Je me questionne. Faut-il être philosophe pour comprendre le monde ?
J’ouvre mes yeux, je contemple la nature et je ressens l’air caresser mon visage, j’entends la rivière s’écraser contre des rochers et j’admire avec ignorance notre monde qui évolue sans trop se soucier de mon existence. La nature, elle, ne se pose pas autant de questions que moi, elle continue d’avancer avec ses propres moyens, elle déploie la même énergie à construire et reconstruire notre environnement au grès des époques.
J’avance vers des sentiers perdus, la végétation luxuriante me prive de la lumière du soleil si bien que j’observe l’ombre de la nature. Comment savoir si je vois vrai ? Il se peut même que mon esprit crée lui-même ce monde dans lequel je vieillis. Comme un fond vert au cinéma, mon cerveau crée le décor, la lumière et anime l’histoire de ma vie dans l’illusion la plus totale. La mort sonne la fin du film et le monde s’évanouit dans l’obscurité, tel un virage, il sombre dans le néant.
Je m’allonge au sol. L’herbe me chatouille les oreilles, quelques fourmis escaladent mon corps et parcourent mes jambes déshabillées. La terre est-elle ma destinée ? Naît-on pour mourir ? A la fin de ma vie, je serais enterré et les insectes en tout genre se nourriront de mon corps froid et sans vie. Quel est le but à tout cela ? Le monde a-t-il un sens quand un enfant ne vit que quelques mois avant d’être arraché des vivants ? Ne cherchez pas la morale dans la nature, vous ne trouverez qu’une justice naturelle différente, à bien des égards, de nos croyances, de nos lois, de notre éthique … La nature c’est la survie et quand on survit les règles ne sont plus les mêmes …
Je ferme les yeux. Je m’imagine voler au-dessus des arbres, libre comme l’air, aller et venir sans contrainte corporelle, détaché de ma maladie, de mon handicap, j’explore un monde nouveau. L’imagination m’accompagne dans un univers de détachement, dans lequel plus rien de semble important, où la survie n’est plus qu’un mythe. Quel monde est le plus réel ? Celui de mes rêves qui me rend heureux ou bien celui que j’observe à travers mes sens qui m’accable de souffrances ?
Je ne possède ni la culture nécessaire ni l’intelligence d’un philosophe pour répondre à mes nombreuses questions … Je n’ai que l’esprit d’un jeune homme curieux, admiratif, ignorant à la recherche de la Vérité.
Comment faire l’expérience de la vérité quand une grande partie de celle-ci échappe à notre conscience, échappe même à notre être tout entier ? Par exemple, peut-on affirmer qu’il n’y a rien après la mort sans pouvoir et sans en avoir fait l’expérience ? Ne confond-t-on pas notre vérité à La Vérité ? Pourquoi partir du postulat que la mort signifie l’anéantissement ? N’est-ce pas contraire à l’esprit scientifique d’affirmer une chose non vérifiable ?
La philosophie peut-elle réellement m’aider à comprendre le monde ?
Je sais que mon sujet comporte de nombreuses interrogations, je peux résumer avec la question suivante : comment accéder à la Vérité (unique et universelle) sur un sujet qui dépasse notre entendement (par exemple la grandeur de l'univers), un sujet qui n'est pas possible d'expérimenter et de vérifier à travers nos sens ? Existe-t-il une méthode pour essayer d'accéder à la Vérité sur un sujet donné (sans se perdre dans la croyance, l'interprétation, et l'illusion) ?