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A la recherche du philosophe.

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Euterpe
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magma
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descriptionA la recherche du philosophe. - Page 7 EmptyRe: A la recherche du philosophe.

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J'ai pris soin d'employer des guillemets et une conjonction de coordination n'ayant pas plus, ici, la fonction d'une disjonction inclusive que celle d'une disjonction exclusive. Je nomme une "indétermination" (partielle). Je reprends : le philosophe essaie de définir son objet (objet qui manifestement lui échappe, en partie, depuis 25 siècles, puisque il est sans cesse amené à le ressaisir, etc.). Or, l'autre objet de la philosophie, l'action, est fonction de cet objet dont il est sans cesse dessaisi. Par conséquent, si on peut multiplier les définitions de la sagesse, certaines étant même plus que concurrentes, il importe surtout de prendre conscience que le philosophe se propose une double tâche indissociable : définir son objet (pensée, cognition) ; définir son action (sagesse, pratique, régime, prudence, etc.).

Encore une fois, sans affirmer que la question ne se pose pas, je doute de son intérêt, au moins parce que la philosophie est affaire personnelle (ce qui ne signifie pas qu'elle soit à la discrétion de tout le monde...), et qu'elle repose nécessairement sur l'exemple (cf. paradeigma, exemplum, etc.). On le voit encore par la fréquence avec laquelle beaucoup de lycéens ou d'étudiants signalent la difficulté de leur relation avec leurs professeurs (de philosophie ou d'autre chose). L'enseignement de la philosophie est un objet sensible aux yeux des jeunes précisément parce que n'étant pas des demeurés, ils "intuitent" bien que l'action et la pensée sont fonction l'une de l'autre, a fortiori chez les enseignants, et chez les enseignants, a fortiori chez ceux qui enseignent la philosophie. On n'entre pas en philosophie si on n'entend pas quelqu'un (l'articulation par excellence de la chair et de l'esprit, la parole).

Ainsi, ceux que la sagesse occupe s'instruiraient plus en témoignant les uns aux autres de leur expérience vécue qu'en improvisant des soliloques interjetés dans une cacophonie inintelligible.

Dernière édition par Euterpe le Mer 17 Aoû 2016 - 22:13, édité 1 fois

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Euterpe a écrit:
Ainsi, ceux que la sagesse occupe s'instruiraient plus en témoignant les uns aux autres de leur expérience vécue qu'en improvisant des soliloques interjetés dans une cacophonie inintelligible.

La "sagesse" serait alors plus l'appropriation d'une expérience empirique partagée, qu'une définition pseudo intellectuelle. Elle serait là, tout prêt de nous, cachée ou recouverte d'un parterre d'illusions, il suffirait de balayer devant chez soi pour la faire apparaitre et l'apercevoir ? Plus qu'un concept, elle serait tout simplement une expérience partagée ? Est-ce bien là ce que vous voulez dire ?

Mais même dans l'acceptation de cette idée, ne serions-nous pas déjà en train d'essayer de l'appréhender en la définissant comme telle ? Elle n'est peut-être pas à chercher car déjà en chacun de nous dans un état plus ou moins végétatif qui ne demande qu'à se révéler à la conscience, et c'est sans doute ceux qui ne la cherchent pas, ceux qui ignorent qu'ils en sont pourvue qui en font bon usage ?

Sur le sujet du professeur de philosophie et de son élève, voulez-vous dire que s'il existe un malaise, il viendrait de l'incapacité de certains professeurs à reconnaître que l'élève possède lui aussi des savoirs ou des idées voire des "mèmes" "intuitifs" ? Il est vrai que lorsque j'étais en terminale, je trouvais les cours de philosophie ennuyeux, difficiles d'accès, aujourd'hui je la redécouvre et je la trouve passionnante, je ne sais pas trop si c'est dû à une évolution de ma personne, ou bien au professeur de l'époque qui nous lisait des textes de philosophie d'une voie monocorde qui donnait une profonde envie de s'endormir, je ne pense pas qu'ils soient tous comme ce dernier.

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Pour ce qui est de la philosophie, l'aimer ne suffit pas, je pense. Combien de gens sont passionnés par la poésie, en écrivent (et parfois de la bonne), sans pour autant être poètes ? Pour quelle raison ? C'est parce qu'être poète (et c'est ce qu'il a en commun avec le philosophe),c' est une manière d'être, une attitude. Si bien que faire de la poésie est à la portée de tous (il suffit d'aimer la poésie, d'apprendre quelques règles, de lire, etc.) mais l'attitude du poète n'est pas quelque chose qui s'obtient par une méthode ou une technique. J'ai lu il n'y a pas longtemps La dame blanche de Bobin, et il y a un paragraphe intéressant sur cette attitude :

Christian Bobin a écrit:
Un poète, c'est joli quand un siècle a passé, que c'est mort dans la terre et vivant dans les textes. Mais quand c'est chez vous, un enfant épris d'absolu, bouclé dans sa chambre avec ses livres, comme un jeune fauve dans sa tanière enfumée par Dieu, comment l'élever ? Les enfants savent tout du ciel jusqu'au jour où ils commencent à apprendre des choses. Les poètes sont des enfants ininterrompus, des regardeurs de ciel, impossibles à élever.

Il n'y a peut-être pas tout le poète, mais le rapport au divin fait du poète l'enfant regardeur de ciel. Le poète, c'est l'étonné par excellence (avec le philosophe, bien entendu). C'est pour ça que c'est un enfant, mais un enfant particulier... Pessoa dit que le poète est celui qui, ayant quitté l'enfance de l'esprit, est parvenu à retrouver l'esprit de l'enfance. Il me semble que c'est une phrase qui mérite d'être méditée ! 

Bref, tout cela pour dire que le philosophe, si l'on tente de le définir, me semble ne pouvoir se définir que par une attitude, une manière d'être, qui contient toute la quête du philosophe (son chemin, ses questions, etc.).
L'amour seul de la philosophie ne rend pas philosophe... D'ailleurs, pour parler en termes stricts, je me demande si l'on devient, au sens propre, philosophe ; ou bien si l'on se reconnaît philosophe...

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nnikkolass a écrit:
Euterpe a écrit:
Ainsi, ceux que la sagesse occupe s'instruiraient plus en témoignant les uns aux autres de leur expérience vécue qu'en improvisant des soliloques interjetés dans une cacophonie inintelligible.

La "sagesse" serait alors plus l'appropriation d'une expérience empirique partagée, qu'une définition pseudo intellectuelle. Elle serait là, tout près de nous, cachée ou recouverte d'un parterre d'illusions, il suffirait de balayer devant chez soi pour la faire apparaître et l'apercevoir ? Plus qu'un concept, elle serait tout simplement une expérience partagée ? Est-ce bien là ce que vous voulez dire ?

Mais même dans l'acceptation de cette idée, ne serions-nous pas déjà en train d'essayer de l'appréhender en la définissant comme telle ? Elle n'est peut-être pas à chercher car déjà en chacun de nous dans un état plus ou moins végétatif qui ne demande qu'à se révéler à la conscience, et c'est sans doute ceux qui ne la cherchent pas, ceux qui ignorent qu'ils en sont pourvus qui en font bon usage ?


Vous n'avez pas compris ce que j'ai écrit. Nulle part je ne parle d'appropriation ou de partage (partage d'autant moins possible que l'expérience philosophique est personnelle), encore moins d'un fantôme niché on ne sait où, intériorité, conscience ou tout ce que vous voudrez. Je parle de témoignages (pour leur valeur d'exemples). Pour le reste, je ne dis pas que la philosophie est indéfinissable et que le jeu consisterait précisément à ne pas la définir. J'ai précisé quels sont les deux "objets" conjoints de la philosophie, objets dont l'histoire montre tout à la fois un dessaisissement et un ressaisissement permanents, puisque l'Être (réel ? monde ? univers ? etc.) semble reculer à mesure qu'on s'en rapproche, et que nous ne savons pas plus définir les normes de nos actions que nos ancêtres (c'est même devenu plus difficile, avec la technique et/ou la techno-science, comme donnée supplémentaire qui multiplie les effets imprévisibles ou imprévus et, d'une manière générale, qui perturbe et complique de manière exponentielle la concaténation des causes et des effets).

@Desassocega,

Beaucoup d'enfants sont dans la même situation que celle du tableau de Bobin : la plupart ne deviennent pas poètes. Bien sûr, certains ont "l'âme du poète" ; quoiqu'il en soit, pas d'œuvre pas de poète. L'attitude est un critère spécieux et dirimant, aussi bien pour la poésie que pour la philosophie.

Dernière édition par Euterpe le Mar 6 Juil 2021 - 1:02, édité 2 fois

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Euterpe a écrit:
Beaucoup d'enfants sont dans la même situation que celle du tableau de Bobin ; la plupart ne deviennent pas poètes.

Tout à fait, d'où la phrase de Pessoa et la distinction entre l'enfance de l'esprit et l'esprit de l'enfance.

Euterpe a écrit:
quoi qu'il en soit, pas d'œuvre, pas de poète. L'attitude est un critère spécieux et dirimant, aussi bien pour la poésie que pour la philosophie.

Qu'il soit nécessaire d'avoir une œuvre, je l'entends fort bien. Mais je ne vois pas comment l'attitude peut être quelque chose de spécieux et de dirimant pour la reconnaissance d'un poète ou d'un philosophe. 
Quand on voit Socrate à l'œuvre, il est clair que c'est sa manière d'être et de se comporter qui fait son étrangeté au sein de ses interlocuteurs. Les nuées d'Aristophane mettent aussi cela en exergue, même s'il s'agit ici d'humour et de moquerie. 

Il faut une œuvre, certes, et c'est peut-être le plus important dans le sens où quand passe le temps (quoique aujourd'hui l'enregistrement audio-visuel permette de garder ce rapport) le seul rapport au poète ou philosophe est l'œuvre qu'il laisse. Mais l'attitude, la disposition d'esprit, etc., me semblent tout de même bien plus importants et révélateurs que ce que vous en dites. Quand on parle à un homme qui se dit philosophe ou dont on dit qu'il est philosophe, ce qui nous indique s'il est un imposteur ou non, c'est surtout, je pense, sa façon d'interroger, d'écouter, de penser, etc.
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