Vangelis a écrit: Votre auteur confond la liberté de choix avec le succès du choix. Or ce dernier n'a rien à voir avec le libre arbitre chez Sartre.
Dans l'extrait cité, Sartre fait l'opposition entre l'opinion populaire — qui est de penser que la liberté équivaut à la faculté d'obtenir les fins choisies —, et le concept philosophique — qui est l'autonomie du choix ; on peut choisir, par exemple, de se résigner, ou de lutter. Autrement dit, le succès n'importe aucunement à la liberté.
Ce dont parle Daniel Martin n'a rien à voir avec cette notion de succès, il ne remet même pas en cause le fait qu'il y ait eu un choix, mais simplement le fait qu'il y ait une liberté dans notre sélection de ce choix.
Autrement dit, on vit un processus de décision déterminé par des lois sur lesquelles nous n'avons pas d'influence.
Il dit aussi qu'un libre arbitre de l'homme serait une remise en question du matérialisme, car il pourrait ainsi s'extraire de ces lois et les transcender.
cyr a écrit: vous voudriez nous convaincre que le déterminisme est absolu.
Les découvertes scientifiques sont là pour appuyer des propos avant tout philosophiques, puisque je ne me base que sur deux notions déjà admises par Saint Thomas d'Aquin : le déterminisme, et le fait que l'univers ait un commencement.
Si par déterminisme absolu, vous entendez remise en cause du libre arbitre, alors pour le coup, je me base effectivement sur des preuves scientifiques.
Serait-il possible que vous définissiez ce que vous entendez par "déterminisme absolu", afin d'éviter une mauvaise compréhension ?
cyr a écrit: [Et d'autre part, que Dieu étant le principe et la fin de toutes choses, alors Dieu existe et il est tout.
En fait, j'ai développé les caractéristiques de l'impulsion initiale, dont j'ai refait une liste ci-dessous. En remplaçant le terme "impulsion initiale" avec celui de Dieu, on voit que cela regroupe certaines propriétés données au Grand Architecte :
- L'existence de Dieu et l'existence de la matière et du temps sont simultanées ; Dieu a défini les constantes fondamentales, incroyablement bien réglées pour l'apparition de la vie (cf. ici) ; Dieu a engendré le mouvement de l'univers ;
- Dieu a pré-existé à l'existence de la lumière ;
- L'existence de Dieu perdure dans l'univers actuel, elle ne prendra fin qu'à la fin de l'univers ("Il est l'Alpha et l'Omega") ; Dieu est donc en nous et tout autour de nous ;
- Dieu est la première cause (cause définie temporellement, pas logiquement) ; Dieu est la seule création qui existera jamais au cours de l'existence de l'univers ; tout ce que nous faisons existe et est créé à travers Lui, nous n'avons pas de libre arbitre ;
D'ailleurs, je me demande si quelqu'un accepte ces caractéristiques pour l'impulsion initiale ?
Quelques autres pensées qui y sont reliées :
- "Tout est Dieu" (panenthéisme) ou "Dieu est tout"(panthéisme), je ne sais pas trop. En prenant une comparaison avec un réseau d'ordinateur, on peut se demander si ce réseau forme Internet, ou si c'est Internet qui forme ce réseau. L'analogie donnerait alors plutôt raison au panenthéisme.
- La connaissance que nous pouvons avoir de Dieu s'arrête à t=10^(-43)s
cyr a écrit: L’astrophysicien, à supposer qu'il connaisse parfaitement la composition de la matière, et puisse prédire le mouvement et la composition des astres, etc., n'embrasse pas pour autant l'Univers au sens fort, et ne fait jamais ses découvertes et ses prédictions que dans son domaine.
Que signifie le sens fort de l'Univers ? Si vous parlez d'une connaissance absolue et parfaite, on peut concevoir un astrophysicien qui serait aussi biologiste, économiste… jusqu'à avoir découvert toutes les lois existantes. Ou, à la rigueur, un ordinateur.
cyr a écrit: Il en est de même pour les autres disciplines. Elles sont toutes déterministes, et quand bien même on croirait au potentiel de chacune d'entre elles dans leur domaine, croire au déterminisme absolu, serait alors supposer que toutes ces approches, « mêlées, mises bout-à-bout » sont suffisantes à connaître et embrasser l'Univers (ou toutes choses), au sens fort.
Oui, je serais tenté de dire que c'est cela, cependant on peut me faire remarquer :
- Le problème de prédictibilité, qui empêcherait la connaissance au "sens fort" (si cela fait partie de la définition)
- On peut aussi dire qu'un aveugle aura beau ingurgiter toutes les connaissances disponibles sur la couleur bleue, il n'aura jamais la sensation du bleu, c'est le concept de "qualia", remis en cause par Daniel Dennett qui dit qu'en fait, c'est sûrement très faisable, l'expérience de pensée ne prouve rien, il faudrait peut-être des millions de mots, mais c'est peut-être faisable.
- Le fait qu'il puisse être impossible pour quelqu'un, ou quelque chose d'intérieur à l'univers de pouvoir posséder une connaissance instantanée de l'univers entier (ce n'est possible que pour l'univers lui-même, ou Dieu).
J'aimerais donc préciser que croire au déterminisme, c'est avant tout croire que la nature ne fait pas n'importe quoi, qu'elle est soumise à des lois strictes qui — dans le meilleur des cas — permettent de prédire son résultat de façon exacte, et — dans le pire des cas, en physique quantique — permettent de savoir quels sont les différents résultats possibles, et dans quel pourcentage ils vont sortir. C'est aussi croire que les mêmes causes entraînent les mêmes effets et qu'une cause entraînera toujours au moins un effet.
Ces approches suffiraient à connaître l'Univers, que je définis par la connaissance de l'ensemble des principes de causalité (non compris la prédictibilité et la possibilité de reconstituer le passé).
cyr a écrit: Pascal à travers son pari ne cherche pas à démontrer l'existence de Dieu, mais à démontrer de façon probabiliste que nous n'avons rien à perdre à croire à l'existence de Dieu.
Je me souviens de quelque chose comme ça, ce n'est pas lui qui a dit que nous n'avons rien à perdre à croire en Dieu — car dans le pire des cas, on meurt — et que nous avons tout à gagner à croire en lui – car dans le meilleur des cas on va en enfer. Un athée cependant ne gagne rien en mourant si Dieu n'existe pas, et va en enfer si Dieu existe. Cependant, croire en Dieu influence aussi beaucoup la manière de vivre sa vie, donc ce raisonnement est moyennement valable.