Georges Réveillac a écrit: déterminisme intégriste
Déterminisme intégral, plutôt.
Georges Réveillac a écrit: j’ai beau chercher, je n’en trouve pas d’autre qui traduise mon point de vue.
Ayant lu en diagonale les textes auxquels vous nous avez renvoyés, ce que vous dites semble parfois finaliste ou évolutionniste (extension anthropologique du concept d'évolution à tout, et plus particulièrement aux sociétés humaines), plutôt que déterministe. Vous dites vous être inspiré de Darwin, lequel conçoit une évolution biologique non orientée (cf. la sélection naturelle), ménageant en cela les futurs progrès de la biologie, la moins déterministe des sciences, et qui préfère le concept d'adaptation car il permet d'intégrer l'évolution dans son contexte, et a une grande portée explicative concernant les modifications de la nature. Vous pensez avoir fait une découverte. Je m'étonne que vous ne fassiez pas référence à Lamarck, à Leroi-Gourhan et, surtout à Henri Atlan, par exemple
Entre le cristal et la fumée, de 1979. Cela vous aurait permis de voir que votre intuition était dans l'air du temps, et qu'elle s'inscrit dans le cadre des recherches pluridisciplinaires, avec la biologie comme noyau, qui ont montré que l'environnement socio-culturel, sans modifier le génome, redistribue les gènes.
Littré ne tient pas compte, ni de l'épicurisme, par exemple, ni de Kant, qui distingue l'hétéronomie (la nature en tant qu'elle est un système de lois dont nous dépendons et qui ne dépendent pas de nous), et l'autonomie, ou la liberté, qui consiste à instituer des lois qui ne dépendent que de nous et auxquelles nous obéissons volontairement. Voir également la philosophie politique d'Arendt, héritière de Kant sur ce point.
Georges Réveillac a écrit: Sartre croit en une liberté absolue et il soutient les communistes qui, au nom d’un déterminisme [intégral], nient cette liberté. Qui peut m’éclairer ?
Vous vous focalisez sans doute trop sur l'usage abusif que les communistes firent du matérialisme historique de Marx, qui s'y prêtait certes. L'histoire disons prospective de Marx (puisque le futur seul l'intéressait, en fait), lui permet, sinon d'anticiper, du moins d'accompagner le cours de l'histoire, car sa science historique consiste à prendre conscience du réel (cf. le renversement de l'hégélianisme, de l'idéalisme au matérialisme historique). Or accompagner le cours de l'histoire ne consiste pas à attendre, sur un transat, en sirotant une menthe à l'eau, que les choses se passent. De même que chez Hegel, c'est bien dans l'action des hommes que vient se nicher la Raison, de même le moteur de l'histoire interprétée par Marx réside tout entier dans l'action collective des forces de production. En somme, le but était d'organiser le rendez-vous entre la classe ouvrière et l'histoire, grâce à la conscience de classe. Il n'y a donc pas d'incompatibilité entre déterminisme historique et liberté, chez lui. Le problème des communistes est dans leur empressement, leur volonté de se situer à l'avant-garde du savoir historique, d'accélérer l'histoire. Sartre n'est pas incohérent sur ce point. Il s'est emporté (le communisme comme horizon ultime...). Mais les années 60 s'y prêtaient. Et puis... Soljenitsyne a débarqué.