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Volonté de puissance ou volonté de pouvoir ?

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5 participants

descriptionVolonté de puissance ou volonté de pouvoir ? - Page 14 EmptyRe: Volonté de puissance ou volonté de pouvoir ?

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J'essaye tant bien que mal de combler mon retard

Ou plutôt d'augmenter votre avance... Car vous me semblez plus de cette catégorie-là. Personnellement, pour un jeune de 23 ans, vous avez acquis nombre de choses je trouve !

il a l'oreille et sait entendre la musicalité propre aux auteurs, à leurs idées, à leur style...

Et il sait la distiller, voyez Zarathoustra qui est musique tout entier comme se plaisait à le dire Nietzsche !

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Aristippe de Cyrène a écrit:
Ou plutôt d'augmenter votre avance... Car vous me semblez plus de cette catégorie-là. Personnellement, pour un jeune de 23 ans, vous avez acquis nombre de choses je trouve !

Je n'ai aucune avance, notamment par rapport aux élèves de classes préparatoires, de grandes écoles ou encore par rapport aux étudiants qui ont derrière eux une licence ou encore une maîtrise de philosophie. Je ne pense ni assez géométriquement ni de manière suffisamment fine. Je suis aussi un éternel insatisfait. ;)
Aristippe de Cyrène a écrit:
Et il sait la distiller, voyez Zarathoustra qui est musique tout entier comme se plaisait à le dire Nietzsche !

On y entend parfois de l'opérette...

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Aristippe de cyrène a écrit:
Même si j'ai lu les deux, je ne saurais définir leur point de vue sur ces deux concepts, pouvez-vous développer s'il vous plait ?

Spinoza incarne la philosophie rationaliste du XVIIème siècle : il a une grande confiance dans les pouvoirs de la raison ; il félicite les Grecs d'avoir inventé les mathématiques, premier modèle de vérité ; obsédé par le problème de la connaissance, il trouve, avec son concept d'idée adéquate, un moyen de dépasser la faiblesse de l'idée claire et distincte cartésienne ; et, surtout, il place la béatitude de l'homme dans la connaissance : c'est en connaissant que je deviens actif, que mon âme devient plus éternelle, que mon amour pour Dieu augmente. Or, Nietzsche ne cesse de se moquer de cet optimisme de la raison. S'il glorifie les Grecs, c'est au nom de leurs puissants instincts. Il se moque de l'esprit de système comme il se moque de la croyance en la vérité, dans le fameux début de Par-delà bien et mal mais déjà dans l'étonnant Vérité et mensonge au sens extra-moral. Nietzsche peut être considéré comme un sceptique : à ce titre, Nietzsche est plus proche de Montaigne, qu'il aimait beaucoup, et ce d'autant plus que c'était Cosima Wagner, l'amour de sa vie, qui lui offrit les Essais.

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Silentio a écrit:
La comparaison avec Nietzsche s'arrête là, je n'ai pas son génie, mais je crois comprendre ce que ça signifie ou plutôt à quelle expérience cela renvoie.

Peut-être faut-il distinguer l'intuition du philologue Nietzsche et celle du philosophe. Pour le premier, il partait des textes et devait y revenir, il ne pouvait se permettre beaucoup de fantaisies (Janz raconte en détail comment il a ébloui son maître par sa méthode toute personnelle), pour le second, il était totalement libre. Autant ses premiers travaux avaient suscité l'admiration pour leurs hypothèses hardies, malgré leur aspect peu conventionnel mais suivant encore les règles de l'art, autant la Naissance de la tragédie choqua les philologues habitués à davantage de discipline et de prudence.


Cela ne l'empêche pas de méconnaître certaines choses dont il parle et de ne pas rendre justice à un auteur en allant trop vite dans des lectures partielles et incomplètes. Ce qui est tout de même fâcheux, nous l'admettrons, lorsqu'on se vante de faire preuve d'une probité qui manquerait à tous les autres philosophes.

Peut-être, mais souvent aussi Nietzsche peut se contenter d'une hypothèse qu'il sait suffisamment forte pour se passer de discussion. Par exemple, inutile pour lui de disserter sur Kant. En ce qui me concerne, jamais plus je ne croirais aux "vieilles prisons" kantiennes. Nietzsche a emporté mon adhésion, non par un acte de foi, mais comme on fait tomber d'un coup de pied un tronc vermoulu.


une nouvelle façon de goûter les idées et de les associer dans une pensée plus imagée, propre à exprimer le désir suscité par elles ou les sensations qu'elles drainent. C'est une sorte d'esthétique de la pensée qui se dessine avec des paysages, des personnages ou des figures, des affects et des visions du monde.

Parce que notre époque ne se suffit plus des explications logiques, c'est un peu la même différence qu'il y a entre une raison et une "bonne raison". Nous sommes dégrisés de la science, nous voyons à quel point elle reposait elle aussi sur des croyances.


j'ai lu Foucault au bord de la mer Égée. :lol: Je lis aussi les livres de philosophie comme des romans, ou comme des enquêtes (alors que je n'aime pas du tout les thrillers). C'est une manière de vivre les idées, d'y trouver aussi parfois une sorte de poésie. Mais ça n'aide pas à la logique et à la clarté.

On sait à quel point Nietzsche était sensible au climat ou au paysage, quittant parfois une villégiature à cause d'un changement de météo. De grandes pensées ne peuvent naître que dans de grands décors, bien qu'étonnamment, il cite comme exemple Héraclite, pour qui une cuisine était tout aussi appropriée que le temple d'Ephèse. Mais Héraclite recherchait surtout la solitude et peut-être le contact des dieux.
Une lecture plus poussée, plus personnelle, nous révèle davantage à nous-même qu'elle ne nous met en communion avec un auteur. Elle s'apparente alors à une méditation. Nietzsche s'intéressait très peu aux Italiens et à l'Italie, dans ses lettres il ne parle que de lui, pareillement dans le récit qu'il nous fait de ses lectures, c'est encore lui que nous retrouvons.


Il me semble que c'est avec la Généalogie de la morale que Nietzsche fait preuve de férocité à l'égard de la Judée et de ses représentants dans l'histoire.

En effet, cela correspond au tournant anti-chrétien de sa pensée, peu avant la rédaction de l'Antéchrist. Y a-t-il eu des influences politiques (la détestation toujours plus grande du Reich chrétien, l'admiration croissante chez lui pour la Rome antique, la lecture des antisémites) ? Le Gai savoir a été écrit comme une réponse ironique à Parsifal, mais à cette époque, Nietzsche serait plutôt philosémite, en réaction à Wagner. Quoiqu'il en soit, Nietzsche ne fait pas de différence entre Ancien et Nouveau testament, c'est-à-dire qu'il est insensible à cette distinction que nous faisons entre le "bon" Spinoza, défenseur du corps, et le "mauvais" chrétien, le prêtre ascétique.


Silentio a écrit:
Aristippe de Cyrène a écrit:
voyez Zarathoustra qui est musique tout entier comme se plaisait à le dire Nietzsche !

On y entend parfois de l'opérette...

L'opérette (parisienne) était très ironique à l'égard de l'Antiquité.


Baschus a écrit:
Nietzsche peut être considéré comme un sceptique : à ce titre, Nietzsche est plus proche de Montaigne, qu'il aimait beaucoup, et ce d'autant plus que c'était Cosima Wagner, l'amour de sa vie, qui lui offrit les Essais.

En effet, mais cela ne va pas de pair avec la confiance dans la vérité. Voyez Schopenhauer qui tout en étant sceptique, continue à y croire. Montaigne me paraît plutôt suspendre son jugement, retarder indéfiniment sa décision, ce que ne fait jamais Nietzsche. Bourget rappelle à propos de Montaigne le "mol oreiller" sur lequel il aimait s'assoupir, et dont il fait une cause de pessimisme chez Renan, car de nos jours, ce contentement dans l'indifférence lui semble impossible.

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jamais plus je ne croirais aux "vieilles prisons" kantiennes.

Qu'est-ce que vous entendez par "vieilles prisons" ? A quoi faites-vous référence ?
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