Euterpe a écrit: Vous n'avez pas compris ce que j'ai écrit. Nulle part je ne parle d'appropriation ou de partage (partage d'autant moins possible que l'expérience philosophique est personnelle), encore moins d'un fantôme niché on ne sait où, intériorité, conscience ou tout ce que vous voudrez. Je parle de témoignages (pour leur valeur d'exemples). Pour le reste, je ne dis pas que la philosophie est indéfinissable et que le jeu consisterait précisément à ne pas la définir. J'ai précisé quels sont les deux "objets" conjoints de la philosophie, objets dont l'histoire montre tout à la fois un dessaisissement et un ressaisissement permanents, puisque l'Être (réel ? monde ? univers ? etc.) semble reculer à mesure qu'on s'en rapproche, et que nous ne savons pas plus définir les normes de nos actions que nos ancêtres (c'est même devenu plus difficile, avec la technique et/ou la techno-science, comme donnée supplémentaire qui multiplie les effets imprévisibles ou imprévus et, d'une manière générale, qui perturbe et complique de manière exponentielle la concaténation des causes et des effets).
Qu'est-ce qui se passe quand on "témoigne les uns aux autres d'expériences vécues" ? En quoi cela peut-il instruire sur ce qu'est la sagesse si ce n'est par un phénomène d'appropriation subjectif de cette expérience ? (j'ai du mal à comprendre ce que signifie le témoignage d'expériences vécues s'il n'y a pas un phénomène d'appropriation ?)
Pour la deuxième partie, je vous rejoins, les "évolutionnistes" pensent d'ailleurs que ces avancées technologiques très rapides sont causes de certains symptômes (angoisse, dépression, etc.) chez certains être humains, car la sélection naturelle n'a pas eu le temps de les intégrer pour nous y adapter au mieux...
Desassossego a écrit: Quand on parle à un homme qui se dit philosophe ou dont on dit qu'il est philosophe, ce qui nous indique s'il est un imposteur ou non, c'est surtout, je pense, sa façon d'interroger, d'écouter, de penser, etc.
Je ne suis pas sûr que dans toutes les situations on puisse qualifier d'imposteur celui qui se prête une qualité qu'il n'a pas réellement : en effet, je rencontre beaucoup de personnes dans ce cas, mais je remarque qu'elles croient vraiment être en possession de ladite qualité. Beaucoup de personnes (particulièrement en politique (au sens moderne du terme), voire chez certains commerciaux ou autres...) finissent par vraiment croire à leurs mensonges (y compris moi-même, sans doute, parfois...). Du coup, je ne sais pas si c'est une imposture ou plutôt une erreur d'interprétation, je ne les vois pas comme des menteurs mais plutôt comme des gens qui se protègent ou préservent leur estime de soi derrière des illusions...
Euterpe a écrit: Desassossego a écrit: Mais je ne vois pas comment l'attitude peut être quelque chose de spécieux et de dirimant pour la reconnaissance d'un poète ou d'un philosophe.
Quand on voit Socrate à l'œuvre, il est clair que c'est sa manière d'être et de se comporter qui fait son étrangeté au sein de ses interlocuteurs.
Le cas de Socrate vous montre justement que l'attitude ne saurait constituer un critère sérieux, précisément parce que lui, le parangon de la sagesse (en grande partie forgé par Platon), n'était pas pris au sérieux, pas plus que les sophistes. Si vous deviez vous en remettre à l'attitude respective des philosophes les plus connus, vous ne les reconnaîtriez pas comme tels, pour la plupart d'entre eux.
Comparez Lamartine, Musset, Vigny, Gautier, Hugo, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, etc. Essayez donc de détecter, à partir de leur attitude, ce qui fait d'eux des poètes perceptibles, reconnaissables comme tels. Comparez-lez aux Góngora, Marino, Lyly, Saint-Amant, etc.
Évitons le psittacisme.
Vous dites que
Socrate n'était pas pris au sérieux, de quelle époque parlez-vous ? aujourd'hui ? ou à l'époque antique ? Il me semble que même de son vivant, il avait une certaine renommée sans pour autant avoir écrit une œuvre ? Il me semble que certains de ceux qui ont condamné Socrate ont été sanctionnés par la suite, ce qui pourrait montrer que certains le considéraient, mais peut-être que Socrate est un cas à part ? ou peut-être que je n'ai pas bien compris vos propos ?