benfifi a écrit: Le philosophe du XVIIIème siècle n'a-t-il pas le temps de "digérer" une avancée scientifique et la prendre en compte dans son travail, qu'une nouvelle invention se fait jour qui l'oblige à revoir sa copie ? Ou bien le philosophe n'a-t-il pas su isoler le facteur vitesse de progression des sciences ? Ou alors a-t-il eu le sentiment que les découvertes partaient dans tous les sens au point de lui donner le vertige et le rendre inopérant ?
Au XVIIIe siècle, contrairement aux siècles précédents, et notamment au XVIIe, les philosophes ne sont plus forcément des scientifiques (avant, ils l'étaient tous). Toutefois, quand ils ne le sont pas, beaucoup transposent les résultats des sciences de la nature (notamment la physique et dans une moindre mesure la biologie, dont les résultats influenceront surtout la pensée du XIXe siècle) dans leurs théories. Dès avant Kant, en France notamment, on cherche à transposer la rigueur et les vérités scientifiques à la morale et à la société (morale, société et politique forment une des passions du XVIIIe). On a très vite déchanté. Même si le XIXe siècle cherchera encore et longtemps des systèmes de pensée complets.
Le XVIIIe est encyclopédique ; le XIXe siècle est systématique et totalisant. Le problème, c'est que les résultats scientifiques trouveront des applications dans l'industrie, pas dans la philosophie ou les sciences humaines. La séparation sera totale, ou presque.
benfifi a écrit: Euterpe a écrit: aux sciences la vérité, au moyen de l'entendement ; à la philosophie la "morale" et les sciences anthropologiques, au moyen de la raison.
Je ne vois pas la différence entre entendement et raison.
Chez Kant, l'entendement produit des concepts (science, etc.) ; la raison ne le peut pas, elle ne produit que des illusions, des idées, etc. (seule la morale, domaine de la raison pure pratique, a la solidité des mathématiques chez Kant). Les concepts consistent à mettre de l'ordre dans le divers ; la raison consiste à mettre de l'ordre dans les concepts (d'où sans doute les tentatives totalisantes du XIXe siècle pour ordonner le savoir - Auguste Comte en est un bon exemple en France, comme Hegel le fut en Allemagne).
Dernière édition par Euterpe le Mer 17 Aoû 2016 - 0:11, édité 2 fois