Vous cherchez compliqué, je trouve, et votre conception de la conscience me semble quelque peu obscure et teutonne !...
Je vois les choses plus simplement. Si les animaux et les hommes possèdent une conscience, c'est parce que chez ces êtres, diverses actions sont possibles ; ils ont des moyens d'action que n'ont pas les végétaux, lesquels ne peuvent pas agir d'une façon plutôt qu'une autre : ils ne sauraient que faire d'une conscience. La conscience permet aux êtres vivants de prendre du recul par rapport aux informations reçues par leur perception ; cette distance féconde leur fait envisager diverses possibilités d'action, ils peuvent trancher, opter pour la meilleure solution ; sans cette conscience, nul être vivant ne pourrait inventer, faire du nouveau. Dans le cadre de notre réflexion, c'est ainsi qu'il me semble correct de voir la conscience, et il n'y a nulle trace d'un contenu de pensée fixe là-dedans. À vrai dire, je ne sais ce que vous voulez dire avec une conscience qui ne serait qu'un élan vers le monde. Que l'animal ait une conscience, c'est quelque chose qui va de soi ; mais il est difficile de soutenir que l'homme n'a qu'une conscience supérieure en degré. La conscience, chez l'homme comme chez l'animal, permet l'invention, la créativité ; mais, comme dirait Bergson :
De fait, chez l'animal, l'invention ne vise qu'à obéir mieux à la nature et aux instincts. Chez l'homme, "la volonté parle encore, quand la nature se tait" : la puissance de choix à nulle autre pareille que lui donne sa conscience l'émancipe de la tyrannie des instincts ; mille questions, mille préoccupations non dictées par ses instincts de survie avancent vers lui ; les plus surprenantes bêtes n'entrevoient rien des problèmes proprement humains. La conscience humaine explore des possibilités de chemins radicalement différents de ceux de l'animal, et l'essentiel est là ; c'est la conscience qui fait apparaître ces chemins qui ne peuvent qu'être humains, et non pas une autre faculté. L'ère de l'homo faber commença lorsque l'homme put voir plus loin que sa survie dans le présent ou le futur proche ; c'est là que l'homme montra pour la première fois sa puissance créatrice consciente qui le fait différer qualitativement des autres êtres vivants. Montrez-moi un animal composant une musique, fondant une religion, maîtrisant la technique du feu, séduisant une femelle par des poèmes – autant d'activités humaines montrant que sa conscience ouvre des sentiers créatifs menant plus loin que la survie de l'espèce – et j'admettrais que la conscience humaine ne diffère de la conscience animale que par degré.
Je vois les choses plus simplement. Si les animaux et les hommes possèdent une conscience, c'est parce que chez ces êtres, diverses actions sont possibles ; ils ont des moyens d'action que n'ont pas les végétaux, lesquels ne peuvent pas agir d'une façon plutôt qu'une autre : ils ne sauraient que faire d'une conscience. La conscience permet aux êtres vivants de prendre du recul par rapport aux informations reçues par leur perception ; cette distance féconde leur fait envisager diverses possibilités d'action, ils peuvent trancher, opter pour la meilleure solution ; sans cette conscience, nul être vivant ne pourrait inventer, faire du nouveau. Dans le cadre de notre réflexion, c'est ainsi qu'il me semble correct de voir la conscience, et il n'y a nulle trace d'un contenu de pensée fixe là-dedans. À vrai dire, je ne sais ce que vous voulez dire avec une conscience qui ne serait qu'un élan vers le monde. Que l'animal ait une conscience, c'est quelque chose qui va de soi ; mais il est difficile de soutenir que l'homme n'a qu'une conscience supérieure en degré. La conscience, chez l'homme comme chez l'animal, permet l'invention, la créativité ; mais, comme dirait Bergson :
Bergson a écrit:Chez l’animal, l’invention n’est jamais qu’une variation sur le thème de la routine. Enfermé dans les habitudes de l’espèce, il arrivera sans doute à les élargir par son initiative individuelle ; mais il n’échappe à l’automatisme que pour un instant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se referment aussitôt ouvertes ; en tirant sur sa chaîne il ne réussit qu’à l’allonger. Avec l’homme, la conscience brise la chaîne. Chez l’homme, et chez l’homme seulement, elle se libère.
De fait, chez l'animal, l'invention ne vise qu'à obéir mieux à la nature et aux instincts. Chez l'homme, "la volonté parle encore, quand la nature se tait" : la puissance de choix à nulle autre pareille que lui donne sa conscience l'émancipe de la tyrannie des instincts ; mille questions, mille préoccupations non dictées par ses instincts de survie avancent vers lui ; les plus surprenantes bêtes n'entrevoient rien des problèmes proprement humains. La conscience humaine explore des possibilités de chemins radicalement différents de ceux de l'animal, et l'essentiel est là ; c'est la conscience qui fait apparaître ces chemins qui ne peuvent qu'être humains, et non pas une autre faculté. L'ère de l'homo faber commença lorsque l'homme put voir plus loin que sa survie dans le présent ou le futur proche ; c'est là que l'homme montra pour la première fois sa puissance créatrice consciente qui le fait différer qualitativement des autres êtres vivants. Montrez-moi un animal composant une musique, fondant une religion, maîtrisant la technique du feu, séduisant une femelle par des poèmes – autant d'activités humaines montrant que sa conscience ouvre des sentiers créatifs menant plus loin que la survie de l'espèce – et j'admettrais que la conscience humaine ne diffère de la conscience animale que par degré.