Dieu, l'âme, l'immortalité.
Liber a écrit:Dieu, l'âme, l'immortalité.
Liber a écrit:Peut-être faut-il distinguer l'intuition du philologue Nietzsche et celle du philosophe. Pour le premier, il partait des textes et devait y revenir, il ne pouvait se permettre beaucoup de fantaisies (Janz raconte en détail comment il a ébloui son maître par sa méthode toute personnelle), pour le second, il était totalement libre. Autant ses premiers travaux avaient suscité l'admiration pour leurs hypothèses hardies, malgré leur aspect peu conventionnel mais suivant encore les règles de l'art, autant la Naissance de la tragédie choqua les philologues habitués à davantage de discipline et de prudence.
Liber a écrit:Peut-être, mais souvent aussi Nietzsche peut se contenter d'une hypothèse qu'il sait suffisamment forte pour se passer de discussion. Par exemple, inutile pour lui de disserter sur Kant. En ce qui me concerne, jamais plus je ne croirais aux "vieilles prisons" kantiennes. Nietzsche a emporté mon adhésion, non par un acte de foi, mais comme on fait tomber d'un coup de pied un tronc vermoulu.
Liber a écrit:Parce que notre époque ne se suffit plus des explications logiques, c'est un peu la même différence qu'il y a entre une raison et une "bonne raison".
Liber a écrit:il cite comme exemple Héraclite, pour qui une cuisine était tout aussi appropriée que le temple d'Ephèse
Liber a écrit:Une lecture plus poussée, plus personnelle, nous révèle davantage à nous-même qu'elle ne nous met en communion avec un auteur. Elle s'apparente alors à une méditation. Nietzsche s'intéressait très peu aux Italiens et à l'Italie, dans ses lettres il ne parle que de lui, pareillement dans le récit qu'il nous fait de ses lectures, c'est encore lui que nous retrouvons.
Liber a écrit:En effet, cela correspond au tournant anti-chrétien de sa pensée, peu avant la rédaction de l'Antéchrist. Y a-t-il eu des influences politiques (la détestation toujours plus grande du Reich chrétien, l'admiration croissante chez lui pour la Rome antique, la lecture des antisémites) ? Le Gai savoir a été écrit comme une réponse ironique à Parsifal, mais à cette époque, Nietzsche serait plutôt philosémite, en réaction à Wagner. Quoiqu'il en soit, Nietzsche ne fait pas de différence entre Ancien et Nouveau testament, c'est-à-dire qu'il est insensible à cette distinction que nous faisons entre le "bon" Spinoza, défenseur du corps, et le "mauvais" chrétien, le prêtre ascétique.
Liber a écrit:L'opérette (parisienne) était très ironique à l'égard de l'Antiquité.
Nietzsche, 1888 a écrit:Offenbach, musique française, d'un esprit voltairien, libre, pétulante, avec un rien de ricanement sardonique, mais claire, spirituelle jusqu'à la banalité (il ne farde point) - et sans mignardise d'une sensibilité morbide ou blondement viennoise
wikipedia, Offenbach a écrit:Friedrich Nietzsche called Offenbach both an "artistic genius" and a "clown", but wrote that "nearly every one" of Offenbach's works achieves half a dozen "moments of wanton perfection"
Liber a écrit:Bourget rappelle à propos de Montaigne le "mol oreiller" sur lequel il aimait s'assoupir, et dont il fait une cause de pessimisme chez Renan, car de nos jours, ce contentement dans l'indifférence lui semble impossible.
Nietzsche, Aurore, Livre I, §46 a écrit:Douter que l'on doute. — « Quel mol oreiller que le doute pour une tête bien faite! » — ce mot de Montaigne a toujours exaspéré Pascal, car personne, justement n'avait autant que lui besoin d'un mol oreiller. A quoi cela tenait-il donc?
Liber a écrit:Non, mais Schopenhauer (avant Nietzsche) lui reproche de ne pas avoir mené plus loin la critique de la raison, en osant interroger aussi ces préjugés chrétiens.
Emile Bréhier, Histoire de la philosophie, Frédéric Nietzsche, II, La transmutation des valeurs : le surhumain a écrit:Nietzsche prend ainsi congé de cette aristocratie intellectuelle [note : les hommes supérieurs, qui sont irrémédiablement des hommes brisés]*, dont la noblesse contient tant de traces de décadence ; plus opposé encore à l’idéal social et démocratique, il n’est pas vrai pourtant que la volonté de puissance désigne, chez lui, la simple force brutale et destructrice — les dernières méditations de Nietzsche paraissent au contraire porter sur la manifestation de l’abondance de la vie qui se montre dans une sélection, un ordre précis et rigoureux des éléments qu’elle domine,. « la purification du goût ne peut être que la conséquence d’un renforcement du type », résultant lui-même d’une surabondance de force ; « il nous manque le grand homme synthétique, chez qui les forces dissemblables sont assujetties sous un même joug ; ce que nous possédons, c’est l’homme multiple, l’homme faible et multiple » (Volonté, II, 243) ; ce sont ces dernières pensées qui ouvraient sans doute la voie à une conception de l’être et de la vie, dont les nietzschéens vulgaires, si nombreux au début de notre siècle, n’ont guère soupçonné l’importance, n’ayant vu dans Nietzsche que l’individualisme et non cette maîtrise de soi et cet ascétisme qui font l’homme robuste.
Emile Bréhier, Ibid a écrit:Tous ses livres apparaissent à Nietzsche lui-même comme des étapes vers la guérison : « Être absolument personnel sans p.1019 employer la première personne, — une espèce de mémoire », telles sont les maximes qu’il se donne à lui-même (Volonté, I, 19) ; la transmutation des valeurs a pour source en effet non la réflexion et l’analyse, mais la simple affirmation de puissance, qui est seulement, sans avoir à se justifier ; les hommes de la Renaissance italienne, avec leur « virtu dépourvue de moraline », ou bien Napoléon, ce sont là les types de l’humanité non domestiquée que Carlyle ou Emerson ont eu le tort de vouloir justifier comme représentatifs d’une idée. Aussi cette transmutation prend-elle naturellement la forme d’une annonce prophétique dans Also sprach Zarathustra (1e et 3e parties, 1883-84, 4e partie, 1891, Ainsi parlait Zarathoustra, tr. fr., 1901) ou dans l’œuvre posthume Ecce homo (1908 ; tr. fr. 1909). Le Surhumain que prédit Zarathoustra n’est pas la consommation du type humain ; Nietzsche voit le dernier homme un peu à la manière de Cournot, l’homme ayant tout organisé pour éviter tous les risques, et définitivement content de son plat bonheur ; mais « l’homme est quelque chose qui doit être surmonté, l’homme est un pont et non un but » (p. 286) ; l’amour du risque et des dangers, tel est le caractère du Surhumain ; la Volonté de puissance est le vrai nom de la Volonté de vivre ; car la vie ne s’épanouit qu’en s’assujettissant son milieu.
enfin je sépare surtout le divin, la spiritualité et les dogmes, un certain type d'ascèse et l'Église comme institution de pouvoir