Je ne suis pas contre la définition, je disais qu'elle ne pouvait pas s'appliquer à l'animal. Mais chez l'homme cette définition devrait aussi prendre en compte le jugement moral. Ainsi, la guerre n'est pas cruelle, elle oppose deux absolus l'un contre l'autre, les soldats revêtent un uniforme qui indique qu'ils sont là pour vaincre ou mourir au nom de l'absolu qu'ils défendent. La cruauté c'est le traitement violent réservé à celui qui redevient un homme et que l'on torture comme s'il était encore un ennemi alors que capturé il n'est plus un soldat opérant en tant que tel. Là, en tant qu'homme, il devrait bénéficier du traitement réservé à ceux qui font partie de la société civile. C'est le fait de ne pas respecter les conventions sociales basées sur la limitation de la violence (pourtant fondatrice ?) qui nous rend sensible à l'écart entre l'idéal et le comportement animal de l'homme, ce qui crée dans un même mouvement la cruauté et son rejet moral (les deux semblent inséparables, la cruauté nous dégoûte et nous révolte, elle est monstrueuse, inhumaine). On ne pardonne pas à l'homme de faire ce qui est contraire à l'idée que nous avons de l'Homme, tandis que nous ne pouvons changer quoi que ce soit au fait que le lion dévore sa proie ou que le chat joue avec la souris. Quant à l'homme, pouvons-nous vraiment lutter contre le fait que lui aussi est un animal ? Bien entendu, ça nous choque, et nous trouvons ça cruel, l'homme étant bien au-dessus, exempt de cette barbarie, lui le civilisé, lui qui croit au progrès moral. De plus, on jugeait que les manières de Sparte étaient cruelles, mais ceci d'un point de vue extérieur à cette cité, et on respectait tout de même Sparte. La cruauté y était même recommandée, elle était valorisée. Elle n'est donc problématique dans la nature que dans le regard de l'homme qui a voulu s'en séparer en rejetant la violence. Nous avons honte de la part animale en nous et nous sommes d'autant plus choqués par la cruauté dont peut faire preuve celui qui s'écarte de la loi et des mœurs que nous sommes hypocrites en détournant notre regard du fait que la société civile elle-même est imparfaite et masque la violence qu'elle contient et qui s'y exprime autrement que dans la nature.
Dernière édition par Silentio le Mer 24 Aoû 2011 - 15:55, édité 2 fois