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Raison et déraison.

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Janus
Gnomon
14 participants

descriptionRaison et déraison. - Page 4 EmptyRe: Raison et déraison.

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Serait-il possible d'ouvrir un espace dans ce forum dédié à l'œuvre d'un philosophe en particulier qui recevrait des questions, des réponses, des recherches, des synthèses ? Toutes sortes de matières susceptibles de faire avancer les participants.

descriptionRaison et déraison. - Page 4 EmptyRe: Raison et déraison.

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Gnomon a écrit:
Pour Aristote, l'expérience fonde la connaissance. Mais il distingue l'expérience errante, l'empirisme, et l'expérience méthodique, l'art. Il compare la science à un art, parce que tous les arts comportent des règles, sans lesquelles l'inspiration de l'artiste, ou de l'artisan, ne vaut pas grand chose. Aucun artiste, et encore moins un artisan, ne travaille au hasard, mais toujours en fonction d'un principe, fût-il l'intuition pure pour l'artiste. La science, d'où Aristote fera provenir la philosophie, comporte des principes, des méthodes qui la rendent crédible. Le souci d'Aristote, et de tout philosophe, a toujours été de produire un discours reflétant la réalité. Lorsque vous écrivez :
Janus a écrit:
qu’une vérité philosophique par exemple qui s’appuyant sur de pures spéculations, et intégrant une grande part d’abstractions, se prêtera peu à la démonstration probante et aura plutôt pour vocation de mettre en évidence les pièges du langage, d’échapper à la simple opinion, au dogme, etc.

voulez-vous dire que le discours philosophique est impropre à reproduire fidèlement la réalité ?

Les vérités scientifiques sont mesurables à l'aide de chiffres, et font donc facilement l'unanimité. Mais si le discours philosophique n'est pas démontrable par des chiffres, s'ensuit-il qu'il ne sert qu'à mettre en évidence les pièges du langage et du dogme ?

Platon, Aristote, Descartes et Kant, en particulier, ont traité de la question du criterium du vrai sans lequel personne ne peut oser affirmer quoi que ce soit. Votre point de vue sur le discours philosophique amène au débat récurrent entre la philosophie (l'accord, ou, du moins le consensus minimum) et l'antilogie (la contradiction inévitable des discours, l'impossibilité de se comprendre).

Je constate davantage de doutes que d'arguments probants dans les réponses reçues, également dans d'autres sujets sur ce forum, sur la possibilité de connaître en cette matière. Or, philosopher c'est apprendre à connaître, à s'accorder avec le réel en le pensant convenablement. Même s'il ne fallait s'appuyer que sur une seule vérité, comme le fait Descartes, on ne fait pas de philosophie sans criterium du vrai.

Je disais surtout que le concept de vérité, que la connaissance est destinée à éclairer, est à géométrie variable selon le domaine où on la considère. On peut plus facilement évoquer le vrai en logique, en mathématiques ou en science, qu'en matière d’éthique et de politique où les notions de valeur et les convictions entrent en jeu. On sait de plus que certains penseurs considèrent la vérité (au sens de réalité en soi) comme inaccessible en dehors des phénomènes.

Sans confondre la démarche du philosophe et celle de celui qui pratique la philosophie, je dirais que cette dernière permet de se forger de nouveaux concepts et ainsi tirer profit de cette « science de la raison » pour obtenir une approche plus précise de la réalité. Pour accéder à la vérité philosophique, il nous faut en fait confronter les diverses thèses philosophiques, d’ailleurs souvent et nécessairement contradictoires d’un auteur à l’autre, et d’une façon générale j’estime que l’on peut non pas atteindre mais seulement approcher le vrai, par élimination de contradictions. C’est d’ailleurs pourquoi la philosophie qui s’est construite au fil des siècles, conduit davantage à une succession de questions qu'à l’obtention de réponses fermes et définitives, les réponses ne faisant que soulever de nouvelles questions, toujours plus vastes, bien plutôt que de procurer une soi disant sagesse qui ne peut de toute façon s’atteindre que si l’on en possède déjà en soi les germes, seulement cultivés par la discipline philosophique.

descriptionRaison et déraison. - Page 4 EmptyRe: Raison et déraison.

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Pensez-vous vraiment que les jugements de valeur ne contiennent pas de vérité ? Si, mais pas toute la vérité ? Tous les jugements de valeur aspirent à être vrais, même s'ils se contredisent. Il me semble qu'on ne peut pas traiter convenablement de la théorie de la connaissance du "vrai" en philosophie sans tenir compte de l'intention qui l'anime.
Ne pensez-vous pas qu'une connaissance, quelle qu'elle soit, peut-être mal utilisée ? De nouveau, cette distinction entre "bon usage" et "mauvais usage" de la connaissance est tellement vague que d'aucuns pressentent immédiatement l'impossibilité foncière de préciser leur contenu propre. Mais, toute action tend bien vers quelque "bien", n'est-ce pas ? Même si personne ne parvient à préciser en un mot, ou une seule formule, le "bien" qu'il poursuit dans sa vie. Et s'il ne poursuit rien de précis, qu'à satisfaire ses fonctions nutritives, travailler pour manger sera tout son "bien". Il me semble que pour déterminer si une connaissance est "vraie", il faut l'éprouver, aussi, en fonction de l'intention qui soutient la recherche. Que savez-vous ? est une question qui met en évidence les connaissances pures. Que cherchez-vous à travers vos connaissances, est LA question proprement philosophique. C'est-à-dire, mettez-vous de la conscience dans votre science ?

descriptionRaison et déraison. - Page 4 EmptyRe: Raison et déraison.

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Gnomon a écrit:
Pensez-vous vraiment que les jugements de valeur ne contiennent pas de vérité ? Si, mais pas toute la vérité ? Tous les jugements de valeur aspirent à être vrais, même s'ils se contredisent. Il me semble qu'on ne peut pas traiter convenablement de la théorie de la connaissance du "vrai" en philosophie sans tenir compte de l'intention qui l'anime.
Ne pensez-vous pas qu'une connaissance, quelle qu'elle soit, peut-être mal utilisée ? De nouveau, cette distinction entre "bon usage" et "mauvais usage" de la connaissance est tellement vague que d'aucuns pressentent immédiatement l'impossibilité foncière de préciser leur contenu propre. Mais, toute action tend bien vers quelque "bien", n'est-ce pas ? Même si personne ne parvient à préciser en un mot, ou une seule formule, le "bien" qu'il poursuit dans sa vie. Et s'il ne poursuit rien de précis, qu'à satisfaire ses fonctions nutritives, travailler pour manger sera tout son "bien". Il me semble que pour déterminer si une connaissance est "vraie", il faut l'éprouver, aussi, en fonction de l'intention qui soutient la recherche. Que savez-vous ? est une question qui met en évidence les connaissances pures. Que cherchez-vous à travers vos connaissances, est LA question proprement philosophique. C'est-à-dire, mettez-vous de la conscience dans votre science ?

Je ne pense pas que l’on puisse relier aussi directement valeur, connaissance et vérité, même si l’on sait qu'une certaine éducation est souvent bénéfique en la matière, et notamment à l'échelle d'une société pour que "science soit accompagnée de conscience".
En fait une valeur sert de repère pour se projeter en avant, par anticipation, mais l’avenir est jonché d’inconnues et d’incertitudes. Je ferais aussi allusion au fait que lorsqu'on entre dans la sphère des valeurs, les affects entrent en jeu et ont tout loisir de fausser la Raison, car on atteint le domaine frontière entre connaissance et croyance. C’est là où les rêves peuvent être pris pour des réalités et on sait que la réalité n’est pas toujours bonne à entendre. Au moment où s’établissent les valeurs dans le mental, quantitatif et qualitatif subissent des transformations, au niveau de processus psychiques inconscients, intégrant des motivations sous-jacentes qui échappent à la volonté consciente.
Le choix du bien et du mal (cf. axiologie) est quelque chose de très complexe, d’autant que cela intègre des valeurs que l’on peut croire dépendre d’un choix individuel mais qui sont en réalité essentiellement dictées au niveau des normes que la société a établies. On voit aussi la fragilité des valeurs qui sont relatives et variables d’une société à l’autre.

descriptionRaison et déraison. - Page 4 EmptyRe: Raison et déraison.

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Vous utilisez la "valeur" comme un "repère" pour se mouvoir dans le réel, mais vous n'attribuez pas à la "chose valeur", le fait matériel, la notion étymologique du "mot valeur", laquelle contient une notion de "plus ou de moins". Une "chose valeur" se définit par rapport à une autre "chose valeur", laquelle est vécue comme préférable à l'autre. D'où le "mot valeur" pour désigner la "chose valeur" qui contient plus de valeur qu'une autre. Comme vous l'écriviez si bien dans votre conclusion, les valeurs sont toujours relatives.

La valeur est toujours établie en fonction d'un rapport, elle ne peut donc être seulement un repère, matériel ou intellectuel.

Pourquoi écrivez-vous que la sphère des valeurs est éminemment subjective ? Est-ce subjectif si je pose l'affirmation suivante : qu'un bon maçon, pour construire un mur, vaut mieux qu'un charlatan ? Cette affirmation, si elle vraie, contient un jugement de valeur implicite fondé sur un fait matériel, la "chose valeur" : l'habileté du maçon par rapport au charlatan.

Pourquoi la notion de valeur serait-elle toujours empreinte de subjectivité ?

L'axiologie est toujours un produit social ? elle n'est pas aussi le produit d'une éthique individuelle ?
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