Gnomon a écrit:Pas toujours, et même beaucoup moins qu'on ne le prétend souvent. Attribuer une valeur à quelque chose c'est souvent le faire au détriment d'autre chose. Il y a exclusion de ce qui n'est pas valorisé (voire dévalorisé) autant qu'inclusion de ce qui est valorisé. Surtout quand la valeur au nom de laquelle on agit se veut absolue, et même la plus large possible. Une valeur, qu'on le veuille ou pas, que ce soit contrariant ou pas de l'admettre, ne peut pas être universelle. Ainsi, pour affirmer qu'une valeur est un rapport, il faut pouvoir affirmer qu'elle est une relation, quand elle se révèle la plupart du temps une superlation (les bananes du Congo sont meilleures que celles du Vénézuela = rapport/relation ; les bananes du Congo sont les meilleures = superlation : il n'y a plus aucun rapport entre les bananes congolaises et les autres, les autres sont ontologiquement disqualifiées, d'ailleurs on ne les achètera plus). Il suffit d'écouter ce que disent les fascistes du Front de gauche à propos des fascistes du Front national (ou Front de droite) en les excommuniant, en les mettant à l'index au seul motif qu'au Front de gauche, on est trop fun et convivial, qu'on soit blanc, noir, peau-rouge, gris ou jaune (pourvu qu'on ne soit pas employé de banque, même noir marié à une chinoise, avec des enfants adoptés chez les descendants des Cheyennes).La valeur est toujours établie en fonction d'un rapport
Gnomon a écrit:L'exemple ne convient pas, parce qu'il ne s'agit pas d'une valeur. J'ai lu le fil de discussion, et vous assimilez trop vite valeur, préférence, etc. Sans vous en rendre compte, vous parlez parfois de l'utilité, etc. Quand vous choisissez un maçon plutôt qu'un horloger (ou un charlatan) pour vous bâtir une maison, vous n'agissez pas en fonction d'une valeur, mais de critères "objectifs" dans la mesure où votre subjectivité n'interfère pas (le maçon peut être blond et vous chauve, lui petit et vous grand, lui sportif et vous intellectuel, etc., on pourrait multiplier les exemples : sauf à être fou, vous choisirez un maçon plutôt qu'un horloger). Mais si vous devez choisir entre deux ou plusieurs maçons, à compétences strictement et objectivement égales, il ne vous restera plutôt que de l'arbitraire pour faire votre choix : l'un est cordial, l'autre un peu rustre ? Vous choisirez celui qui est cordial ou rustre en fonction de votre seule subjectivité. Mais avant d'en arriver là, vous voyez bien que tout se passe comme ça se passe par exemple avec les mathématiques : deux et deux font quatre, que vous soyez surfer, militant affilié à Greenpeace, propriétaire d'une voiture stationnée dans le parking face à la mairie de Vladivostok ou que vous détestiez éplucher les bananes.Est-ce subjectif si je pose l'affirmation suivante : qu'un bon maçon, pour construire un mur, vaut mieux qu'un charlatan ? Cette affirmation, si elle vraie, contient un jugement de valeur implicite fondé sur un fait matériel, la "chose valeur" : l'habileté du maçon par rapport au charlatan.
Il faut être attentif à distinguer entre préférence et valeur. La préférence n'est pas nécessairement engageante (elle n'engage que vous), sauf si votre caractère vous pousse à importuner autrui du matin au soir en exigeant que vos préférences, parce qu'elles sont les vôtres, réduisent à rien celles des autres. Les valeurs impliquent un modus videndi, elles impliquent d'agir, elles sont l'action. Vous n'en parlez que très peu.
Dernière remarque : vous ne mènerez pas à bien votre réflexion tant que vous n'aurez pas abordé la question de l'ontologie. Les valeurs sont aux modernes ce que l'être était aux anciens. C'est pourquoi il est vain de recourir aux Grecs ou aux Romains pour parler de valeurs, quand ils n'agissaient qu'en fonction de ce qui, pour eux, était. Si vraiment on tient à parler de valeurs avec eux, si donc on se contrefiche de commettre des anachronismes, qu'on n'oublie pas qu'à l'extrême limite, on pourrait parler de valeurs établies en fonction de ce qui est. Mais si on oublie que ce qui est et que ce qui vaut, ce n'est pas la même chose, on n'arrive à rien.
Gnomon a écrit:Parce que le sujet seul en est l'inventeur. Il n'y a pas de valeur dans la réalité. Dans la réalité, il y a ce qui est.Pourquoi la notion de valeur serait-elle toujours empreinte de subjectivité ?