friedrich crap a écrit: c'est que je ne suis toujours pas certain que nous soyons bien dans le champ de la vérité et je préfère les derniers mots que vous avez écrits : l'appel, la vocation.
J'en suis au même point que vous. Comme je le disais plus haut, nous n'employons ce terme que par défaut et, de loin, je préfère parler de vocation.
friedrich crap a écrit: Et bien je vais peut-être vous surprendre, mais ce que j'aime quand ça me parle, c'est que, justement cela me parle.
C'est donc que cela qui vous parle, quand ça vous parle, a une autorité, est une autorité. Cela est. Or, en tant que cela est, vous ne pouvez pas ne pas y adhérer. D'où le recours à la vérité comme à un mauvais expédient. Il faudrait, en réalité, parler du bonheur, ou l'accord entre un esprit et un être, ou le monde, ou une œuvre. Seule chose qui permette alors de parler d'amour, de parler d'aimer ce qui est.
friedrich crap a écrit: Lorsque Beethoven écrit ses trois dernières sonates pour piano, cela parle aussi. Et ce qui fait vérité dans cette parole, c'est tout de même ce sentiment d'accord spirituel.
Vous réfutiez cette idée d'une vérité qui serait la marque de l'accord des esprits, sans doute parce qu'il était alors question d'un accord via le langage, via le concept. Mais une fois l'accord des esprits, éventuellement réussi grâce au concept (par ex. nos échanges sur cette question), il naît une seconde forme d'accord des esprits qui ont tout de même très envie de dire : "nous sommes dans le vrai".
Je vous rejoins complètement. Je crois à l'accord des esprits (pas des intellects), je crois que deux esprits peuvent se rencontrer. Je crois même que, quand on peut dire : "nous sommes dans le vrai", c'est d'un nous qu'il s'agit, et que de ce nous seul procède le vrai dont on parle alors. Et là, on entre, sinon dans l'indicible, du moins dans ce qu'une œuvre seule peut dire ou faire entendre ou montrer. Enfin, vous prenez l'exemple de Beethoven, or il est remarquable qu'un esprit a plus d'occasions de s'accorder à celui d'un artiste, ou d'un penseur, dans sa vie, qu'à celui d'une personne de son entourage plus ou moins proche. C'est pourquoi l'amitié n'a aucun prix, car cette solitude à deux a quelque chose du miracle.