Liber a écrit:Moi non plus. Les Allemands ont toujours pensé à sa place en faisant de lui l'objet de leurs fantasmes. Ceux de Nietzsche comme de ses prédécesseurs.Je ne crois pas aux grands desseins de Napoléon pour la France et encore moins pour l'Europe.
Je me référais justement au § 362 du 5e livre du Gai savoir (sachant qu'il s'y réfère aux Mémoires de Mme de Rémusat) :
Nietzsche a écrit:Notre croyance à une virilisation de l'Europe. — C'est à Napoléon (et nullement à la Révolution française qui visait à la "fraternité" des peuples et à d'universelles effusions fleuries) que l'on doit de pouvoir s'attendre désormais à une succession de siècles belliqueux sans précédents dans l'histoire, en un mot d'être entré dans l'ère classique de la guerre, de la guerre à la fois savante et populaire de la plus vaste envergure (quant aux moyens, aux talents, à la discipline), période que tous les millénaires à venir considéreront rétrospectivement avec envie et respect comme un morceau de perfection : — le mouvement national en effet dont procédera cette gloire belliqueuse, n'est qu'un contrecoup de l'action même de Napoléon et n'aurait pu se produire sans lui. Ce sera donc à lui qu'un jour on reconnaîtra le mérite d'avoir restitué à l'homme en Europe la supériorité sur l'homme d'affaires et le philistin ; peut-être même sur "la femme" que le christianisme et l'esprit enthousiaste du dix-huitième siècle et davantage les "idées modernes" n'ont cessé de cajoler. Napoléon, qui tenait la civilisation avec ses idées modernes pour une ennemie personnelle, s'est affirmé par cette hostilité comme l'un des plus grands continuateurs de la Renaissance ; c'est lui qui a ramené au jour tout un morceau de nature antique, le morceau décisif peut-être, le morceau de granit. Et qui sait si ce morceau de nature antique ne parviendra pas à reprendre le dessus également sur le mouvement national, pour hériter et continuer au sens positif l'effort de Napoléon : — lui qui voulait une seule Europe, comme on sait, et cela en tant que maîtresse de la terre. —
Folio, p.269.