etticeticettac a écrit: le marché n'est pas naturel, il est la volonté des hommes.
Naturel ? Pas Naturel ? Votre affirmation contre la mienne.
Le marché est né dès le paléolithique, quand un homme a eu l'idée d'offrir quelque chose en échange d'un bien ou d'un service possédé par un autre homme : un propulseur contre un hameçon en os, par exemple. Depuis, il n'a cessé de se développer. Il semble que cela réponde au besoin humain de posséder un maximum de biens et de services dans le but de satisfaire ses désirs. Le langage aussi est une invention humaine pour répondre au besoin de communiquer. Le marché aussi bien que le langage se sont développés le plus souvent par tâtonnement au cours des millénaires. Ils ont grandi simultanément en taille aussi bien qu'en complexité. Les pratiques commerciales, tout comme les langues, sont transmis de génération en génération et appris dès la petite enfance. Elles sont tellement imbriquées dans notre existence qu'on ne peut les modifier trop brutalement en profondeur. Ceci dit, tous deux sont des inventions humaines : on ne peut les qualifier de naturelles.
Cependant, les besoin
s humains qui ont provoqué leur naissance sont bien, eux, naturels. Et, dans un marché libre et concurrentiel, la loi de l'offre et de la demande semble bien liée au comportement naturel de l'homme. On peut utiliser cette loi pour spéculer, en stockant des grains par exemple, on peut la contenir de diverses façons, mais je ne vois pas comment on pourrait la nier. Et je suppose qu'en économie, il existe quelques autres lois qui s'appuient sur les comportements naturels de l'homme.
Voilà donc ce que j'entendais par "éléments naturels du marché".
Ceci dit, je pense que nous sommes d'accord sur l'essentiel : il n'est pas question de renoncer à l'économie de marché, mais d'en modifier les règles actuelles de façon à satisfaire au mieux les besoins de tous.
La seule alternative que je connaisse à l'économie de marché, c'est l'économie socialiste, laquelle a été essayée sous diverses formes par au moins un tiers de l'humanité avec des résultats encore plus décevants que ceux de l'économie libérale actuelle. J'ai cherché à comprendre les causes de ces échecs. Je vous livre ces réflexions. Là encore, je fais appel à des lois naturelles du comportement humain ordinaire.
Les extraits que je vous soumets portent sur l'échec du communisme en Union Soviétique.
... Et pour aggraver leur situation, le matérialisme historique orthodoxe enseigne que l’économie socialiste est la meilleure alors qu’elle n’a jamais produit que la médiocrité généralisée, quand ce n’était pas la pauvreté.
L’économie libérale s’appuie lourdement sur l’égoïsme et l’économie socialiste fait largement appel à l’altruisme. Connaissant le grand amour de l’homme pour son ego, vous savez pourquoi le capitalisme triomphe. En pays capitaliste, pour un propriétaire d’entreprise, le moyen ordinaire de faire fortune, c’est d’amener ses employés à produire un maximum de richesses. Ainsi, en travaillant pour son cher « Moi », il contribue à l’enrichissement du pays. En pays communiste, pour un chef d’entreprise, le moyen ordinaire de faire fortune était de plaire aux dirigeants, de ne pas mécontenter ses employés et de détourner les biens de l’État. Travaillant lui aussi pour son cher « Moi », il contribuait trop souvent à l’appauvrissement de son pays.
Je dois admettre malgré tout que l’économie socialiste a parfois donné satisfaction, ce qui relançait d’autant les espoirs placés en elle. En y regardant de plus près, je constate que c’était dans de courtes périodes où le patriotisme était indispensable pour assurer l’existence de la nation. Ainsi les Soviétiques ont-ils travaillé très dur pendant la Guerre 39-45, quand ils luttaient pratiquement seuls contre les armées nazies : les femmes avaient des journées de dix-huit heures à l’usine. Et, après la libération, quand il s’agissait de bâtir un monde meilleur sur les ruines de l’ancien, les peuples des pays communistes fournissaient encore de gros efforts. Mais hélas, au fur et à mesure que le danger s’éloignait, l’égoïsme, le préféré de l’homme, a fait savoir que son heure était venue. Et c’est ainsi que tous les pays socialistes se sont enfoncés dans la médiocrité généralisée, la production à grande échelle de camelote et de rebuts en tous genres.
Dans une dictature communiste, l’économie n’est pas la seule à souffrir. Toujours en raison de cette fichue préférence pour le « Moi-Ici-Maintenant », les hommes du pouvoir finissent par céder à la tentation de s’attribuer toutes sortes de privilèges. C’est pourquoi il faut établir des contre-pouvoirs.
Absence de libertés, absence de contre-pouvoirs, absence de libéralisme en économie : voilà les trois principales causes des échecs communistes.
Que de douleurs vaines pour quelques erreurs !...