bibou a écrit:Au plan philosophique, on peut soutenir, avec Spinoza, que ce qui différentie un homme d’un animal, c’est uniquement la complexité de son corps. « L’homme n’est pas un empire dans un empire », ce qu’avait déjà dit Montaigne :« C’est par la vanité de cette mesme imagination, qu’il [l’homme] s’egale à Dieu, qu’il s’attribue les conditions divines, qu’il se trie soy mesme et separe de la presse des autres creatures, taille les parts aux animaux ses confreres et compaignons, et leur distribue telle portion de facultez et de forces que bon luy semble. »(Essais II 12 – Villey p. 452)
Qu'il n'y ait qu'une différence de degré entre l'homme et l'animal, que la pensée soit une activité s'originant dans le corps, d'accord, mais cela n'en fait pas des êtres semblables en tout. Comme le dit Montaigne, les facultés et forces se retrouvent différemment selon les espèces. Je ne crois pas que la pensée confère une supériorité à l'homme, l'animal est lui aussi un être sentient : il peut pâtir, éprouver des sensations, faire preuve d'intentionnalité ou d'intelligence. On découvre tous les jours à quel point les animaux sont plus proches de nous que ce que nous pensions. Ce que je ne comprends pas, c'est sous quelle forme il pourrait y avoir une pensée : car jusqu'à présent, on a défini (très humainement) la pensée comme un discours que l'on se tient à soi-même (Platon) et comme un jugement. C'est une manière de se rapporter aux choses et à soi-même par la formulation d'énoncés. Sans mots, je ne vois pas où se loge une prétendue pensée, que ce soit chez l'homme ou chez les autres animaux. Il faudrait qu'ils puissent investir les choses de significations.