Serait-il possible d'ouvrir un espace dans ce forum dédié à l'œuvre d'un philosophe en particulier qui recevrait des questions, des réponses, des recherches, des synthèses ? Toutes sortes de matières susceptibles de faire avancer les participants.
Gnomon a écrit:Pour Aristote, l'expérience fonde la connaissance. Mais il distingue l'expérience errante, l'empirisme, et l'expérience méthodique, l'art. Il compare la science à un art, parce que tous les arts comportent des règles, sans lesquelles l'inspiration de l'artiste, ou de l'artisan, ne vaut pas grand chose. Aucun artiste, et encore moins un artisan, ne travaille au hasard, mais toujours en fonction d'un principe, fût-il l'intuition pure pour l'artiste. La science, d'où Aristote fera provenir la philosophie, comporte des principes, des méthodes qui la rendent crédible. Le souci d'Aristote, et de tout philosophe, a toujours été de produire un discours reflétant la réalité. Lorsque vous écrivez :Janus a écrit:qu’une vérité philosophique par exemple qui s’appuyant sur de pures spéculations, et intégrant une grande part d’abstractions, se prêtera peu à la démonstration probante et aura plutôt pour vocation de mettre en évidence les pièges du langage, d’échapper à la simple opinion, au dogme, etc.
voulez-vous dire que le discours philosophique est impropre à reproduire fidèlement la réalité ?
Les vérités scientifiques sont mesurables à l'aide de chiffres, et font donc facilement l'unanimité. Mais si le discours philosophique n'est pas démontrable par des chiffres, s'ensuit-il qu'il ne sert qu'à mettre en évidence les pièges du langage et du dogme ?
Platon, Aristote, Descartes et Kant, en particulier, ont traité de la question du criterium du vrai sans lequel personne ne peut oser affirmer quoi que ce soit. Votre point de vue sur le discours philosophique amène au débat récurrent entre la philosophie (l'accord, ou, du moins le consensus minimum) et l'antilogie (la contradiction inévitable des discours, l'impossibilité de se comprendre).
Je constate davantage de doutes que d'arguments probants dans les réponses reçues, également dans d'autres sujets sur ce forum, sur la possibilité de connaître en cette matière. Or, philosopher c'est apprendre à connaître, à s'accorder avec le réel en le pensant convenablement. Même s'il ne fallait s'appuyer que sur une seule vérité, comme le fait Descartes, on ne fait pas de philosophie sans criterium du vrai.
Gnomon a écrit:Pensez-vous vraiment que les jugements de valeur ne contiennent pas de vérité ? Si, mais pas toute la vérité ? Tous les jugements de valeur aspirent à être vrais, même s'ils se contredisent. Il me semble qu'on ne peut pas traiter convenablement de la théorie de la connaissance du "vrai" en philosophie sans tenir compte de l'intention qui l'anime.
Ne pensez-vous pas qu'une connaissance, quelle qu'elle soit, peut-être mal utilisée ? De nouveau, cette distinction entre "bon usage" et "mauvais usage" de la connaissance est tellement vague que d'aucuns pressentent immédiatement l'impossibilité foncière de préciser leur contenu propre. Mais, toute action tend bien vers quelque "bien", n'est-ce pas ? Même si personne ne parvient à préciser en un mot, ou une seule formule, le "bien" qu'il poursuit dans sa vie. Et s'il ne poursuit rien de précis, qu'à satisfaire ses fonctions nutritives, travailler pour manger sera tout son "bien". Il me semble que pour déterminer si une connaissance est "vraie", il faut l'éprouver, aussi, en fonction de l'intention qui soutient la recherche. Que savez-vous ? est une question qui met en évidence les connaissances pures. Que cherchez-vous à travers vos connaissances, est LA question proprement philosophique. C'est-à-dire, mettez-vous de la conscience dans votre science ?