jean ghislain a écrit:Vous plaisantez ?vous parlez de fini et d'infini. Or Sartre est ironique sur ce point : "avons-nous gagné ou perdu ?" (1er Chap).
Sartre, L'être et le néant, Éd. Tel p. 11-14 a écrit:Est-ce à dire que nous ayons réussi à supprimer tous les dualismes en réduisant l’existant à ses manifestations ? Il semble plutôt que nous les ayons tous convertis en un dualisme nouveau : celui du fini et de l’infini. L’existant, en effet, ne saurait se réduire à une série finie de manifestations, puisque chacune d’elles est un rapport à un sujet en perpétuel changement. [Notre] théorie du phénomène a remplacé la réalité de la chose par l’objectivité du phénomène et […] elle a fondé celle-ci sur un recours à l’infini. […] Cette opposition nouvelle, le « fini et l’infini » ou mieux « l’infini dans le fini », remplace le dualisme de l’être et du paraître.
La question : avons-nous gagné ou perdu ? Est en regard du projet de l'essai d'ontologie phénoménologique et ne suggère pas une vérité ou une erreur en soi mais seulement de savoir si l'on est sur la bonne piste ; ce qui n'est pas du projet de ce chapitre qui est clairement stipulé :
Sartre a écrit:La pensée moderne a réalisé un progrès considérable en réduisant l'existant à la série des apparitions qui le manifeste. On visait par là à supprimer un certain nombre de dualismes qui embarrassaient la philosophie et à les remplacer par le monisme du phénomène. Y a-t-on réussi ?
Je ne connais pas de commentateur qui nierait ce nouveau dualisme chez Sartre :
Grégory Cormann, « L’indisable sartrien entre Merleau-Ponty et Lacan » a écrit:Je n'ai eu que l'embarras du choix…Il s’agit alors pour Sartre de penser « l’infini dans le fini ».
jean ghislain a écrit:Quand Sartre dit : "n'est-elle pas une exis ?", cela veut dire que l'objet = l'œuvre de Sartre est bien finie (car tout est fini, l'infini n'existe pas), et que le mode de saisie in fine, est imaginaire en quelque sorte, alors que l'objet (l'œuvre) est bel et bien finie. Pour faire une phrase : Sartre reproche notre mode "imaginaire" de donner existentiellement des capacités aux choses alors qu'elles restent limitées dans leur essence. Et c'est perdu car c'est du délire intellectuel !
L'exis ne renvoie pas à l'objet (l'œuvre) mais à "l'infinité des points de vue possibles [...]" Le mode de saisie n'est pas imaginaire en tant que mode, c'est l'infinité des points de vue saisissables possibles pour une liberté.
jean ghislain a écrit:Je ne suis pas d'accord avec vous quand vous faites le rapprochement des oppositions catégorielles à dépasser pour aboutir à fini/infini. C'est alléguer à Sartre une philosophie impropre.
Je ne sais pas ce qu'est une philosophie impropre. Et comme dit plus haut, nombre de commentateurs vont en mon sens. Soit, le nombre n'est pas un argument mais pour le moins il conviendrait de s'y attarder au cas où.
jean ghislain a écrit:Non pas vers l'infini, mais c'est une transcendance infinie dans le sens où c'est la liberté qui l'exprime. Cela n'a pas de rapport strict avec une métaphysique Chrétienne.La philosophie de Sartre n'est pas une transcendance vers l'infini, encore moins une métaphysique chrétienne...
jean ghislain a écrit:La complexité n'est pas un argument. Quant à la copie, où se trouve le cogito chez Heidegger ?De toute façon, il ne faut pas prendre au sérieux Sartre, car c'est un assez mauvais disciple de Heidegger auquel il a repris ses concepts : la copie ne vaut pas l'original !