Donc,
Zingaro, d'après vous, il ne serait pas possible d'avoir un aperçu suffisant sur un auteur, permettant de le situer, lui et son œuvre, avant de s'engager à le lire de plus près, et on ne serait habilité à le connaître et en parler que si on a lu l'intégralité de son œuvre... Bien.. je vous laisse juge de vos méthodes de sélection de lectures ; en tout cas auriez-vous lu assidûment en long et en large l'ensemble des ouvrages d'un philosophe, cela ne préjugerait en rien de la justesse de vos appréciations et interprétations sur sa pensée et ne vous qualifierait aucunement pour juger de la pertinence de ce qu'en pensent vos contradicteurs... mais bon, on ne va pas ouvrir un sujet là dessus, et épiloguer pendant des heures.
Zingaro a écrit: Ça me semble beaucoup plus compliqué. Ce n'est pas simplement que l'imaginé cohabite avec le réel et se trouve confondu avec lui (comme chez un enfant qui croit au Père Noël par exemple), dans le cas d'une mort suggestive c'est que le produit de l'imaginaire vient "trouer" le réel : l'individu meurt en effet, alors qu'il est en parfaite santé. Il n'imagine pas qu'il va mourir : il sait qu'il va mourir, d'une façon qui me semblera difficile à saisir dans une perspective hégélienne ou en comparant simplement avec l'enfant. Au contraire, il n'y a aucun cas rapporté d'enfant décédé ainsi, à ma connaissance ce sont toujours des adultes (et, chose intéressante, les adultes décèdent parfois d'une faute commise alors qu'ils étaient enfants - le cas est rapporté dans l'ouvrage de Mauss. Ceci dit il est plus difficile de lier la transgression du tabou et la mort suggestive quand des années les séparent) ; et je pense que c'est parce que l'enfant n'est pas en mesure d'être à tel point affecté, le "nœud" (réel-symbolique-imaginaire) n'étant pas véritablement en place.
Je trouve amusante votre expression "trouer le réel", mais dans la crainte que cela ne dépasse pas le stade de l'image. Et pour savoir si ce phénomène peut être saisi "dans une perspective hégélienne" faudrait-il encore que vous ayez au moins perçu cette perspective : ce dont je doute d'après ce que vous en dites.
Je note par ailleurs que vous qualifiez de "simpliste" la comparaison que je suggérais avec l'enfant alors que c'est vous qui la dénaturez et la réduisez en transposant directement l'observation d'un cas (société primitive) à l'autre cas (enfant). Autrement dit, vous faites cette translation au niveau du cas particulier, du "fait" (vous dites d'ailleurs "aucun cas rapporté") alors qu'il s'agissait d'établir cette comparaison au niveau des inter actions complexes existant au niveau des "lois" régissant ces faits ou phénomènes relatifs à la vie organique.
Confondre le
fait et le
droit, c'est ici que se trouve la simplification que vous effectuez vous-même, en la décrétant chez les autres, ce qui vous conduit à conclure que la comparaison ne tient pas. En l'occurrence il s'agit d'observer la similitude qui existe au niveau du rôle, de la
fonction (approche holiste et non réductionniste) remplie par l'imaginaire dans les deux cas, à l'échelle de l’anthropogenèse (évolution des sociétés, de l'espèce, au cours de l'histoire), puis dans l'optique de l’ontogenèse (évolution d'un individu de l'espèce au cours de sa propre vie), à propos de phénomènes intervenant dans l'évolution du vivant.
Il est évident que s'il vous faut constater le cas d'un enfant qui se suicide (à cause d'une défaillance du père noël ?) pour valider la comparaison... (en utilisant ce que je sous-entendais par vision "borgne" ou "hémiplégique") nous ne risquerons pas de faire coïncider nos conclusions.
S'agissant du cas de suicide rapporté par Mauss, suite à cette "faute commise dans l'enfance" : je relève qu'il s'agit ici d'une question impliquant le "sentiment de culpabilité" qu'on sait, au moins depuis Freud, entrer dans le processus de structuration de la personnalité, ou de formation du surmoi, et qui s'opère au niveau de l'inconscient, "lieu" qui dans le mental est situé hors de la prise en compte de l'espace et du temps : rejoignant pour ainsi dire ce "lieu" de l'esprit où se noue "secrètement" les choses au niveau de leur essence, et probablement en rapport avec ce que la psychanalyse (Freud puis Lacan..) a défini en matière de "déplacements" (cf. notions de métaphore et métonymie).
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Crosswind a écrit: Vous pointez du doigt le problème véritable de votre question, et je pense l'origine de ces petits désaccords qui émaillent votre fil : les notions de culture et de nature sont loin d'être des notions acquises d'avance et tout dialogue entrepris sans avoir préalablement déterminé un terrain d'entente sur ce que signifient précisémment les mots culture et nature sera vain. Cette détermination même de terrain d'entente est malheureusement source de grandes difficultés.
Tenter l'obtention d'une définition - commune à tous les participants de ce débat - sur ce que doit être la nature, ou Nature, et la culture, ou Culture, amènera immanquablement à parler de métaphysique. En conséquence, je suis fermement convaincu que l'on ne pourra pas aboutir à une définition qui plaira à tous car, parmi les participants au débat, nous trouverons des fidèles de toutes les sortes de philosophies se terminant en -isme, ce qui bloquera fatalement toute progression à un moment ou un autre. La Nature pour un matérialiste ne sera probablement pas identique à celle de l'idéaliste. Bref, cela coincera si l'on se jette aussi loin dans la définition des termes. Par contre il reste possible, à mon sens, d'obtenir une définition des termes sus-mentionnés après avoir établi des axiomes bien déterminés, selon votre arbitraire, seuls aptes à cadrer votre débat. Mais dans ce cas, le débat sera-t-il seulement intéressant d'un point de vue philosophique ? Ne concernera-t-il pas principalement des anthropologues, sociologues ?
Donc, soit on prend la nature et la culture, et leurs relations quelle qu'elles soient comme, finalement, un prétexte d'analyse de courants philosophiques et on n'est pas sorti de l'auberge car les débats risquent fortement de partir dans tous les sens, sans aucune structure et ce fil sera à terme [EDIT : probablement] fermé. Soit l'on (vous en l'occurrence) balise clairement les limites permises au débat (rien n'empêche de créer plusieurs points de départs au moyen de balises différenciées), ce qui permettra une discussion moins hermétique, moins "aventureuse", qui aura le mérite d'éclairer la relation sous un angle clair et déterminé.
Enfin, c'est comme cela que je vois les choses après trois pages !
Bonne journée.
Ce que vous dites est à la fois vrai et faux. Effectivement nos approches, de part et d'autre, sont différentes voire opposées, mais vous auriez tort de parier que cette discussion est partie pour être stérile et vouée à l'échec, car au contraire une confrontation d'avis différents peut être constructive dans la mesure où elle peut permettre de faire un peu plus de clarté sur les
raisons de ces divergences, sachant que la finalité n'est pas obligatoirement de convaincre son contradicteur. D'autant plus qu'accepter la contradiction est aussi le but de l'exercice.
En tout cas votre suggestion d'en passer par des définitions ne résoudrait pas le désaccord puisque c'est justement sur les
dé-finitions que nous divergeons.
Merci de ne pas aligner plusieurs messages à la suite mais d'utiliser la fonction EDITER- Vangelis.