La conscience n'est pas hors de la société. Si vous la considérez, de plus, comme un "état d'être avec" alors vous ne pouvez la séparer de ce à quoi elle est corrélée. Et cela c'est le monde tel qu'institué par la société. Par ailleurs, un changement n'est pas un progrès. Dans le cas des philosophes, leurs idées ont changé le monde. Par l'inspiration de mouvements politiques, l'éthique ou la morale ou encore par le changement des mentalités (par exemple, le poids de l'Église, des Écritures, etc., de même que la Révolution change les rapports entre les individus, leurs façons de se considérer les uns les autres et leur place dans le monde). Penser c'est agir, donner à voir le monde autrement et susciter une transformation en l'autre du fait de l'expérience de la vérité ou d'un décentrement des valeurs. Rousseau a changé le monde, notamment les représentations. Sans lui il n'y aurait pas non plus Kant et les sciences sociales, ni Hegel, pas d'idéalisme allemand, pas Gœthe, ni Marx, ni Nietzsche. Rousseau c'est la seconde vague de la modernité selon Strauss, sans lui il n'y a pas de philosophie de l'histoire en réaction à sa position anti-progressiste ou anti-téléologique, et il n'y aurait pas eu de troisième et dernière vague menant au nihilisme. La philosophie, plus généralement, c'est aussi ce qui permet la science et les mathématiques. Sans Descartes, Pascal et Leibniz, pas d'ordinateur ! Je pense que les philosophes, parce qu'ils font l'épreuve des limites de leur monde, ont ceci de bénéfique qu'ils nous donnent à voir les choses autrement, à nous défaire de nos évidences et à voir dans le quotidien ce qui y était mais comme invisible du fait de notre aveuglement.