Kthun a écrit: il observe que cette conception cyclique entre en dissonance avec une autre qui est celle du progrès (impliquant, par définition, une progression linéaire
Il est peut-être possible d'expliquer cette dissociation/dissonance entre la circularité et la linéarité de l'histoire, du moins en Occident, par la séparation qui opère à partir du XVIIIe siècle entre société (civile) et politique. Les sociétés modernes ne conçoivent plus le politique que comme une institution qui ne peut procéder que d'elles, en partie parce qu'elles échouent à - et qu'elles ne disposent pas des moyens de - s'auto-instituer. Du reste, plus personne ne croit en la possibilité pour le politique d'hétéro-instituer la société (même ceux qui en sont les partisans). Le politique n'est plus, ni ne peut plus être l'agent du progrès (ce qui rend d'autant plus difficile l'accès à Hegel, l'État n'étant plus qu'une forme archaïque ou archaïsante du politique ; ce qui rend d'autant plus intéressant de relire Marx, qui enjoint les sociétés à se saisir d'elles-mêmes en se saisissant du progrès). L'État n'ayant plus de vêtement idéologique pour "habiller" le progrès, ne reste plus que ce qu'il est : un pouvoir (institué). Là, Carl Schmitt est à lire.
JimmyB a écrit: De plus nous vivons une période, il est vrai, où beaucoup de populations demandent davantage de démocratie
Or, demander la démocratie, c'est demander, consciemment ou pas, une autonomie pure et simple de la société par rapport au politique.
Le tout se traduit, pour lors, par une demande insistante et durable, dans plusieurs pays dont la France, de "plus d'État", comme on dit vulgairement. Cela peut paraître paradoxal. Pourtant, c'est à un rôle de prestataires de services que les États ressemblent de plus en plus (ce que l'institution politique française refuse...), à une société dans la société. Les institutions politiques soulèvent donc bien des questions. Bref, les sociétés semblent "demander" une linéarité ; les États semblent "incarner" une circularité d'autant plus incompréhensible et menaçante aux yeux de beaucoup que le pouvoir politique s'accroche au... pouvoir politique.
Le débat mérite évidemment beaucoup plus de détails. Il faudrait consulter des textes, les reproduire ici, etc. Je me contente de ces remarques pour l'instant.
Dernière édition par Euterpe le Sam 28 Fév 2015 - 12:11, édité 1 fois