maman montre un objet, dit son nom et demande qu'on le répète.
Ah non ! De toute évidence, vous ne vous êtes jamais occupé de jeunes enfants, ni comme parent, ni comme éducateur. On n'apprend pas à parler à un enfant comme on programme un ordinateur. Le plus important, pour que l'enfant puisse parler, ce n'est pas le nom associé à l'objet, mais la pertinence globale d'un processus affectif dans lequel sont spontanément associés des perceptions visuelles, des sons, des odeurs, des impressions tactiles, des êtres humains, etc. Un enfant n'apprend pas des mots. Il apprend à vivre, comme n'importe quel être vivant, dans un univers de signes de pertinences qui alimentent et renforcent ses dispositions naturelles parmi lesquelles, effectivement, la disposition au langage.
la relation entre la pensée et le langage. Qui précède qui ? Il n'est pas difficile de vérifier comment les choses se passent [...]. Le petit enfant apprend à parler. Jusque là, qu'on me prouve le contraire, il n'apprend pas vraiment à penser,
"Penser n’est pas un processus incorporel que l’on puisse détacher de la parole. Toutefois, il n’y a aucun mal à dire que penser est un processus incorporel, mais à condition de distinguer la grammaire du mot ‘‘penser’’ de celle du mot ‘‘manger’’ par exemple"(Wittgenstein, Recherches Philosophiques, §339). Encore une fois "penser" fait partie d'un jeu de langage métaphysique (d'un schème conceptuel essentiellement grammatical), "manger", "parler", courir", etc. de jeux de langages dans lesquels il y a surtout du physique (et un peu de métaphysique).
Je viens de prendre conscience de quelque chose d'assez terrifiant. [...] Mais quand maman, en montrant des images, dit : le chat miaule, le cheval hennit, donc en formant des phrases, il s'agit sans doute du départ vers la Pensée. Et si elle dit : Dieu a créé le Monde... Catastrophe !
Pourquoi serait-ce une catastrophe ? Le développement psychique de l'enfant nécessite des récits merveilleux qui le familiarisent avec la complexité du monde en en simplifiant les données. Le problème n'est pas que l'enfant entende dire que Dieu à créé le monde, mais plutôt qu'il finisse par s'imaginer que Dieu a créé le monde comme Bouygues fabrique ses ensembles urbains. Bref, qu'il confonde l'imaginaire poétique (métaphysique) avec la réalité physique. Ce qui dépend de l'attitude des parents et des éducateurs, mais aussi des rencontres spontanées dont sera faite la vie ultérieure de l'enfant.
la réduction de la signification du langage à une grammaire (à mon avis) ne recouvre pas la totalité du contenu de l'énoncé théologique, mais qu'il soit effectivement par là même, impossible de transcrire l'expérience des croyants
Sur ce fil de discussion, je tente d'expliciter la position de Wittgenstein à propos de problèmes liés au thème de la religion. De ce point de vue, la théologie est une partie de la métaphysique, donc un ensemble d'énoncés grammaticaux. Dès lors, il n'y a aucun sens à parler d'"expérience" à propos de la foi, car il n'y a pas d'"expérience" métaphysique. Nous sommes sur un forum philosophique. Vous avez donc le droit de contre-argumenter philosophiquement, mais dire que vous n'êtes pas d'accord (ce qui est votre droit le plus strict) ne constitue en aucune manière un argument philosophique.