7 la mémorisation permet-elle au langage d'établir une correspondance entre les représentations respectives des individus d'un même groupe ?
Oui si le langage reste dans une position de transmetteur d’informations provenant de la pensée émettrice, car elle même a déjà dû, pour saisir le sens du réel à communiquer, formaliser imaginativement un concept mnémotechnique pour construire son discours, la réception ne garantie pas la totalité des informations du locuteur, mais permet néanmoins qu’une certaine correspondance « de sens » entre les individu d’un même groupe soit effectuée, le langage est donc dans ces cas là réellement un substitut de la mémoire…(mémoire collective des significations) 
 
VII – compensation du manque d’information : imaginaire versus mémoire
 
a)    Si la première qualité de l’information est sa singularité, comme élément de différentiation des corps et des esprits, l’on comprend que sa deuxième qualité sera la translation dans le lieu, indissociablement transitoire dans le temps, et puisque chaque singularité est une forme de stabilité en recherche de perfection, l’on pourrait dire que par manque d’informations, la mémoire est le lieu de la translation comme l’imaginaire est le temps du transitoire…
 
b)   Bien loin de s’opposer unilatéralement, la qualité dimensionnelle respective de la mémoire et de l’imaginaire se confrontent comme deux dispositions du corps en recherche d’informations, car pour toute réceptivité liée à la matière il y a nécessairement un organe correspondant qui est opératif par une fonction, lui donnant la capacité de singulariser telle ou telle information, comme dans l’apprentissage d’une langue par exemple (maternelle ou supplémentaire), l’ouïe et la vue concourent mais ne s’opposent pas,  bien plus si l’oreille est le lieu de translation premier de la mémorisation d’une langue, l’écriture pour la vue est ce qui la fixera dans le temps transitoire…
 
c)    ainsi comme nous avions vu plus haut, (ch. VI) si le langage est une substitution de la mémoire, il sera aussi la temporalité de l’imaginaire, et donc si l’expression audible de la langue (phonèmes, césures des intonations, accentuation des mots etc.) est une manifestation des nuances mnésiques ( l’identifié, le prolongement des occurrences, l’empreinte préférentielle etc.), la consécution de la langue aura elle aussi les mêmes caractéristiques que l’imaginaire, à savoir le lapse relationnel imaginaire entre l’émetteur et le récepteur comme temps de la compréhension, l’association mobile des figures imaginées en parité à la significations des mots entre eux, l’association pluridirectionnelle des sons régulée par leur échos métronomiques (temps de répartition d’un son dans l’espace influent sur la temporalisation de l’imaginaire comme mouvement, voir théorie de la conduction des sons du langage dans la représentation imaginaire des formes)…
 
d)   Donc pourrait-on poser la question : « imaginer des images et se remémorer s’équivalent-ils ? » c’est là qu’il faut essayer de comprendre que le manque d’informations respectivement pour la mémoire et pour l’imaginaire ne sont pas de même ordre, car si l’on présuppose que l’effort mnémonique évolutif de la conscience a pour fin de se localiser en elle même et dans son milieu de vie, et donc de palier le manque d’information dû à la limite de la corporéité, l’effort de l’imaginaire est une évolution de la capacité de se représenter face à ce manque, qui permet à la conscience de « recréer » un monde dans le monde, d’où aussi la fonction de l’imagination qui elle est une capacité liée à l’intelligence dans le but de produire un nouveau contenu : l’œuvre comme essai de transcription de telle conscience en telle matière…
e)    De plus le manque d’information qui d’un certain point de vue signale aussi quelque chose de la singularité de l’individu dans le tout, puisque c’est la particularité et la séparabilité de la matière qui permet l’individuation (permettre ne veut pas dire cause univoque) ce manque est donc ce qui maintient l’imaginaire en tension vers un inconnu/connu comme inconnu extérieur à la conscience ce sera l’élan volitif du projet ; mais aussi entretient par la mémoire une tension d’un connu/inconnu dans la conscience comme un connu imparfait, c’est ce que l’on appelle l’élan volitif du désir (toujours singulier voir infra)…
 
f)    Le projet serait donc une recherche de complément d’informations qui part d’un inconnu du réalisable et veut tendre vers le connu de l’œuvre accomplie, et le désir serait donc une recherche d’informations qui part d’un connu comme bien singulier et entretient une relation indéfini (hors temps et lieu) avec ce bien, mais alors que le projet est limité dans le temps et l’espace par la corporéité de sa réalisation, mais illimité dans la diversité des possibles, le désir comme relation spirituelle avec un bien tout en échappant aux limites de temps et de lieu se trouve déterminé par le choix qui singularise et donc élimine les possibles…
 
g)   Enfin, le manque d’information comme état translatif et transitoire de la conscience peut être aussi l’occasion de composer une vision mémo-imaginaire du monde qui de fait aurait pour finalité de garder et de transposer les informations acquises dans le champ du probable, sorte de stabilité d’inventorisation de tous les possibles en prévoyance de la propre fin de la vie consciente, et qui est déjà expérimentée en quelque sorte avec le rêve, comme transcription des possibilités de combinaisons des faits  mémoriels par l’imaginaire…
 
VIII - le risque de perte d’informations par la généralisation et le problème spécifique de l’orthographe stabilisant la signification…
 
a)    Le risque de perte d’informations est inhérent à la vie, tout ce qui est formé par délimitation n’en est pas exempt, c’est pourquoi plus la vie se déploie dans la matière, plus elle risque de se généraliser et de perdre de sa spécificité et donc de son adaptabilité aux lieux et aux temps fluctuant de la matière, nous retrouvons là le paradoxe entropie/néguentropie mais qui ici sera regardé comme une extrêmalité à savoir : la généralisation de l’information…
 
b)   On entend par généralisation de l’information, la superposition à l’identique d’un rapport évolutif de l’information, ce qui serait contraire (mais pas nécessairement opposé) à la répartition de la matière, au déploiement de la vie ou de la pensée et de la communication, car cette réitération sous le même rapport des informations, donc poursuivant par la même cause le même effet, pose un problème spécifique qui se retrouve concrètement dans la consanguinité, dans la dégénérescence d’une espèce végétale en milieu clos, ou encore le cas du dictionnaire pour la communication, où l’information est définitoire et produite en un lieu accidentellement limité (l’académie)…
 
c)    Les facteurs de la généralisation, c’est-à-dire les mouvements de la réduction aux plus dominants des éléments quantitatifs ou qualitatifs d’une information, (telle que la définition d’un mot) provoquant un écrasement de sa singularité comme qualité évolutive, exemples : pour d’une strate géologique par la pression thermique, pour d’une espèce par la consanguinité, pour une intelligibilité par l’idéologie, ou encore pour une communauté politique par l’arasement dictatorial de lois iniques, elles sont toutes des généralisations accidentelles…
 
d)   Car les facteurs/mouvements de la généralisation qui sont causes d’une impasse évolutive, donc provoquent une involution, sont aussi des effets possibles de la manifestation de la néguentropie, d’une réaction physicochimique pour la géologie, d’une perfectibilité évolutive des espèces, d’un effort de conceptualisation pour un mouvement philosophique, d’une révolution pour un peuple opprimé, ils sont tous pourvus d’une résilience non sans perte de temps et de lieux dans le partage ou l’échange des informations…
 
e)    Ainsi la généralisation vue comme moment de recentrage des informations divergentes (involution) en un saut possible dans une nouvelle néguentropie, permet à l’entropie naturelle de la matière, de la vie et de la pensée, tout en étant contenue dans son effet de dispersion de l’information, de trouver une autre stabilité de temps et de lieu, comme l’est un diamant, une nouvelle espèce, un néologisme ou une cité nouvelle…
 
f)    Pourtant le problème de l’orthographe stabilisant la signification des mots, peut faire perdre le sens qui est la finalité de la pensée, tout comme la pureté et la dureté du diamant perdant la sienne (sa rareté) si il est brûlé, tout comme une reproduction d’une espèce invasive dans un milieu de vie réduit la diversité, tout comme la communauté si elle oublie la justice dans sa recherche du bien commun, font de leur entropie respective une généralité d’où rien d’autre ne peut surgir qu’un retour à un stade antérieur, donc provoque une involution…
 
IX la restriction symbolique de l’information : le concept
 
a)    Une information ne peut subir une restriction symbolique car elle est une qualité singularisée et échapperait donc dès lors à toute forme de restriction, sauf dans les cas où elle est partiellement émise ou temporairement discontinue ou reçue déformée etc. quoi qu’il en soit l’information comme unité valide de la réalité en mouvement de son devenir, peut-être symbolisée et cela uniquement en tant que concept puisque qu’il est une entité composite après : un jugement d’existence, une abstraction interprétative première des sensibles, et surtout après que l’intelligence lui eu trouvé sa place sa fonctionnelle, donc sa place dans la structure intelligible d’une réalité ( ne pas confondre le symbole/concept avec la définition d’un mot)…
b)   Mais tout comme le choix est aussi cause de restriction puisqu’il désigne une préférence parmi une multitude de possibles ou de réels et met donc provisoirement ou définitivement de coté les autres, le concept est une restriction dans la symbolisation de l’information sous trois formes qui tiennent évidemment des trois qualités de l’information elle même :1/  sa singularité (cause de néguentropie), 2/ sa transductivité (cause d’entropie), 3/ son évolutivité (cause des mouvements naturelles de la matière, de la vie de la pensée et de la socialisation)…
 
1/ donc la singularité du concept provient du caractère d’isolation de la saisie de l’information par l’intelligence en acte (le tri premier) en partant d’un connu non complet mais suffisamment évolutif pour que de toutes les possibilités de sens, il devienne une singularité reconnue comme vraie (la conceptualisation est une néguentropie de pensée)…
 
2/ des possibles rapports et reports entre des idées simples, comme les images, les sons, les goûts, les odeurs, ou les nuances du touché etc., qui sont des informations reconductibles en concepts complexes, voir même devenus très spécifiques par le temps de l’usage, car plus la pensée passe et repasse au même endroits de son intelligibilité du réel, plus elle affine le concept pour en livrer de nouvelles occurrences (comme le fait la transductivité biologique par l’évolution)…
 
3/ enfin par son devenir, l’intelligence rend le concept capable de produire une nouvelle information, car étant vivante, la puissance intellectuelle a une croissance et une capacité de reproduction évolutive, c’est-à-dire une finalité à parfaire le mouvement inhérent de l’information, en lui donnant une nouvelle direction…
 
c) La fonction spécifique de l’abstraction de l’intelligence permet de comprendre pourquoi le concept est comme un symbole, car si il y a bien dix nivaux d’abstractions respectivement répartis par les dix catégories issues du réel, donc la capacité de conceptualisation en est issue également :
1/ substance/forme individuée : est le concept qui symbolise la présence indéfinissable de l’être.
2/ relativement à : permet de placer le concept dans la dynamique de la réciprocité de l’information.
3/ avoir : c’est l’appropriation conceptuelle de l’accident ajouté à l’être singulier.
4/ action : ouvre au concept de l’être en acte comme premier saisissement de l’acte d’être.
5/ passion : ouvre au concept de l’être en puissance comme premier saisissement de toute potentialité.
6/ lieu : par le concept de la localisation, il permet de réduire le mouvement à la limite corporelle.
7/ temps : par le concept de temporalité, il permet de réduire le mouvement de la limite corporelle.
8/ qualité : première catégorie sensible, elle donne le concept universel le plus proche de l’être.
9 / quantité : deuxième catégorie sensible, elle donne le concept universel le plus éloigné de l’être.
10/ être situé : restitue conceptuellement la singularité issue de la répartition de la matière ou du déploiement de la vie.
 
X les ensembles de cohésion des informations : les intelligibilités 
 
a)    Si les intelligibilités sont cohérentes, c’est qu’elles sont avant tout des ensembles de cohésion des informations, mais cette cohésion ici ne sera pas seulement regardée comme résultat de la fonction : additionnelle (un accroissement unilatérale d’informations), soustractive (révision de son jugement par recoupement des informations), divisionnelle (synthèse dialectique des l’informations), multiplicatrice (accroissement multilatérale des occurrences informatives), car la cohésion est aussi une singularité…
 
b)    Particularité serait d’ailleurs plus juste que singularité pour parler de la cohésion puisque sa dynamique est coercitive, tant dans la matière (les quatre forces universelles voir note 1), que dans la vie (l’unité des besoins et des envies), dans la pensée (la recherche de vérité par la connaissance des savoirs) ou dans une société (le pouvoir exécutif par la constitution et les lois), et cette force coercitive de rassemblement est donc de la cohésion d’informations singulières qui ont en commun de se diriger vers la même fin…
 
c)    Une cohésion devient particulièrement coercitive si quelque chose de la fin est déjà présent dans son mouvement dynamique, ce quelque chose est le premier niveau de cohérence de l’intelligibilité, car sans aucun élément informatif dirigé « vers », l’intelligence n’a pas non plus de « raisons de bouger », sauf par l’imagination (à distinguer de l’imaginaire) qui veut échapper à tout mouvement coercitif, et s’applique à elle même sa propre cohésion : l’œuvre…
 
d)    Pour comprendre en quoi la cohérence de l’intelligibilité est à la fois une cohésion coercitive des informations et en même temps une gratuité dans la communication du savoir, il faut admettre que la pertinence d’un savoir (qui est une cohésion cohérente d’informations) ne doit pas devenir un enclos pour lui même, c’est-à-dire que sa logique qui maintient sa cohérence et son universalité qui ouvre une cohésion entre les intelligences par la communication du langage, ne doivent pas devenir des systèmes clos de pensées, comme le sont les idéologies ou les « œuvres philosophiques »…
 
e)    Dans ce sens les intelligibilités philosophiques ne sont pas comme les œuvres des artistes puisque là où les premières postulent une acceptabilité universelle par le vrai qui est le bien des intelligences, les secondes proposent une acceptabilité par le beau qui est le bien des sensibles, entre les deux la disponibilité d’acquiescement de la volonté n’est pas de même nature, dans les premières la volonté peut parfaire son acte (contemplation), dans les secondes la volonté l’exerce par la joie et le plaisir sensible (émotion/admiration)…
 
f)     Si les intelligibilités sont un ensemble de cohésion d’informations cohérentes tournées vers une fin, elles semblent être une forme de réplique de la nature dans sa multiplicité et sa diversité évolutive, car ayant acquissent à partir de la multiplicité des informations « un cohésion » et à partir de la diversité des informations « une cohérence » les intelligibilités sont des mouvements évolutifs de la pensée, comparable à l’évolution de la vie…
 
g)    On comprend dès lors que toutes les intelligibilités qui partent de la cohésion coercitive d’une quantité d'informations ressemblantes, pour atteindre la qualité de cohérence d’un phénomène où l’information est singularisée, va à l’inverse du mouvement de la vie, c’est le cas des intelligibilités technoscientifiques qui passent d’abord par la saisie quantitative et significative des informations de la matière pour en isoler en un deuxième temps les qualités singulières, en faisant ainsi les résultats ultimes sont nécessairement contre-nature (causes éventuelle de pollutions ou de destruction du milieu de vie)…
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Notes
1) Ces quatre forces fondamentales sont : la gravité, l'électromagnétisme, la force nucléaire forte (responsable de la cohésion du noyau et de certaines particules entre elles) et la force nucléaire faible (à l'origine notamment de la fusion nucléaire dans les étoiles).
 
 
Excursus du chapitre VII
Une ancienne métaphore midrashique dit que : « L’esprit est la peau de l’être et l’imaginaire le vêtement de sa nudité virginale *, (tiré d’un ancien midrash sur le verset 21 ch. 3 du livre de la genèse dont j’ai perdu la réf.) ne serait-ce pas quand le beau revêt le vrai ou plus exactement quand le vrai rayonnant est trop sensible au contact de la peau de l’être qu’est l’esprit,  qu’il lui faille un vêtement pour se protéger ? »
 
*ma version approximative du sens de la métaphore : l’imaginaire c’est la peau (de bête n’est pas explicite dans le texte) donné par Dieu à Adam et Ève à la suite de la connaissance de leur nudité, car leur propre peau/esprit ne pouvait plus supporter le rayonnement de la présence de l’être divin, devenu trop lumineuse (en hébreu אוֹר lumière et peau עור s’écrivent presque pareil à une lettre prêt) par rapport à leur état d’esprit après avoir manger le fruit de la connaissance, donc pour avoir exposé leur esprit à un savoir surpassant la sensibilité de la peau/lumière virginal de leur être…)
 
Quoi qu’il en soit, l’on pourrait dire que l’imaginaire précède toute intellectualité de l’esprit dans son effort à interpréter le monde sensible et le monde supra-sensible du rêve, mais aussi que même généalogiquement antérieur, l’imaginaire reste un vêtement, une étendue de représentations avant que l’interprétation et l’explicitation ne se soit imposées comme réorganisatrices de la conscience…
Fin de l’excursus
 
Ainsi prêter à la faculté de l’imaginaire plus qu’elle n’est et ne peut être, est tout bonnement la confondre avec l’imagination (erreur sartrienne par excellence), qui elle est belle et bien l’enfant naturel de l’intelligence et de l’imaginaire*, pour s’en rendre compte il suffit de faire par inventorisation de moments significatifs dans l’album de notre vie, ressurgir les occasions où le langage par le son et le langage par l’écriture nous ont apporter chacune de l’intelligibilité, tout comme le fait d’adjoindre sons et images dans un film comme le Seigneur des Anneaux, a donné au compositeur Howard Leslie Shore une reconnaissance conjointe avec les images tournées par Peter Jackson, je veux dire ou commence le succès de la musique et celui des images puisqu’elles ont été connues l’une avec l’autre…
 
Nous voyons dans ce dernier exemple que l’imagination est une manière de stimulation de l’imaginaire par l’intelligence et la sensibilité artistique et que de ce fait, la question de la distinction de l’œuvre et du concept se pose non pas comme une équivalence mais comme deux réactivités de la conscience selon deux finalités distincts, ceci est une pierre dans le jardin des nietzschéen-nes…
 
Excursus du ch. VII (dont j'ai perdu le nom de l'auteur, qu'il m'en excuse...) 
"Plotin discute à plusieurs reprises de la mémoire, de sa fonction et de son rôle dans la connaissance. Dans la longue section qui va de IV 3 [27], 25 à IV 4 [28], 5, il s’interroge sur « ce qui » se remémore, c’est-à-dire sur le sujet de la mémoire. L’examen de ces chapitres permet de recueillir quelques éléments caractéristiques de la théorie plotinienne de la connaissance. Plotin fait une rigoureuse distinction entre la mémoire et la simple conservation d’impressions sensibles et associe la mémoire à une capacité spontanée de l’âme. L’âme, d’autre part, en tant que sujet de la mémoire, est pourtant toujours caractérisée par un type de pensée discursif et lié au temps. De ce type de connaissance, Plotin distingue la pensée la plus élevée, qui appartient à l’âme grâce à la partie d’elle-même qui n’est pas descendue de l’Intellect, lequel est étranger au temps et à la discursivité. L’étude du sujet de la mémoire fournit des éclaircissements sur la structure de l’âme chez Plotin, sur le rôle de l’imagination (phantasia), sur le caractère intrinsèquement dynamique de l’âme, capable de redéfinir sa propre nature en accord avec la faculté qui joue en elle le rôle de centre unificateur. Au sommet se trouve une condition cognitive dans laquelle l’âme saisit, même « ici-bas », avant sa séparation du corps, les Formes intelligibles, au moyen d’une connaissance appropriée et indépendante de toute forme de mémoire et de discursivité (cf. IV 4 [28], 4-5). Par conséquent, le rôle de la réminiscence dans l’épistémologie plotinienne est plutôt limité."
 
Excursus du ch. IV
Joly, É. (2003). Le temps n’est pas un produit de l’âme : Proclus contre Plotin. Laval
théologique et philosophique, 59, (2), 225–234. https://doi.org/10.7202/007420ar
 
« La seconde raison aborde la place du Temps dans la hiérarchie. En effet, l’Âme,
au moins dans ses activités, participe au Temps, elle est même perfectionnée et mesurée
par le Temps. Elle ne peut donc l’avoir engendré, car comment l’Âme (ou tout
autre principe) participerait-elle à son effet ? Comme l’écrit Proclus : « […] tout être
qui n’a pas le tout de son activité ramassé ensemble tout d’un coup à la fois dès
l’instant qu’il existe a besoin du Temps pour s’achever et revenir au point de départ,
le Temps grâce auquel il recueille tout le bien qui lui revient, qu’il ne pouvait contenir
de façon indivisible et intemporelle ». Cette idée est confirmée par un argument
traitant de l’intellection. En effet, si l’Âme saisissait son objet dans une intuition unique,
comme l’Intellect au moyen d’une intellection sans passage, alors elle n’aurait
pas besoin du temps pour atteindre sa fin : « Mais puisque l’intellection de l’Âme implique
passage et récurrence, telle âme a besoin de la totalité du Temps, telle autre de
la portion temporelle qui lui suffira pour sa vie intellectuelle et sa vie générative ».
Mais une cause n’a pas besoin de son effet pour être achevée, autrement on aboutirait
à un paradoxe, puisque cette cause serait à la fois achevée et inachevée. Elle serait
achevée car elle doit engendrer, mais aussi inachevée puisqu’elle n’aurait pas encore
participé à ce qui l’achève. Proclus en conclut : « […] que ce soit donc là pour toi la
preuve la plus forte que le Temps n’est pas le produit de l’Âme, mais qu’il est participé
par elle en premier lieu ». Si l’Âme engendrait le Temps, elle ne recevrait pas
de lui une perfection. Mais « elle a besoin de lui pour déplier sa pensée, puisqu’elle
ne peut saisir son objet dans une intuition unique. Et une cause ne peut être achevée
par son effet. De même que l’éternité est supérieure aux principes qu’elle mesure, le
temps doit dominer la multiplicité des êtres qu’il règle ».

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Article très riche dans lequel on reconnaît l'influence manifeste de Simondon. J'ai moi-même, jadis, rédigé un petit topo sur le même sujet (il faudrait que je le retravaille, ma position, à cet égard, ayant pas mal évolué).

descriptionOrigines de la philosophie(s) et mutations - Page 4 EmptyRe: Origines de la philosophie(s) et mutations

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oui ne le connaissant pas je viens de le lire, et votre information sur le sujet est d'une qualité...irréversible...



merci à vous pour cet article PhiPhilo...
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