epommate a écrit:On peut expliquer cette relation entre pouvoir et corruption d'une manière beaucoup plus sombre pour nous : le suffrage universel sélectionne les hommes les plus corrompus. Cette idée me semble beaucoup plus justifiable que celle qui voudrait que le pouvoir dispose d'une mystérieuse magie qui permettrait la corruption des hommes.
Le problème, c'est que vous substituez une théorie magique injustifiable à une théorie que vous prétendez magique parce que vous ne voyez pas de quoi il s'agit. On ne parle pas d'un pouvoir descendu d'un cumulonimbus avec un bâton, des sandales, une toge et des pouvoirs magiques... De fait, le pouvoir est l'un des principaux objets de désir, l'un des plus attrayants et l'un des plus répandus, depuis la nuit des temps. Quand on ne l'a pas, on le veut ; quand on l'a, on veut le garder ; quand on ne l'a plus, on veut le récupérer. Au total, ça donne un nombre incalculable de péripéties, dans toutes les sociétés, aux conséquences garanties et systématiquement mortelles. Quant à prétendre que le suffrage universel consiste dans une sélection des hommes les plus corrompus, c'est ce que vous seriez bien en peine de justifier. En revanche, tel que vous le présentez, votre tableau montrerait bien plutôt la bêtise généralisée des électeurs, ce que, là encore, vous seriez bien en peine de justifier. Évitons les caricatures et le simplisme, voulez-vous...
NOU-JE a écrit:Je crois qu'il faut tendre à la critique d'un "pouvoir qui corrompt", un pouvoir qui rendrait mauvais celui qui le "détient". Le pouvoir produit un savoir. Voilà ce qu'on peut dire de manière assurée.
On ne va pas amputer les deux tiers de la philosophie politique au seul motif que Foucault a produit une thèse qui n'a rien appris à personne quand il l'a formulée... Avez-vous conscience de la masse documentaire qu'a suscité la question de bon sens d'un pouvoir corrupteur ?
NOU-JE a écrit:1789, ce n'est pas l'élite qui éclaire le peuple...
D'où sortez-vous ça ? Vous voulez une chronique circonstanciée de la Révolution ?
NOU-JE a écrit:même si le désir n'est pas parfaitement formulé comme une belle théorie philosophico-politico-sociale d'un Marx, d'un Marcuse, ou d'un Habermas, le désir d'émancipation est bel et bien là et peut porter partiellement ses fruits, mener réellement, objectivement, à l'émancipation : telle est la constitution des droits de l'Homme, constitution post-révolutionnaire.
D'autant que pour qui veut se renseigner sur le désir, aucun des auteurs que vous mentionnez n'est une référence de base... Concernant la date de la "constitution" des droits de l'homme, je vous invite à chercher les bonnes sources.
Pour faire quelques progrès dans votre conceptualisation claudicante de la révolution, lisez Martin Malia...
Dernière édition par Euterpe le Ven 29 Juil 2016 - 1:52, édité 1 fois