friedrich crap a écrit: Je crois que je commence à comprendre... mais ce n'est pas certain ! Vous voulez dire que lorsqu'un esprit rencontre une vérité qui lui parle, Platon la philosophie (déjà le démon de Socrate...), Beethoven la musique, Van Gogh la peinture, il se passe quelque chose qui a rapport au vrai et dont cet esprit ne peut plus d'ailleurs se détourner... Est-ce bien dans cette direction qu'il faut vous suivre?
La vérité change celui qui la vit, peu importe qu'il en ait les mots ou non. Sa vie bascule, la vérité y agit comme une puissance qui le transfigure. C'est à la fois un élément perturbateur et un élément de "retrouvaille", la vérité lui
correspond (Nietzsche a une vocation, il se la découvre pour lui-même, assume et crée en même temps son propre destin). Le moment de basculement, par lequel la vérité pénètre dans l'existence, je crois que l'on nomme cela un ha
pax existentiel. C'est Montaigne qui tombe de cheval, Pascal aussi. Ce n'est certes pas la vérité qui se donne à soi, mais c'est le moment où le changement de trajet dans l'existence ouvre à un nouveau chemin, où l'on sent une puissance s'affirmer en nous, nous guider vers la nécessité de la vérité ou de la philosophie, ce qui nous approfondit dans notre être de manière impérieuse. Alors on suit ce chemin et l'on devient soi-même, même si on ne connaît pas d'emblée le contenu de la vérité recherchée et que se met en place un travail sur soi-même orienté par la vérité. Dans le mouvement on se sent perdu, mais on avance et on se sait autant perdu que justifié dans cette recherche qui met tout notre être en jeu. Le vrai serait-il alors l'adéquation, la reconnaissance de soi à soi, même si l'on est du côté de la vérité subjective (la vérité pour un être particulier serait son propre critère, ce qui résonne avec lui-même, confirme sa puissance, son être ; mais cela demanderait toujours de persévérer en soi, comme de persévérer vers la vérité objective qui toujours fuyante nous aide au moins à nous animer et à nous mettre en tension, en péril et en jeu dans notre propre existence ; on pourrait alors conserver ou comprendre mieux la dichotomie élaborée par Kierkegaard entre la subjectivité, sa vérité et le problème du péché qui mesure l'écart à la vérité objective) ?
Dernière édition par Silentio le Dim 24 Juil 2011 - 22:00, édité 1 fois