Je trouve l'analyse de xavion très intéressante et franchement complète. Mais n'oublions pas qu'il y a un terme qui pose de gros problèmes dans le sujet... C'est l'origine. L'ambiguïté qu'il comporte nous pousse à nous demander s'il s'agit de connaître les fondements et la structure du langage ou s'il s'agit de remonter une chaîne causale qui nous permettrait d'arriver au premier langage humain.
Dans le premier cas on se risque à élaborer un méta-langage sur le langage, puisqu'on présuppose alors qu'on peut saisir la totalité du langage et sa structure alors même qu'on s'y meut. Il me semble que cela est la conséquence de la présupposition typiquement biblique que le verbe est la réalité première, par conséquent si le verbe précède la création, il ne peut qu'être à la manière de Dieu auto-fondateur.
Dans le second cas, on se lance dans un travail titanesque dont je suis peu sûr qu'il puisse aboutir.
Enfin bon, voici un extrait sur quelques notions derridiennes intéressantes :
Déconstruction et différance a écrit: La trace est, quant à elle, originaire, non originelle : elle véhicule l'impossibilité de l'origine, d'un centre. Elle est la non-origine de l'origine. Elle est « l'origine absolue du sens en général. […] La trace est la différance qui ouvre l'apparaître et la signification » (Derrida, 1967 : 95). Seulement, si « la trace […] appartient au mouvement même de la signification, celle-ci est a priori écrite, qu'on l'inscrive ou non, sous une forme ou sous une autre, dans un élément « sensible » et « spatial », qu'on appelle « extérieur » (1967 : 103).
Derrida parle aussi de la trace comme d'une archi-écriture, « première possibilité de la parole » (1967 : 103), et aussi première possibilité de la graphie.
Le concept de « graphie » a besoin de la trace pour vivre et il implique « comme la possibilité commune à tous les systèmes de communication, l'instance de la trace instituée » (1967 : 68). Lorsqu'on associe la trace au graphe (gestuel, visuel, pictural, musical, verbal), cette trace devient gramme (lettre). À cet instant seulement apparaît le dehors (opposé du dedans), en tant qu'« extériorité spatiale et objective » (1967 : 103).
L'archi-écriture dont parle Derrida est en fait une écriture généralisée par la différance. Cette différance (le a est ici trace, gramme), comme temporalisation, est quant à elle la trace de l'écrit dans le parler. Par exemple, les signes de ponctuation sont un supplément au parler, ils n'en sont pas la reproduction.
La notion de différance doit être comprise comme une jonction entre le fait de différer (dans le temps) et la différenciation (conceptuelle). En fait il faut comprendre qu'originellement il était impossible pour l'homme de se saisir et de se définir immédiatement, il a fallu attendre que sa faculté de différenciation permette cette définition, la trace est une appréhension à rebours.
En fait même cette façon de parler est trompeuse, faisons autrement. L'originel est projeté après coup, mais est dès cet instant occultation de l'origine réelle. C'est cet après coup qui fait que la tentative de saisie, de définition est différée... La différenciation par le langage est différée. Persiste une trace qui s'oblitère dès qu'on tente de saisir de quoi elle est la trace.