0. Homère l'Odyssée chant 9. Vers 12-20. Version de Philippe Jaccottet (le club français du livre 1955): "Mais tu m'as questionné sur l'objet de mes plaintes,/ et mes plaintes ne vont qu'en redoubler./ Par où donc vais-je commencer par où finir./ Je dirai tout d'abord mon nom. Ainsi le saurez-vous/ à votre tour et, si j'échappe au jour fatal,/ je resterai votre hôte encor que vivant loin de vous./ Je suis Ulysse, fils de Laërte, dont les ruses/ sont fameuses partout et dont la gloire touche au ciel."
1. Donc le verbe.
Par où commencer par où finir ? Mon nom. Le furieux. Et la plainte. Deux formes verbales empruntes d'émotion.
2. À l'échelle terrienne, depuis belle lurette, chaque être vivant fait avec l'alternance du jour et de la nuit. Une alternance qui se répète. Cette quantité de fois répétées n'est-ce pas le temps ?
Le temps me sert. Quatre jours pour faire le tour de l'île. Trois pour labourer ce champ. L'espace est lié au temps.
Le temps l'espace le corps l'être l'objet le sujet la conscience le langage la grammaire les nombres tout ça on l'apprend enfant à l'école et ailleurs. Par la force des choses.
3. Une histoire. L'histoire. La science. Le monde. La vie. La réalité. Propagande. Rumeur. Mode. Tout est verbe. Mais quid du verbe ?
4. Le corps est maître. Le verbe est son énergie.
5. La vie nous impressionne et nous enchante. Il y a réaction. Par le verbe on ne fait que s'exprimer. Comme une éponge qu'on essorre. La substantifique moelle. L'enchantement. Le charme agit. Le verbe permet d'accéder au corps charmé. L'intention se manifeste. C'est le premier degré.
6. Il se trouve que parfois je suis dans la lune. Absent coupé du monde. Je ne m'en rends pas compte mais ça fait un moment que le verbe prend corps. Comme une bulle qui gonfle et s'apprête à éclater...
7. ... Survient le verbe qui me révèle me fait exister. "Je" est. Je suis. Cogito ergo sum.
8. Absent coupé du monde je réfléchis du verbe. Générant ainsi la conscience. C'est le deuxième degré. Donnant lieu à un discours collectif auquel chacun est invité à prendre part. Tentative par la raison de se dégager d'un champ non maîtrisé l'inconscient. Pas évident.
9. Dans la pratique sociétale quotidienne les deux niveaux se mêlent. Le verbe agit via son interprétation par le corps. L'interprétation garantit l'altérité de l'être-corps-vivant. Sa liberté.
10. Présent branché au monde j'émets du verbe ou en reçois. Établissant ainsi un rapport de force-énergie-vie. C'est le troisième degré. Rhétorique dialectique. Tactique stratégie.
11. Nous ne pouvons faire autrement qu'en nous entendant. Même la guerre est une façon de nous entendre.
12. Il y a impression et expression. Qui est elle-même à son tour impression.
13. À part le verbe ? En dehors ? La méditation est une réponse. Concentré sur ma respiration vient le moment où je perds le sens signifiant de "respirer" et accède au sens sensoriel de "respirer". Passage de ergon/verbe à soma/corps.
14. À l'échelle de la Terre chaque être-corps-vivant est doté du verbe attaché à son espèce. L'évolution qui touche le corps/soma s'accompagne de l'évolution du verbe/ergon associé.
15. Est-ce que le moineau la fourmi l'acacia l'obsidienne ont une conscience ? J'ignore. Rien ne m'interdit de penser qu'ils en sont dotés. Il se trouve seulement que nulle interface permet la traduction d'un verbe à l'autre pour en convenir ou pas.
16. Le tilleul engendre chaque année des milliasses de graines. Combien donneront un tilleul adulte ? Hybris ? Soit on convient qu'il en s'agit bien là d'une forme. Soit ce n'est pas le cas et alors il est difficile de considérer la guerre comme telle.
17. Da capo. Or donc d'où vient le verbe ? Quelle est son origine ? Néanmoins ici comme ailleurs le processus à l'œuvre est l'évolution. Et je conviendrais qu'il fût déjà présent dès australopithèque en passant par sapiens jusqu'à aujourd'hui toujours actif. Mais il faut bien une histoire. Au commencement était...
18. ... Le son. Ainsi fut-il. Produit par la gorge. Il va prendre forme (et la gorge avec) s'enrichir se diversifier. Phrases musicales. Caractère de sélection et de pouvoir. Ainsi naît la voix et la prosodie.
19. Avant de se dresser l'homininé l'a intentionné. Par la voix. La voix signale la voie.
20. Quel que soit l'endroit où se posent mes yeux c'est nommé depuis longtemps. Plus une miette de chaos. Si un corps étranger faisait irruption il serait immédiatement circonscrit et affublé d'une ribambelle de vocables susceptibles de l'identifier.
Une autre situation serait celle d'un chaos total lors de ma naissance sans vocable en mémoire. Comment distinguer autrement qu'en nommant ? Borborygme vocal inaugurant ma mémoire verbale.
Au départ donc je vois. Le chaos. Je n'arrête pas de rien reconnaître. Je vois de façon intransitive. Soudain... Oh ! : signifie que la mémoire percute, je reconnais. Le verbe a précédemment enregistré en mémoire, codé. Le verbe a ainsi distingué en nommant. Je vois ça. Je vois de façon transitive pour la première fois. Je l'ai reconnu. Je vois ce que j'ai nommé.
Le chaos est indéterminé indéfini.
Pour sortir du chaos il faut distinguer. Distinguer c'est arracher quelque chose au chaos. Il faut de l'énergie. L'énergie adéquate ? Le verbe mobilisé par le corps. Mais au fait pourquoi sortir du chaos ? Pourquoi ne pas y demeurer ? Pour assouvir l'intention. Or le chaos absorbe toute intention. Sortir du chaos c'est entrer en vie, nourrie d'intention.
21. La mémoire est attachée au verbe comme son ombre. Pas de verbe sans mémoire car sinon comment re-produire le verbe. Et le temps et l'espace prennent ainsi forme peu à peu.
22. Via l'énergie verbale le corps humain crée des figures-totems-balises-concepts pour développer la puissance de son énergie verbale.
23. Exemples de figures-totems-balises-concepts : le sujet pour habiter le corps, le chaos pour désigner ce qui est, la vie pour organiser le chaos, la mort pour supporter la vie, l'esprit pour conjurer la mort, l'intention pour objectiver le verbe, la raison pour structurer le discours, dieu pour résoudre l'impossible, la conscience pour demeurer mortel...
24. Le corps délègue. C'est le sujet, toi moi Zoé, qui parle. Néanmoins le corps est et reste maître.
25. L'évolution du verbe fonctionne par étapes, la mode. Au cours d'une mode quelques figures verbales sont émises qui font l'objet de débats et controverses rejaillissant sur la vie sociale. L'assimilation s'accompagne de l'émergence de la mode à venir. Dans le même temps des figures périmées tombent en désuétude.
26. La mode permet de dire autrement le monde la vie. Une renaissance.
27. Depuis homo erectus l'horizon est à atteindre. Mais il demeure au loin. Inaccessible immuable éternel. Il s'ensuit une sensation lasse d'impuissance. Frustration vite balayée par le printemps et la mode nouvelle.
Dieu répond peut-être avant tout à l'impuissance. Tenace sparring-partner.
28. Le verbe façonne le monde différemment selon le langage support du verbe. Les mondes anglais arabe et chinois sont différents.
29. Le corps incarne le verbe. Ainsi le verbe-ergon et le corps-soma sont intimement intriqués. Impossible en fait de considérer l'un sans l'autre. Yin-Yang qu'on pourrait nommer "vorpus" par exemple.
1. Donc le verbe.
Par où commencer par où finir ? Mon nom. Le furieux. Et la plainte. Deux formes verbales empruntes d'émotion.
2. À l'échelle terrienne, depuis belle lurette, chaque être vivant fait avec l'alternance du jour et de la nuit. Une alternance qui se répète. Cette quantité de fois répétées n'est-ce pas le temps ?
Le temps me sert. Quatre jours pour faire le tour de l'île. Trois pour labourer ce champ. L'espace est lié au temps.
Le temps l'espace le corps l'être l'objet le sujet la conscience le langage la grammaire les nombres tout ça on l'apprend enfant à l'école et ailleurs. Par la force des choses.
3. Une histoire. L'histoire. La science. Le monde. La vie. La réalité. Propagande. Rumeur. Mode. Tout est verbe. Mais quid du verbe ?
4. Le corps est maître. Le verbe est son énergie.
5. La vie nous impressionne et nous enchante. Il y a réaction. Par le verbe on ne fait que s'exprimer. Comme une éponge qu'on essorre. La substantifique moelle. L'enchantement. Le charme agit. Le verbe permet d'accéder au corps charmé. L'intention se manifeste. C'est le premier degré.
6. Il se trouve que parfois je suis dans la lune. Absent coupé du monde. Je ne m'en rends pas compte mais ça fait un moment que le verbe prend corps. Comme une bulle qui gonfle et s'apprête à éclater...
7. ... Survient le verbe qui me révèle me fait exister. "Je" est. Je suis. Cogito ergo sum.
8. Absent coupé du monde je réfléchis du verbe. Générant ainsi la conscience. C'est le deuxième degré. Donnant lieu à un discours collectif auquel chacun est invité à prendre part. Tentative par la raison de se dégager d'un champ non maîtrisé l'inconscient. Pas évident.
9. Dans la pratique sociétale quotidienne les deux niveaux se mêlent. Le verbe agit via son interprétation par le corps. L'interprétation garantit l'altérité de l'être-corps-vivant. Sa liberté.
10. Présent branché au monde j'émets du verbe ou en reçois. Établissant ainsi un rapport de force-énergie-vie. C'est le troisième degré. Rhétorique dialectique. Tactique stratégie.
11. Nous ne pouvons faire autrement qu'en nous entendant. Même la guerre est une façon de nous entendre.
12. Il y a impression et expression. Qui est elle-même à son tour impression.
13. À part le verbe ? En dehors ? La méditation est une réponse. Concentré sur ma respiration vient le moment où je perds le sens signifiant de "respirer" et accède au sens sensoriel de "respirer". Passage de ergon/verbe à soma/corps.
14. À l'échelle de la Terre chaque être-corps-vivant est doté du verbe attaché à son espèce. L'évolution qui touche le corps/soma s'accompagne de l'évolution du verbe/ergon associé.
15. Est-ce que le moineau la fourmi l'acacia l'obsidienne ont une conscience ? J'ignore. Rien ne m'interdit de penser qu'ils en sont dotés. Il se trouve seulement que nulle interface permet la traduction d'un verbe à l'autre pour en convenir ou pas.
16. Le tilleul engendre chaque année des milliasses de graines. Combien donneront un tilleul adulte ? Hybris ? Soit on convient qu'il en s'agit bien là d'une forme. Soit ce n'est pas le cas et alors il est difficile de considérer la guerre comme telle.
17. Da capo. Or donc d'où vient le verbe ? Quelle est son origine ? Néanmoins ici comme ailleurs le processus à l'œuvre est l'évolution. Et je conviendrais qu'il fût déjà présent dès australopithèque en passant par sapiens jusqu'à aujourd'hui toujours actif. Mais il faut bien une histoire. Au commencement était...
18. ... Le son. Ainsi fut-il. Produit par la gorge. Il va prendre forme (et la gorge avec) s'enrichir se diversifier. Phrases musicales. Caractère de sélection et de pouvoir. Ainsi naît la voix et la prosodie.
19. Avant de se dresser l'homininé l'a intentionné. Par la voix. La voix signale la voie.
20. Quel que soit l'endroit où se posent mes yeux c'est nommé depuis longtemps. Plus une miette de chaos. Si un corps étranger faisait irruption il serait immédiatement circonscrit et affublé d'une ribambelle de vocables susceptibles de l'identifier.
Une autre situation serait celle d'un chaos total lors de ma naissance sans vocable en mémoire. Comment distinguer autrement qu'en nommant ? Borborygme vocal inaugurant ma mémoire verbale.
Au départ donc je vois. Le chaos. Je n'arrête pas de rien reconnaître. Je vois de façon intransitive. Soudain... Oh ! : signifie que la mémoire percute, je reconnais. Le verbe a précédemment enregistré en mémoire, codé. Le verbe a ainsi distingué en nommant. Je vois ça. Je vois de façon transitive pour la première fois. Je l'ai reconnu. Je vois ce que j'ai nommé.
Le chaos est indéterminé indéfini.
Pour sortir du chaos il faut distinguer. Distinguer c'est arracher quelque chose au chaos. Il faut de l'énergie. L'énergie adéquate ? Le verbe mobilisé par le corps. Mais au fait pourquoi sortir du chaos ? Pourquoi ne pas y demeurer ? Pour assouvir l'intention. Or le chaos absorbe toute intention. Sortir du chaos c'est entrer en vie, nourrie d'intention.
21. La mémoire est attachée au verbe comme son ombre. Pas de verbe sans mémoire car sinon comment re-produire le verbe. Et le temps et l'espace prennent ainsi forme peu à peu.
22. Via l'énergie verbale le corps humain crée des figures-totems-balises-concepts pour développer la puissance de son énergie verbale.
23. Exemples de figures-totems-balises-concepts : le sujet pour habiter le corps, le chaos pour désigner ce qui est, la vie pour organiser le chaos, la mort pour supporter la vie, l'esprit pour conjurer la mort, l'intention pour objectiver le verbe, la raison pour structurer le discours, dieu pour résoudre l'impossible, la conscience pour demeurer mortel...
24. Le corps délègue. C'est le sujet, toi moi Zoé, qui parle. Néanmoins le corps est et reste maître.
25. L'évolution du verbe fonctionne par étapes, la mode. Au cours d'une mode quelques figures verbales sont émises qui font l'objet de débats et controverses rejaillissant sur la vie sociale. L'assimilation s'accompagne de l'émergence de la mode à venir. Dans le même temps des figures périmées tombent en désuétude.
26. La mode permet de dire autrement le monde la vie. Une renaissance.
27. Depuis homo erectus l'horizon est à atteindre. Mais il demeure au loin. Inaccessible immuable éternel. Il s'ensuit une sensation lasse d'impuissance. Frustration vite balayée par le printemps et la mode nouvelle.
Dieu répond peut-être avant tout à l'impuissance. Tenace sparring-partner.
28. Le verbe façonne le monde différemment selon le langage support du verbe. Les mondes anglais arabe et chinois sont différents.
29. Le corps incarne le verbe. Ainsi le verbe-ergon et le corps-soma sont intimement intriqués. Impossible en fait de considérer l'un sans l'autre. Yin-Yang qu'on pourrait nommer "vorpus" par exemple.