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Y a-t-il une subjectivité ?

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Silentio
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Euterpe
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descriptionY a-t-il une subjectivité ? - Page 24 EmptyRe: Y a-t-il une subjectivité ?

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Desassossego a écrit:
Mais je ne vois pas quelle piste donne Gœthe... Il me paraît plus mener à un mode d'être romantique plutôt qu'à une porte de sortie.

"Est classique ce qui est sain, romantique ce qui est malade", disait Gœthe. Un petit cadeau en fichier joint.

Desassossego a écrit:
Euterpe a écrit:
Benedetto Croce a beaucoup écrit à ce sujet. Sa lecture, sur ce point comme sur d'autres, me paraît indispensable.

Est-ce dans son Histoire de l'Europe du XIXe

Dans ses œuvres esthétiques. https://archive.org/search.php?query=benedetto%20croce%20AND%20mediatype%3Atexts
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descriptionY a-t-il une subjectivité ? - Page 24 EmptyRe: Y a-t-il une subjectivité ?

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Silentio a écrit:
Voulez-vous parler de la sécheresse et de la concision de ses phrases ?


Oui, même si je n’emploierais pas ce terme qui me semble peut-être un peu péjoratif. Il y a chez lui une finesse stylistique qu'on ne trouve chez aucun autre auteur de son époque, et qui rappelle bien plus l'écriture épurée du XVIIIe que celle des romantiques qui lui sont contemporains. Stendhal est bien plus proche d'un Crébillon fils que d'un Balzac. Avec Stendhal, l'émotion n'est jamais artificielle. Il a le génie de la formule, ce qui est très rare ! Beaucoup applaudissent chez lui une finesse psychologique, mais il s'agit plus d'un art de la formule ; sans parler de son ironie de très haut vol, ainsi que de son cynisme énergique ("Tout bon raisonnement offense" ; "Le caractère de la force est de se foutre de tout et d'aller de l'avant"...). Et il est à noter que tout ceci n'empêche en rien les élans sincères du cœur, élans toujours authentiques, sans fards, sans artifices.

Merci pour les liens Euterpe !

descriptionY a-t-il une subjectivité ? - Page 24 EmptyRe: Y a-t-il une subjectivité ?

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Silentio a écrit:
Peut-on penser que sortir du romantisme puisse passer par l'inversion du rapport entre intellect et affect, afin de mettre le premier au service du second (utiliser son esprit pour désentraver le corps et les passions ou ne pas subir les passions tristes) ?

Pourquoi ne pas lire (au moins) le 12e chapitre de L'Âme et la Vie de C. G. Jung, ainsi que l'autobiographie de Lou Andreas-Salomé ?

descriptionY a-t-il une subjectivité ? - Page 24 EmptyRe: Y a-t-il une subjectivité ?

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Merci pour ces conseils de lecture.

descriptionY a-t-il une subjectivité ? - Page 24 EmptyRe: Y a-t-il une subjectivité ?

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Euterpe a écrit:
De même, l'inconscient est souvent nommé comme tel, avec une grande lucidité, bien des décennies avant l'invention de la psychanalyse. Ainsi Nietzsche a des choses à nous dire à propos du sujet, et fondamentales ; Freud également. Or, on se focalise sans cesse sur le nihilisme nietzschéen, par exemple, ou l'inconscient freudien, en négligeant jusqu'à l'occulter, leur projet : la destruction du sujet. Évitons pour lors de rapprocher abusivement ces deux hommes, dont la démarche n'est pas la même. Simplement, essayons d'interroger l'iconoclasme de l'un et de l'autre. Le moi n'est qu'une habitude, selon Nietzsche, et ni plus ni moins que le résultat toujours provisoire de processus qui se combinent et se recombinent sans cesse (cf. la volonté). Pour Freud, il aura fallu trois topiques pour se donner certains moyens de repérer ce qu'on appelle "moi", lequel n'est rien de plus, chez lui, qu'une instance conceptuelle commode à manipuler, mais jamais plus qu'une vitrine qui doit nous inciter à regarder du côté de l'arrière-boutique.


Il est dommage d'avoir évacué Freud du débat, après avoir proposé d'interroger le caractère iconoclaste de sa conception du sujet. 

Le projet de Freud n'était pas la destruction du sujet. 

Freud a bien une conception du sujet. Le véritable sujet selon Freud, c'est le sujet de l'inconscient (et non l'inconscient du sujet). Il est impossible dans la perspective freudienne de parler -au sens propre de "s'adresser"- au sujet de l'inconscient. C'est du sujet de l'inconscient que viennent des paroles. 

Quant au moi, selon Freud, c'est une sorte d'outil servant à concilier réel et vie psychique (pas toujours une réussite), mais le moi est aussi une construction imaginaire, en ce sens que le moi se pense lui-même comme unité, ce qui est une illusion.

Le sujet freudien se manifeste par un langage qui ne renvoie pas à une conception unitaire du sujet (contrairement au moi prisonnier de son imaginaire). 

Le sujet selon Freud s'oppose au moi, mais il se prend aussi pour le moi. D'où les erreurs d'analyse de Freud à ses débuts, quand le sujet de l'inconscient "Freud" fantasmait et se prenait pour "Moi Freud je sais".   

Dans ce contexte, Freud s'est retrouvé devant des dames qui présentaient des symptômes hystériques. Freud a vite compris qu'il ne fallait pas se prendre pour le maître sachant, devant ces détentrices du savoir subjectif  (piège tendu je rappelle par le sujet "Freud" qui se serait pris pour le "Moi Freud je sais sur toi"). Les dames hystériques mettaient Freud au défi de produire un savoir sur elles, savoir qu'elles détenaient... sans le savoir. Freud avait à apprendre des dames qu'il recevait, et non l'inverse.   

Le sujet freudien n'a pas d'unité, c'est de là que sortent des paroles qui ne répondent qu'au désir, sans cohérence, avec des contradictions qui n'en sont pas pour l'inconscient, des paroles à double-sens, là où le moi crierait au sacrilège, au scandale, à l'inadmissible etc. Ce qui a fait dire à Freud que le moi n'est pas maître en sa maison.   

Enfin, Freud n'a pas proposé trois topiques, mais deux topiques (topique: sorte de géographie du psychisme), dont la deuxième est effectivement formée de trois parties.
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