III. La dialectique dans la Critique de la raison pratique
Dans la Critique de la raison pratique, le 2e livre est consacré à la Dialectique de la raison pure pratique [pp. 738-788 en Pléiade]. Dans le premier des deux chapitres de cette partie : D'une dialectique de la raison pure pratique en général [pp. 738-742], Kant réduit le concept de dialectique :
- Il y a dialectique lorsque la raison se mêle d'exiger la totalité, alors que rien de ce qui est accessible à l'homme n'est susceptible de la lui donner. Par conséquent, la raison entre dans des conflits avec elle-même.
- Ici, l'antinomique tend à devenir le tout de la dialectique. Dans les deux autres Critiques, la dialectique consiste surtout à examiner les contradictions de la raison.
Les 3 idées de la raison (moi, monde, dieu) équivalent à une exigence constitutive, celle de se constituer en sciences rationnelles (psychologie, cosmologie, théologie). Dans chacun de ces 3 domaines, les illusions de la raison ont leur spécificité. Kant les caractérise respectivement de la manière suivante :
- le paralogisme de la raison (psychologie) désigne un raisonnement erroné quant à la forme
- l'idéal de la raison (théologie) désigne la prétention de la raison à déduire l'existence de Dieu de son concept
- l'antilogie de la raison (cosmologie) désigne les conflits de la raison avec elle-même (ses contradictions). Ici, la forme logique de l'apparence dialectique est la contradiction (idée de monde). Il ne s'agit pas de résoudre cette contradiction, mais de comprendre ce qui nous y fait tomber.
Lorsque la raison cède dialectiquement à son aspiration naturelle à une totalité, l'apparence inévitable qui en résulte nous trahirait si elle ne se trahissait elle-même dans le conflit intérieur de la raison (on parle d'antinomie).
Dans la Critique de la raison pure, Kant emploie l'expression au pluriel : "les idées de la raisons" ; ici, on la trouve au singulier : "cette idée"="l'idée de la raison". "Les exigences" deviennent "l'exigence" de la raison ("elle exige la totalité absolue des conditions") : connaître la totalité absolue des conditions (donc l'inconditionné) pour quelque donné que ce soit. Mais jamais nous ne pouvons y accéder par la connaissance. Nous ne pouvons connaître que des phénomènes, jamais des choses en soi. Nous n'avons que des séries causales, jamais la totalité des causes.
Tant que nous n'avons pas été mis en garde par la critique, nous donnons à cette exigence de notre raison une valeur objective et nous tombons ainsi dans la dialectique dans le sens restreint que lui donne Kant dans sa Critique de la raison pratique, i. e. dans une antinomie (dans la Critique de la raison pure, la dialectique, c'est au moins l'antinomique et le paralogique).
La totalité des conditions correspond au Souverain Bien (cf. le 2e chapitre du 2e livre). En matière pratique, la raison exige que la totalité s'effectue, la totalité du bonheur, la vertu [attention : pour Kant, la liaison entre bonheur et vertu n'est pas causale, mais synthétique]. Mais cette exigence est contredite par la réalité. On postule par conséquent la durée de l'âme au-delà de la vie. Sauf que les exigences de la raison pratique ne conduisent qu'à formuler des postulats, sans augmenter les connaissances.
Dans la Critique de la raison pratique, le 2e livre est consacré à la Dialectique de la raison pure pratique [pp. 738-788 en Pléiade]. Dans le premier des deux chapitres de cette partie : D'une dialectique de la raison pure pratique en général [pp. 738-742], Kant réduit le concept de dialectique :
- Il y a dialectique lorsque la raison se mêle d'exiger la totalité, alors que rien de ce qui est accessible à l'homme n'est susceptible de la lui donner. Par conséquent, la raison entre dans des conflits avec elle-même.
- Ici, l'antinomique tend à devenir le tout de la dialectique. Dans les deux autres Critiques, la dialectique consiste surtout à examiner les contradictions de la raison.
Les 3 idées de la raison (moi, monde, dieu) équivalent à une exigence constitutive, celle de se constituer en sciences rationnelles (psychologie, cosmologie, théologie). Dans chacun de ces 3 domaines, les illusions de la raison ont leur spécificité. Kant les caractérise respectivement de la manière suivante :
- le paralogisme de la raison (psychologie) désigne un raisonnement erroné quant à la forme
- l'idéal de la raison (théologie) désigne la prétention de la raison à déduire l'existence de Dieu de son concept
- l'antilogie de la raison (cosmologie) désigne les conflits de la raison avec elle-même (ses contradictions). Ici, la forme logique de l'apparence dialectique est la contradiction (idée de monde). Il ne s'agit pas de résoudre cette contradiction, mais de comprendre ce qui nous y fait tomber.
Lorsque la raison cède dialectiquement à son aspiration naturelle à une totalité, l'apparence inévitable qui en résulte nous trahirait si elle ne se trahissait elle-même dans le conflit intérieur de la raison (on parle d'antinomie).
Kant, Critique de la raison pratique, Livre II, chap. 1, éd. Pléiade a écrit:La raison pure a toujours sa dialectique, qu'on la considère dans son usage spéculatif ou dans son usage pratique, car elle exige la totalité absolue des conditions pour une condition donnée, et cette totalité ne peut absolument se trouver que dans des choses en soi. Mais, comme tous les concepts des choses doivent être rapportés à des intuitions qui, pour nous autres hommes, ne peuvent jamais être que sensibles et qui par conséquent ne nous font pas connaître les objets comme choses en soi mais seulement comme phénomènes dont la série faite de conditionnés ou de conditions ne permet jamais de rencontrer l'inconditionné, l'application de cette idée rationnelle de la totalité des conditions (par conséquent de l'inconditionné) à des phénomènes, pris pour des choses en soi (car en l'absence d'une mise en garde de la critique, on les prend toujours pour tels), produit une apparence inévitable, dont on n'apercevrait jamais le caractère trompeur si elle ne se trahissait elle-même par un conflit de la raison avec elle-même dans l'application à des phénomènes de son principe qui consiste à supposer l'inconditionné pour tout conditionné.
Dans la Critique de la raison pure, Kant emploie l'expression au pluriel : "les idées de la raisons" ; ici, on la trouve au singulier : "cette idée"="l'idée de la raison". "Les exigences" deviennent "l'exigence" de la raison ("elle exige la totalité absolue des conditions") : connaître la totalité absolue des conditions (donc l'inconditionné) pour quelque donné que ce soit. Mais jamais nous ne pouvons y accéder par la connaissance. Nous ne pouvons connaître que des phénomènes, jamais des choses en soi. Nous n'avons que des séries causales, jamais la totalité des causes.
Tant que nous n'avons pas été mis en garde par la critique, nous donnons à cette exigence de notre raison une valeur objective et nous tombons ainsi dans la dialectique dans le sens restreint que lui donne Kant dans sa Critique de la raison pratique, i. e. dans une antinomie (dans la Critique de la raison pure, la dialectique, c'est au moins l'antinomique et le paralogique).
La totalité des conditions correspond au Souverain Bien (cf. le 2e chapitre du 2e livre). En matière pratique, la raison exige que la totalité s'effectue, la totalité du bonheur, la vertu [attention : pour Kant, la liaison entre bonheur et vertu n'est pas causale, mais synthétique]. Mais cette exigence est contredite par la réalité. On postule par conséquent la durée de l'âme au-delà de la vie. Sauf que les exigences de la raison pratique ne conduisent qu'à formuler des postulats, sans augmenter les connaissances.