J’ai l’impression que vous faites tout de même le grand écart pour aboutir à ces explications psychologisantes ;)
Une explication beaucoup plus simple : la France n’est pas concernée au premier plan comme l’indique Eunomia (les enjeux sont donc faibles) ; les textes ne sont pas facilement accessibles ; par contre, le roman de Carrière et le téléfilm ont été largement diffusés et ont contribué à brouiller les pistes.
Mais puisque vous semblez aimer les phénomènes « d’œillère collective », voici trois citations qui peuvent vous intéresser...
Comme je l’indiquais plus haut, au moment de la controverse, deux courants étaient présents pour justifier la conquête : la non-possession avec le Requierimento et la dépossession, objet de la controverse.
Commençons par le Requierimento… Ce texte est rédigé en 1512 et devait être lu aux Indiens avant de les attaquer pour faire office de justification à la guerre. Il indique que Dieu ayant donné les Indes à la couronne d’Espagne par l’intermédiaire du pape Alexandre VI (Bulle Inter caetera du 4 mai 1493), les Indiens doivent se soumettre faute de quoi les Espagnols auront un motif de guerre juste pour les asservir.
L’absurdité du texte peut prêter à sourire si ce n’est la réalité historique que l’on trouve derrière, mais considérons maintenant un texte de Tocqueville, beaucoup plus proche de nous :
Puis, encore plus proche :
Maintenant, dans la lignée des prises de position en faveur d’une dépossession, un texte célèbre de Jules Ferry mérite d’être cité :
Assez familier après la controverse de Valladolid non ?
Une explication beaucoup plus simple : la France n’est pas concernée au premier plan comme l’indique Eunomia (les enjeux sont donc faibles) ; les textes ne sont pas facilement accessibles ; par contre, le roman de Carrière et le téléfilm ont été largement diffusés et ont contribué à brouiller les pistes.
Mais puisque vous semblez aimer les phénomènes « d’œillère collective », voici trois citations qui peuvent vous intéresser...
Comme je l’indiquais plus haut, au moment de la controverse, deux courants étaient présents pour justifier la conquête : la non-possession avec le Requierimento et la dépossession, objet de la controverse.
Commençons par le Requierimento… Ce texte est rédigé en 1512 et devait être lu aux Indiens avant de les attaquer pour faire office de justification à la guerre. Il indique que Dieu ayant donné les Indes à la couronne d’Espagne par l’intermédiaire du pape Alexandre VI (Bulle Inter caetera du 4 mai 1493), les Indiens doivent se soumettre faute de quoi les Espagnols auront un motif de guerre juste pour les asservir.
L’absurdité du texte peut prêter à sourire si ce n’est la réalité historique que l’on trouve derrière, mais considérons maintenant un texte de Tocqueville, beaucoup plus proche de nous :
Alexis de Tocqueville – De la démocratie en Amérique I,A,1 – 1835 a écrit:Quoique le vaste pays qu’on vient de décrire fût habité par de nombreuses tribus d’indigènes, on peut dire avec justice qu’à l’époque de la découverte il ne formait encore qu’un désert. Les Indiens l’occupaient, mais ne le possédaient pas. C’est par l’agriculture que l’homme s’approprie le sol, et les premiers habitants de l’Amérique du Nord vivaient du produit de la chasse. Leurs implacables préjugés, leurs passions indomptées, leurs vices, et plus encore peut-être leurs sauvages vertus, les livraient à une destruction inévitable. La ruine de ces peuples a commencé du jour où les Européens ont abordé sur leurs rivages ; elle a toujours continué depuis ; elle achève de s’opérer de nos jours. La Providence, en les plaçant au milieu des richesses du Nouveau-Monde, semblait ne leur en avoir donné qu’un court usufruit ; ils n’étaient là, en quelque sorte, qu’en attendant. Ces côtes, si bien préparées pour le commerce et l’industrie, ces fleuves si profonds, cette inépuisable vallée du Mississipi, ce continent tout entier, apparaissaient alors comme le berceau encore vide d’une grande nation.
Puis, encore plus proche :
Victor Hugo – Commémoration de l’abolition de l’esclavage – 18 mai 1879 a écrit:Au dix-neuvième siècle, le blanc a fait du noir un homme ; au vingtième siècle, l’Europe fera de l’Afrique un monde. (…) Allez, Peuples ! emparez-vous de cette terre. Prenez-la ? A qui ? à personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes. Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la.
Maintenant, dans la lignée des prises de position en faveur d’une dépossession, un texte célèbre de Jules Ferry mérite d’être cité :
Jules Ferry – Débat public à l’Assemblée Nationale le 28 juillet 1885 « Les fondements de la politique coloniale » a écrit:Ce qui manque à notre grande industrie, que les traités de 1860 ont irrévocablement dirigée dans la voie de l’exportation, ce qui lui manque de plus en plus, ce sont les débouchés. (...)
Il y a un second point que je dois aborder (...) c'est le côté humanitaire et civilisateur de la question (...) Les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. Je dis qu'il y a pour elles un droit parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures (...)
Assez familier après la controverse de Valladolid non ?