Desassossego a écrit:La métaphore du crépuscule est claire sur ce point et ne semble pas nous permettre un quelconque doute. Le XIXe siècle européen, c'est le crépuscule de notre civilisation
Le titre reprenait celui du drame de Wagner, le Crépuscule des dieux. Quant à l'étendue du crépuscule nietzschéen, il excédait de très loin le XIXe siècle, aussi bien en amont qu'en aval de l'histoire.
Ainsi, dire que Nietzsche inverse ou renverse Platon me semble faux, ou du moins incomplet.
C'est pourtant vrai. Nietzsche inverse exactement la vision platonicienne, comme il inverse Gœthe : "L'éternel féminin nous attire vers le bas." Nietzsche aimait ce jeu de miroir.
Juliendeb a écrit:Rejoindre le monde des Idées, c'est fuir la réalité : il parle alors de lâcheté, de faiblesse, de décadence
De nihilisme ;)
Platon n'en était pas encore à ce stade. Le nihilisme, c'est l'absence de croyance. Un athée comme Nietzsche était nihiliste. J'emploierai la formule de Nietzsche : "idéal ascétique" pour qualifier Platon.
Nietzsche fait sans arrêt référence à la montagne ou aux hauteurs. Et s'il le fait, c'est parce qu'il a toujours senti que pour penser clairement, il fallait prendre de la hauteur face au monde. Voilà pourquoi il aimait à se balader en montagne par exemple. Il le dit dans un de ses textes, mais je ne me souviens plus où...
Je cite Gœthe, Second Faust :
Ici, la vue est libre et l'esprit élevé.
Mais les montagnes ont une valeur symbolique beaucoup plus forte que la simple clarté du regard que permet leur ascension Pour les romantiques, elles symbolisent l'éternité du monde, le renouveau de la vie. Enfin, on se souvient que les montagnes étaient sacrées dans l'Antiquité, elles étaient les lieux d'habitation des Dieux, Empédocle, qui passait pour un dieu, se jeta même dans l'Etna.