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Je cherche à me cultiver.

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5 participants

descriptionJe cherche à me cultiver. - Page 5 EmptyRe: Je cherche à me cultiver.

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L'histoire est suffisamment célèbre. En plus de l'impiété, il est accusé de pervertir la jeunesse, tout cela est anecdotique pour ce qui nous occupe, au même titre que sa possible évasion. Ce qu'il est intéressant de souligner, c'est l'analogie avec l'époque actuelle. Dans le fond, la provocation est commune à nos protagonistes, les réactions assez semblables également et dans une moindre mesure, ce sont deux démocraties. La distinction entre religion païenne et religion révélée semble atténuée par le fait d'avoir un aspect religieux qui prend l'ascendant sur le politique (ce qui est d'autant plus remarquable aujourd'hui !), causé par une situation politique complexe, je ne dis pas le contraire (d'ailleurs, le second semestre d'Histoire me fera le plus grand bien à ce propos :D ). Je serais bien en peine de savoir si cela se poursuit, se confirme, s'infirme, dans le propos de P. Manent, le livre n'est pas encore arrivé dans ma boîte aux lettres.

D’où l'interrogation sur "le bon citoyen". Je vous rejoins sur la distinction, et sur la nature des religions monothéistes. Et c'est ce qui tend à rendre plus que complexe le rôle du citoyen, qui est confronté (ou se voit contraint) à une sorte de dilemme.

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A part sur la provocation des deux "accusés", pour moi ces deux histoires ne se ressemblent pas ; Charlie Hebdo est attaqué pour des motifs religieux, alors que Socrate l'était pour des motifs politiques déguisés en motifs religieux.

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Intemporelle a écrit:
Quant à la notion de citoyenneté, le fait est que la communauté musulmane en France ne se réduit pas à ceux qui crient à l'abolition de la liberté d'expression dans le domaine religieux. Un certain nombre, qu'on entend pas assez, sont sincèrement attachés aux valeurs républicaines, et donc à la liberté d'expression. Les croyants en France ont toujours été divisés entre deux appartenances, une appartenance à la nation (en tant que citoyens), et une appartenance à une communauté de croyants (du fait de la spécificité historique de la construction du principe de laïcité en France) : le problème se posait avec autant de violence - ce que l'on a trop vite oublié - en ce qui concerne la religion catholique, un siècle plus tôt.

Sur la première phrase, nous sommes d'accord. C'est d'ailleurs pour ça que je regrette le manque d'intervention de cette large partie des musulmans qui subit ces sempiternels pseudo-débats.

Ce tiraillement entre appartenance religieuse et appartenance à la nation n'est pas qu'un problème franco-français. Et sur ce point la loi est assez claire. Le problème n'est pas tant la construction que l'application du principe de laïcité.

Vous trouvez que l'aspect politique est absent des accusations portées sur CH ? Sans parler de récupération politicienne, les caricatures ne sont pas tant décriées pour le fond, mais principalement pour le moment de parution, jugé inopportun.

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Il y a eu des interventions de représentants de la communauté musulmane, pour exprimer leur attachement à la liberté d'expression, c'est simplement plus vendeur pour une certaine presse de présenter une communauté musulmane uniforme et unilatéralement opposée aux fondamentaux républicains. Ceux qui cherchent à attiser les peurs connaissent peu la nuance. Un exemple d'intervention :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/09/20/resister-a-l-esprit-complotiste-et-victimaire_1763177_3232.html

Si l'application pose problème, c'est précisément à cause de la construction du principe même. La laïcité a toujours été au cœur des débats français, c'est le sujet qui a fait tomber le plus de gouvernements dans toute l'histoire républicaine, c'est loin d'être le cas dans les autres pays. Il y a bien une incontestable spécificité de la construction du principe laïque en France, parce que cela s'est fait dans un climat d'anticléricalisme aigu : dans les autres pays la laïcité c'est la liberté de culte et la neutralité de l'État vis-à-vis des religions ; en France le principe va beaucoup plus loin et tend à une volonté de disparition des religions de l'espace public, pour les cantonner à l'espace privé. C'est très différent. Voilà pourquoi cela ne choque personne au Royaume Uni par exemple, qu'un policier porte un turban ; ou encore aux USA, que la référence religieuse soit constante dans les discours politiques ; pourvu qu'aucune religion ne soit favorisée ou au contraire persécutée.

Oui l'aspect politique est secondaire dans le cas des caricatures de Charlie Hebdo. Alors que dans le cas de Socrate on se servait de la religion pour arriver à des fins politiques ; ici c'est le contraire, c'est la politique que l'on cherche à asservir à la religion. La principale demande politique des musulmans qui manifestent, c'est l'application d'un principe de blasphème pour limiter la liberté d'expression : cela revient donc à faire intervenir un concept religieux dans le droit politique. On est dans le schéma inverse du cas de Socrate. Ici le fond des motivations est bel et bien religieux. Quant aux réactions politiciennes, ce qui les a guidées c'est principalement la peur de nouvelles émeutes : c'est donc toujours la réaction religieuse qui fait peur.

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Intemporelle a écrit:
Ce sont des citations qui paraissent très proches, mais il s'agit d'amour, pas de liberté : ce qui rapproche ces citations, c'est simplement un système de réciprocité, mais le sens et les implications n'en sont pas similaires. Voyez-vous le terme liberté dans une seule de ces citations, où quelque chose qui en soit le synonyme ? Dans ces citations, ce n'est pas parce que l'autre est reconnu comme liberté que l'on ne doit pas lui faire de mal, mais parce qu'il est reconnu comme créature de Dieu, et donc étant aimé de Dieu, le croyant doit l'aimer également inconditionnellement.

Il n'est pas toujours nécessaire que le mot "Liberté" figure textuellement dans ces citations pour comprendre qu'il s'agit de cela (en outre de la notion d'amour). Pour bien comprendre un texte dans toute son exhaustivité, il ne faut pas le lire stricto sensu mais définir sa portée et toujours l'inclure dans son contexte historique.

Toutes ces citations similaires ont un point commun : "On ne peut pas faire à autrui ce que l'on ne veut pas que l'on nous fasse". Voyons plus loin et ne nous arrêtons pas à cette constatation, soyons logiques et extrayons-nous du contexte religieux qui vient perturber le raisonnement.

1- On aurait une liberté totale, si nous pouvions faire ce que nous voulons - par les actes ou par les paroles.
2- Or, ce n'est pas la cas puisque nous sommes limités par la "souffrance d'autrui" consécutive de nos actes.
3- Donc nous ne sommes jamais libres à 100 % (sauf si on vit seul). Cette liberté doit s'arrêter juste avant la souffrance d'autrui.

Agir ainsi demande de l'expérience, de la morale et de la "vertu".

Je ne mêle pas la religion dans ce mail, car celle-ci engendrant malheureusement trop de passions, ne permettrait pas une discussion sereine "laïque".

Force est d'admettre cependant que les anciennes religions dites "naturelles" (celles basées sur la Raison de l'Antiquité essentiellement) étaient bien plus tolérantes que les religions révélées, celle-ci basées sur des doctrines et des dogmes ne supportant que difficilement la contestation. L'Histoire humaine l'a largement démontré.
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