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Peut-on vraiment définir la philosophie ?

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Hervé BOURGOIS
Nescio.
Desassocega
Silentio
Baschus
Euterpe
Liber
11 participants

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Baschus a écrit:
De même qu'un professeur de littérature n'est pas un artiste, un professeur de philosophie n'est pas un philosophe.
Cela va de soi. Le seul problème vient de l'amalgame que l'on fait entre la profession comme statut social et son caractère véritablement philosophique.

Baschus a écrit:
Le professeur ouvre des chemins vers les concepts et leurs problèmes correspondants ; il n'est pas créateur.
C'est assez réducteur. L'activité du professorat peut être décomposée en deux tâches essentielles au moins : d'une part, il y a le cours qui vise à présenter des doctrines et à rendre intelligible des concepts. Ce n'est pas à proprement parler philosophique, même si la pédagogie est importante, autant dans la formation de l'élève que du maître. Se focaliser sur la création du concept nous fait tout de même passer à côté de la tâche philosophique d'apprentissage, non seulement des connaissances, mais par elles d'apprentissage de la condition ouvrant à la philosophie et à la spécificité de cette activité. Certes, en apprenant à manier des outils nous ne les utilisons pas nécessairement de la même manière qu'un philosophe, toutefois former l'esprit de l'élève, le rendre sensible à des problèmes, le faire s'engager dans le mode de vie philosophique ou orienté par la volonté d'approcher la sagesse ou la vérité, voilà qui me semble faire partie d'un processus philosophique.

D'autre part, si l'on forme à l'attitude et à la pensée (formalisation et contenu) il s'agit aussi de faire comprendre des idées aux élèves, pour qu'ils puissent plus tard s'en ressaisir, et pour le maître de faire des démonstrations visant à développer un jugement en partant d'une opinion, en la réfutant, en soulevant un problème, en en montrant les enjeux, etc. Le professeur et les élèves ne sont pas purement passifs ni des machines récitant par cœur leur cours. Élaborer un jugement me semble être un but de la philosophie et chaque étape est importante, voire inséparable du jugement lui-même. Avant de créer il y a donc à assimiler et à faire vivre les concepts antérieurs. Vous pourrez estimer que cela correspond à une étape pré-philosophique, il me semble tout de même que ce n'est pas aussi simple que ce que vous nous dites et que l'on ne peut se défaire aussi facilement de la philosophie comme apprentissage permanent, activité, actualisation d'un ensemble d'idées amenées à former un jugement, et comme pratique de vie. Ceci lié, justement, au sujet ou à l'homme (comme vivant parlant et réfléchissant) par qui la pensée et le concept émergent au monde et dans le langage. Vous en restez, au fond, à la philosophie spéculative en vous concentrant sur la partie purement idéelle, ceci étant lié à la connaissance, et vous ne considérez pas l'aspect pratique alors même que l'éthique et la pédagogie sont au cœur de la philosophie depuis Socrate et Platon (voyez la République, Alcibiade ou l'Éthique à Nicomaque d'Aristote).

Baschus a écrit:
Nietzsche, cet esthète du concept, se moque de Kant et d'Hegel parce qu'il trouve leurs concepts froids, sans grâce : les concepts de Nietzsche sont esthétiquement aux antipodes des autres concepts allemands.
Il est clair que nous avons-là deux conceptions différentes de la philosophie et même deux esthétiques, Nietzsche étant à la fois artiste et proche du sage de l'Antiquité. Nietzsche ne forge pas seulement des concepts, il vit sa philosophie et souhaite partir du réel et le changer, reprenant la question de ce qu'est la vie bonne, sans pour autant tout soumettre à la connaissance. On peut dire que Kant et Hegel ont aussi vécu passionnément leurs idées, ils n'ont pas eu le même rapport au monde et à leur corps. Il me semble, néanmoins, que les concepts hégéliens sont puissants et persuasifs.

Baschus a écrit:
Nous autres, pauvres amateurs, étudiants ou professeurs, nous savons plus ou moins goûter les concepts, mais sacrebleu ! Nous ne savons pas les créer !...
Vous avez raison, à ceci prêt que nous pouvons toujours à la fois refaire et réutiliser les démonstrations des grands philosophes et vivre passionnément dans ce réseau d'idées qui peuvent prendre une dimension importante dans notre vie intellectuelle et intime. En cela, un suiveur sans grande originalité, reprenant l'enseignement de ses aînés, peut pourtant être philosophe. Il le sera surtout si, à défaut d'inventer, il soulève de nouveaux problèmes (qui sont les siens) et interroge les anciennes doctrines pour les faire accoucher, espérons-le, de nouvelles idées dans l'accord des sensibilités.

Baschus a écrit:
Deleuze était plutôt modeste quant à son rôle dans l'histoire de la philosophie
Je me méfie tout de même de son innocence revendiquée et de sa modestie apparente, lui qui n'hésitait pas par exemple à faire "des enfants dans le dos" des philosophes qu'il étudiait. Reste que mon message précédent était plus ironique ou moqueur que critique.

Baschus a écrit:
On ne mesure pas un philosophe à la quantité de concepts fabriqués, mais à leur qualité, ça va de soi.
Tout à fait, on pourra d'ailleurs se demander si tous les concepts deleuziens sont aussi pertinents qu'ils sont originaux.

Baschus a écrit:
Il n'y a que Hume et Schopenhauer dans l'histoire de la philosophie qui ont pu faire leurs chefs-d’œuvre très tôt.
N'oublions pas le génial Berkeley !

Baschus a écrit:
Pensez-vous vraiment que Diogène et ses comparses sont de grands philosophes ? Ils ont eu le mérite de radicaliser la démarche socratique, et ainsi de radicaliser, de pousser jusqu'au bout un problème éthique.
Par cette radicalité, l'incarnation de la vérité qui fait scandale en confrontant un mode de vie aux préjugés de la cité, il me semble que ce sont des philosophes à part entière et très importants. Encore faut-il les comprendre comme ils se comprenaient et accepter l'importance de l'éthique et de la spiritualité dans la philosophie antique (ou la pratique existentielle orientée par la vérité). Vous semblez privilégier la connaissance et la métaphysique. Mais il n'y a pas que le concept dans la vie, il y a aussi l'existence et la manière dont on mène sa vie et dont on la pense pour s'y déterminer. Les cyniques, par exemple, sont des créateurs à leur manière, des stylistes de leur existence, ce qui fait d'eux des œuvres d'art qui ont peut-être plus d'intérêt et de "gueule" que les créateurs en pensée. Remarquez tout de même que Deleuze en parlant de plan d'immanence recoupant le chaos nous montre finalement qu'il y a bien des liens entre le concept, qui prend place dans la pensée, et la forme de vie ou le monde sensible, en tant que le concept, fruit d'une expérience, ouvre la pensée à de nouvelles approches de l'existence. Ce qui permet, en fin de compte, de vivre autrement plutôt que de créer des concepts stériles pour le simple plaisir de créer. Nietzsche n'aimait pas l'art pour l'art, plutôt l'art pour la vie, pour vivre.

Baschus a écrit:
Ce sont de bons blagueurs, de magnifiques provocateurs ; mais qu'est-ce que le mépris de Diogène devant la créativité philosophique de son meilleur ennemi, Platon ?
Il est certain que j'ai plus d'admiration pour le génie de Platon et son œuvre, mais ceci considéré d'emblée sous l'angle de la pensée. Il ne faudrait pas non plus oublier l'autre œuvre réussie de Platon, au même titre que les cyniques, c'est-à-dire sa propre vie.

Baschus a écrit:
De l'un nous retenons d'immortelles anecdotes, de l'autre une déferlante de concepts dont la puissance n'est plus à démontrer ; qui est le philosophe ? Peut-être en serait-il autrement si nous avions pu préserver les livres des cyniques, mais je doute que leur apport en philosophie eût été considérable.
Diogène est hautement philosophe, ami de la sagesse, lorsqu'il met la pensée devant ses propres failles, devant sa bêtise à l'égard du réel. En ce sens, il montre bien que le concept n'est pas si nécessaire lorsqu'il ne nous permet pas de vivre et encore moins de bien vivre. Le concept n'est-il pas plus intéressant lorsqu'il donne lieu à une conversion du regard posé sur soi et sur le monde afin de cerner comment mieux y vivre et comment distinguer les vrais problèmes de ceux qui ne sont finalement que d'obscures obsessions nées de l'ignorance ou de l'incapacité à vivre correctement ?

Baschus a écrit:
En même temps, Deleuze est conscient que la philosophie n'est pas du tout démocratique, elle est l'inverse de la plaisante discussion entre amis ; la philosophie est née de la perpétuelle rivalité, de la lutte entre des prétendants, de l'agôn grec. Elle n'aurait pas pu naître ailleurs qu'en Grèce...
Exact, ça me paraît très important. On pourrait même penser que malgré le dialogue nous ne faisons que nous parler à nous-mêmes ; nous ne serons jamais compris entièrement et peut-être n'est-ce pas le but. On peut vouloir dominer. Mais il y a aussi que chacun parlant depuis lui-même et de lui-même ne fait que traduire ses préférences et aborder un sujet selon la compréhension qu'il en a et l'intérêt qu'il présente à ses yeux. Bref, je peux lire Deleuze, ses problèmes ne seront pas exactement les miens. Je l'interrogerais toujours à partir de mes propres problèmes, il y aura toujours un écart entre nous. D'où, peut-être, le désintérêt de Deleuze pour la discussion quand certains voulaient qu'il s'explique dans le cadre de polémiques.

Baschus a écrit:
C'est une drôle de mode, qui va bien avec le bas relativisme de notre temps, que de voir la philosophie partout.
Personnellement, je distingue les apprentis ou les professeurs, les philosophes et les grands philosophes. Il y a beaucoup de prétention, heureusement plus la compétence augmente et plus le philosophe se fait humble (sauf chez certains génies très virulents !).

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Dans l'ensemble, nous sommes à peu près d'accord. Car je n'ai jamais nié que la philosophie pouvait se vivre, pouvait être pratique, et je méprise les intellectualistes qui font de la philosophie froidement, comme si ce n'était qu'un gagne-pain pour les uns, un divertissement supérieur pour les autres. Je crois que Deleuze a cerné ce qui fait la spécificité de la philosophie en insistant sur sa fonction de création de concepts, et il me semble juste de définir une activité selon ce qu'elle produit. Pourquoi voudrait-on qu'un professeur de philosophie soit un philosophe ? La tâche du professeur de philosophie est vaste, vous en avez souligné quelques traits importants, on pourrait encore la préciser ; pour ma part, et pour le dire très vite, je crois que le bon professeur est avant tout un guide de sa discipline, voire un séducteur... Avez-vous remarqué la puissance d'attraction qu'ont les grands professeurs ? Deleuze en est un parfait exemple.

Dire que la philosophie est création de concepts, ce n'est pas dire, Dieu merci, que la philosophie est purement spéculative, mais que sa dimension pratique prend sa source dans les concepts philosophiques, et c'est bien ce qui différencie le religieux pratiquant du philosophe pratique : un stoïcien vivra la philosophie à partir des concepts créés par les stoïciens, tandis que le catholique suit les préceptes et les règles de l'Église. Mais est-on philosophe parce que l'on prétend vivre inspiré par les concepts de Spinoza, de Nietzsche ? Non, ce serait trop simple ; de même que l'on n'est pas écrivain lorsqu'on est influencé par Stendhal ou par Proust. Le tour de force de Deleuze, c'est de rendre au philosophe sa fonction productive, créatrice. Il fait de la philosophie une poiesis ; le philosophe est plus proche du forgeron que de l'ascète. Trop souvent la philosophie s'est abandonnée avec complaisance dans la contemplation.

Je me méfie tout de même de son innocence revendiquée et de sa modestie apparente, lui qui n'hésitait pas par exemple à faire "des enfants dans le dos" des philosophes qu'il étudiait.

Il n'y a presque que lui pour faire de l'histoire de la philosophie ainsi : il pénètre dans une philosophie entièrement, restitue les problèmes et les concepts correspondants, et parvient à y trouver, sans déformer l'auteur, quelque chose de fécond pour sa propre pensée ; par exemple, son livre sur Spinoza et le problème de l'expression est un véritable modèle d'une assimilation à la fois rigoureuse et originale. Je ne parle même pas du coup de génie qu'il eut en jouant Bergson contre lui-même pour fonder son esthétique du cinéma.

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aristippe de cyrène a écrit:
Je suis d'accord pour dire que définir ce qu'est un philosophe et comment le distinguer de certaines autres pratiques est difficile, mais pas la définition de la philosophie. La philosophie est pour moi définie à la perfection par Épicure :
la philosophie est une pratique, qui par des discours et des raisonnements, procure la vie heureuse.

Je pense que cette définition manque d'éclaircissement. A vrai dire, dit ainsi, on pourrait presque dire que "Philosophie = Eudémonisme" puisque la vie heureuse est justement posée comme but. Pour revenir à ce qui a été dit précédemment, il manque de la sagesse. La vie heureuse ne passe pas forcément par la sagesse tandis que la philosophie, par les discours et raisonnements, par le travail d'introspection, amène à la sagesse et ainsi à la vie heureuse, à l'état de bonheur.

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Hervé BOURGOIS a écrit:
Mais philosopher pourrait être aussi de créer des opinions

On peut dire qu'il existe des opinions philosophiques. C'est une approche descriptive et sociologique du champ philosophique dans son ensemble qui ne tient pas compte de leur véracité.

Par ailleurs, les doctrines philosophiques peuvent être irriguées en préjugés et servir ou contribuer à les maintenir. On se confronte alors au problème du dogme, du conformisme ou de l'idéologie par exemple.

En outre, la connaissance ne s'oppose pas à l'opinion (doxa) : non seulement elle en part (la philosophie est para-doxale), mais une connaissance est une opinion éprouvée, argumentée, une opinion vraie (Platon parle d'opinion droite), bien que l'on puisse dire qu'elle ne soit que tenue pour vraie. Après tout, le sceptique remarquera que l'on peut toujours opposer une opinion à une autre, et cela sans fin. D'où la diversité des écoles en philosophie.

Hervé BOURGOIS a écrit:
Alors, pour sortir de ce cadre, nous pourrions aussi créer des concepts qui nous permettraient de créer des opinions… comme la liberté, ainsi je pourrais dire, telle chose est mieux parce que cela augmente la liberté… Vous me direz que j’essaye peut-être d'embrouiller mon interlocuteur, lui faire prendre des vessies pour des lanternes.

Créer des concepts qui créent des opinions, je ne vois pas trop quel sens cela peut avoir. En revanche, avoir une opinion (un avis plus ou moins informé) sur un concept ou utiliser un concept au service d'une opinion, je comprends.

Quant à votre autre formule, "telle chose est mieux parce que cela augmente la liberté", c'est ce que l'on trouve dans l'utilitarisme et le pragmatisme. La vérité d'une proposition ne s'appuie pas sur la correspondance avec la réalité, mais sur son utilité et les effets qu'elle produit.

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Dienekes a écrit:
C’est une position assez taquine à tenir sur ce forum

Vous avez sans doute raison. Cependant, le Larousse nous dit : « discourir plus ou moins banalement sur quelque chose en s'en tenant à des idées générales. » Il me semble donc intéressant de préciser quelque peu. L’opinion est dévalorisée alors que (et pas parce que) c’est l’une des principales activités humaines. La raison du premier point est un sujet à part entière… Mais la raison du second est le cœur de la philosophie. Pourquoi avons-nous besoin d’opinions ? Lorsque nous devons faire des choix humains, ce qui revient à choisir des activités humaines, nous n’avons pas de certitude, nous ne pouvons baser nos choix que sur une valorisation humaine, telle chose est mieux que telle autre, telle chose est bien, telle chose est mal [cf. l'axiologie (Euterpe)]. Par exemple, j’ai 20 ans, je peux me demander s’il est mieux de rentrer à la fac de philosophie ou de me faire exploser au milieu de la foule… comment puis-je choisir ? Par des opinions, celles qui sont véhiculées par la société ou celles que j’ai créées. Cet exemple provocateur montre qu’il est important que des opinions soient véhiculées par la société et que, si je puis dire, la qualité ou la pertinence des opinions n’est pas anodine. Ainsi, la philosophie qui donne à philosopher ne devrait pas s’estimer dévalorisée parce qu’elle créée des opinions… Par contre, elle porte une grande responsabilité [cf. la notion de prescription (Euterpe)]. Le fait qu’elle devienne inaccessible au non-philosophe (comme moi) peut se voir comme un problème social. Par ailleurs comme son objet n’est pas de changer la société, elle risque de se cantonner à promouvoir sa culture et les valeurs existantes. C’est pourquoi, je pense qu’elle doit développer de nouveaux outils de raisonnement qui permettraient de « gérer/comprendre les opinions », plutôt que de les créer.
Dienekes a écrit:
Pourquoi recourt-on à la philosophie ? Généralement parce que l’on a un problème à travailler et qu’il ne se dissout pas dans les opinions courantes : pour Constant, comment construire un État moderne qui garantisse les libertés individuelles ? pour Berlin, comment éviter que le concept de liberté ne puisse servir de base à un totalitarisme ?


Peut-être suis-je un peu trop caricatural dans ma tentative de répondre à la question initiale. Votre exemple est ainsi très pertinent. Mais je voudrais insister sur un point, la pertinence des arguments n’augmente pas la certitude d’une démonstration mais peut-être sa valeur, son poids dans les consciences au moment du choix. En affirmant des valeurs, peut-être pouvons-nous augmenter la stabilité d’une société. Mais la question délicate est la destinée même de la société...
Silentio a écrit:
On peut dire qu'il existe des opinions philosophiques. C'est une approche descriptive et sociologique du champ philosophique dans son ensemble qui ne tient pas compte de leur véracité.

La véracité de quoi ?

Silentio a écrit:
Créer des concepts qui créent des opinions, je ne vois pas trop quel sens cela peut avoir. En revanche, avoir une opinion sur un concept ou utiliser un concept au service d'une opinion, je comprends.

Je dois donc être utilitariste. Je pars du principe que les concepts correspondent à des activités (dans un sens très large) humaines qui peuvent être intellectuelles ou non. Je ne pense pas que la liberté au sens philosophique (hors des aspects de la contrainte physique) ne soit qu’un concept ludique pour des joutes intellectuelles. Le concept de libre-arbitre permettait à l’Église catholique de résoudre le paradoxe : l’âme est créée par Dieu mais Dieu ne peut être responsable des actes des individus. Dans ce sens, il justifie (par une opinion) la responsabilité des individus. De nos jours, nous pourrions remplacer Dieu par la société. Puisque vous parlez de réalité, la réalité n’est qu’humaine, nous savons dissocier un individu des autres, puisqu’il en est différent, mais pas de la société qui est son lieu de vie et la source de ses enseignements, pas du vivant dont il a hérité ses caractéristiques, etc. L’homme n’existe pas dans une réalité, mais dans une réalité humaine (culturelle même) composée de concepts. Lorsque nous parlons de liberté, nous cherchons à réconcilier le concept d’homme avec les autres, « sa dépendance avec la société, le vivant, etc. » Mais si j’étais totalement dépendant de la société, que par exemple c’est elle qui m’enseignait ses connaissances, me proposait ses activités, comment qualifier la liberté ? Par le calcul du nombre des activités qu’elle propose ? Lorsque je dis que j'ai plus de liberté dans une démocratie que dans une dictature, ce n’est qu’une opinion… sauf si j’ai plus de risque de finir en prison dans l’une que dans l’autre. La liberté me permet de l'exprimer, je ne sais pas ce que cela signifie, mais cela me satisfait, je n'ai pas l'envie de changer ma démocratie contre une dictature. C’est un vaste sujet, je l’ai sûrement un peu, beaucoup (?), écorché.

Dernière édition par Euterpe le Jeu 18 Aoû 2016 - 11:37, édité 3 fois (Raison : Orthographe)
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