Il me semble qu'il y a une différence notable entre être conscient et avoir une conscience.
La première chose à considérer est la conscience de soi qui permet d'isoler un être de son environnement. Elle proviendrait d'une boucle cérébrale qui informe en continu sur l'état du corps et sur elle-même.
Ensuite si l'on considère d'une part que la conscience est un processus cérébral tendu vers l'extérieur de l'être et qui y retourne, venant par là même à ajouter de l'information pour l'être, et que d'autre part le continuum de conscience permet une fracture en comparant par juxtaposition l'état précédent et suivant de ce processus au regard d'un extérieur décrit plus haut, alors il y a conscience. C'est être conscient.
Si par une extraordinaire lucidité j'en viens à considérer mon être conscient et à en juger au-delà d'un moment présent ou d'un gain immédiat et en regard d'un projet, alors j'ai conscience. Mais j'ai surtout la liberté de choisir l'étape prochaine de la conscience par une expérience nouvelle afin de le concrétiser. Il s'agit là d'un avoir de conscience en vue d'un nouvel être conscient que je serais.
Enfin, au-delà de cette extraordinaire lucidité il y a le miracle (façon de parler). Un avoir de conscience n'existe pas autrement que dans la perspective. Comment donc initier une réaction qui serait dans un futur qui n'existe pas en conscience ? Il semble pourtant évident de pouvoir placer l'imaginaire en conscience et cela ne devrait poser aucun problème. Malgré tout on peut interroger l'origine de cet imaginaire et ce qui l'a inspiré. Pour ce faire je reviendrais sur la notion de vivant. Au-delà d'une description biologique basée sur l'ADN ou l'ARN, je définis ce qui est vivant par ce qui a un projet plus ou moins conscient. Cela va de la simple réaction comme pour les plantes et la plupart du monde animalier, et donc sans réelle conscience ou pour le moins embryonnaire pour certains, jusqu'à l'élaboration consciente d'une stratégie en vue d'un projet sans toutefois être totale.
La stratégie est à comparer à un jeu. Il s'agit de faire comme si en considérant qu'il n'y a pas de "si" au singulier. Ainsi l'avoir de conscience ouvre un champ de possibles pour un être conscient à venir et appelle une certaine liberté. Et ce champ de possible qu'est la liberté qui s'essaie au présent pour le futur je la nomme imagination. L'avoir de conscience est cette extraordinaire capacité à simuler une ou des expériences pour l'être conscient sans que son être ne se confronte à une exo-expérience. Puisque la conscience est un processus qui permet l'examen de l'extérieur et elle-même, il y a donc bien une endo-expérience rendue possible par cette boucle en abîme par le haut (conscience d'être conscient d'avoir conscience d'être conscient, etc.) et où la mémoire joue un rôle fondamental. Imaginer c'est se projeter et faire un pari. On peut vivre quelque chose sans "Le" vivre réellement.
Je viens de parler du rôle de l'imagination mais je n'ai pas parlé de son origine ni de son inspiration et c'est bien intentionnel. Car à partir de maintenant on va pouvoir, non pas définir la conscience d'un animal qui doit sûrement reprendre un peu de ce que je viens d'exprimer, mais essayer de l'entrapercevoir par la notion d'évolution. Prenons un animal un peu évolué et demandons-nous s'il serait possible qu'il ait une conscience équivalente à la nôtre. Il peut avoir conscience de ses actes en tant qu'ils sont faits par lui et par personne d'autre, il ressent la douleur et le plaisir et peut aussi élaborer un plan pour capturer une proie, se mettre à l'abri ou encore attirer l'attention de son maître pour les espèces domestiquées, communiquer avec ses congénères, utiliser des outils et faire preuve d'abstraction pour les grands singes par exemple, sans compter certains oiseaux qui ont une notion de quelques nombres, posséder une mémoire, etc. En gros il peut avoir un projet et en être conscient. Tout comme nous. Mais alors où donc se situe la différence ? Il y a bien évidemment des choses que font les humains et que ne font pas les animaux mais cela se situe plus au niveau du degré que des fonctions proprement dites, même si la capacité d'abstraction vraiment poussée semble rester proprement humaine. Par exemple les corbeaux qui comptent ne font pas et ne feront pas de calcul infinitésimal. Du moins c'est peu probable. Et là je reviens à l'imagination. Si certains animaux sont capables d'imagination tout comme l'homme, ils le font tout comme nous, à savoir qu'ils se projettent et font un pari sur l'avenir. Et cette notion d'avenir est à mettre à l'actif d'un être et pas d'un autre. Ainsi il est un être dont il est en son être question de son être. Cela peut paraître évident mais cela veut surtout dire que le chien par exemple ne peut s'imaginer qu'en tant que chien, que tout son passé évolutionniste jusqu'à ce qu'il soit ce qu'il est détermine ce qu'il pense pouvoir être. Il ne peut avoir qu'un projet de chien comme nous ne pouvons qu'avoir un projet d'homme. Même si nous pouvons imaginer être un chien, ce serait un homme devenu chien, pas un chien. La différence est fondamentale et nous avons l'origine de l'imaginaire qui est une fonction à projet soutenu par un être dont l'histoire et l'évolution déterminent son cadre.
Puisqu'enfin un être vivant a la conscience que sa nature lui permet d'avoir par l'histoire de son évolution et qu'il n'est pas possible de les séparer, et que d'autre part on ne peut pas définir la conscience par son contenu et qu'enfin par cette définition minimale (mais on ne saurait aller plus loin) il convient de considérer la pensée dans un extraordinaire complexe cérébral et non pas seulement au niveau de la conscience qui n'est qu'une tension, alors on peut dire que l'animal a une conscience. Mais cela ne nous apprend rien.
Dernière édition par Vangelis le Sam 27 Aoû 2011 - 13:50, édité 3 fois