Je ne connais pas grand chose à Kant, pour tout dire ce philosophe n'est pas ma tasse de thé. Cependant, au hasard d'un fait divers récent, j'ai été voir ce que notre grand moraliste avait écrit au sujet de la peine de mort. Et là, surprise : Kant y est plus que favorable. Lisez plutôt :
Plus surprenant, on voit que Kant défend la loi du talion. Il ne pense pas qu'une peine doit être prononcée pour son aspect dissuasif, mais simplement comme une équivalence à la souffrance estimée de la victime. Là est pour lui la justice : évaluer le degré de souffrance d'un être humain et l'en rétribuer par le châtiment imposé au coupable. Nous nous tromperions donc si nous voulions combattre la peine de mort en invoquant son peu d'effet dissuasif. Pour Kant, le meurtrier a sciemment choisi de faire le mal, il ne saurait donc être effrayé par la vue de la mort, le mal suprême. A cette vision de l'homme moral, nous en opposons aujourd'hui une autre : le caractère sacré de la vie humaine, pour reprendre une formulation religieuse. Notre absolu n'est plus le Bien, mais la Vie, au point de ne plus désirer l'ôter au pire des meurtriers, et même, de considérer cet acte comme encore plus infamant que le sien. Il serait intéressant de comprendre comment ce changement radical a pu advenir.
Quand je lis l'emblématique Dernier jour d'un condamné de Victor Hugo, je me sens en total accord avec l'auteur. La part d'homme, donc de semblable qu'il y a en moi avec le meurtrier (supposons-le coupable à coup sûr), se révèle, et je ne puis rien faire pour me la cacher, quelles que soient les raisons que je tente d'y opposer dans ce tribunal intérieur qu'est devenu pour l'occasion ma conscience. Serions-nous (j'emploie le pluriel collectif) devenus plus tendres et donc, fatalement, plus immoraux ? Céderions-nous plus facilement au Mal ? En tous les cas, cela signifie une chose : nous ne croyons plus à l'existence du Bien et du Mal, que ce soit en nous ou hors de nous. Nous ne pouvons donc plus échanger un mal par un autre mal. Nous ne pouvons plus appliquer la peine de mort, et même, nous ne devrions plus appliquer, en bonne logique, toute justice rétributive, comme contraire à la morale, c'est-à-dire, à la conviction que le méchant fait le Mal par méchanceté et que chaque homme sait ce qu'est le Bien et qu'il est libre de ne pas le suivre. Le vieux Platon ne disait-il pas déjà que "nul n'est méchant volontairement" ? Kant, le philosophe des Lumières, se situe donc étonnamment, sur le chemin du droit, bien en amont de Platon, puisque la loi du talion apparaît en 1730 avant J.C, dans le code d'Hammourabi.
Kant a écrit:Si le criminel a commis un meurtre, il doit mourir. Il n'y a aucune commune mesure entre une vie, si pénible qu'elle puisse être, et la mort et par conséquent aucune égalité du crime et de la réparation, si ce n'est par l'exécution légale du coupable (Métaphysique des mœurs, Doctrine du droit, II, 1ère section, remarque E).
Plus surprenant, on voit que Kant défend la loi du talion. Il ne pense pas qu'une peine doit être prononcée pour son aspect dissuasif, mais simplement comme une équivalence à la souffrance estimée de la victime. Là est pour lui la justice : évaluer le degré de souffrance d'un être humain et l'en rétribuer par le châtiment imposé au coupable. Nous nous tromperions donc si nous voulions combattre la peine de mort en invoquant son peu d'effet dissuasif. Pour Kant, le meurtrier a sciemment choisi de faire le mal, il ne saurait donc être effrayé par la vue de la mort, le mal suprême. A cette vision de l'homme moral, nous en opposons aujourd'hui une autre : le caractère sacré de la vie humaine, pour reprendre une formulation religieuse. Notre absolu n'est plus le Bien, mais la Vie, au point de ne plus désirer l'ôter au pire des meurtriers, et même, de considérer cet acte comme encore plus infamant que le sien. Il serait intéressant de comprendre comment ce changement radical a pu advenir.
Quand je lis l'emblématique Dernier jour d'un condamné de Victor Hugo, je me sens en total accord avec l'auteur. La part d'homme, donc de semblable qu'il y a en moi avec le meurtrier (supposons-le coupable à coup sûr), se révèle, et je ne puis rien faire pour me la cacher, quelles que soient les raisons que je tente d'y opposer dans ce tribunal intérieur qu'est devenu pour l'occasion ma conscience. Serions-nous (j'emploie le pluriel collectif) devenus plus tendres et donc, fatalement, plus immoraux ? Céderions-nous plus facilement au Mal ? En tous les cas, cela signifie une chose : nous ne croyons plus à l'existence du Bien et du Mal, que ce soit en nous ou hors de nous. Nous ne pouvons donc plus échanger un mal par un autre mal. Nous ne pouvons plus appliquer la peine de mort, et même, nous ne devrions plus appliquer, en bonne logique, toute justice rétributive, comme contraire à la morale, c'est-à-dire, à la conviction que le méchant fait le Mal par méchanceté et que chaque homme sait ce qu'est le Bien et qu'il est libre de ne pas le suivre. Le vieux Platon ne disait-il pas déjà que "nul n'est méchant volontairement" ? Kant, le philosophe des Lumières, se situe donc étonnamment, sur le chemin du droit, bien en amont de Platon, puisque la loi du talion apparaît en 1730 avant J.C, dans le code d'Hammourabi.