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L'humanité progresse-t-elle ?

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Dienekes
noals
Janus
Gnomon
Euterpe
Collegienmv
10 participants

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L'histoire sert à expliquer, elle est donc toujours partisane. Mais sans histoire, individuelle ou collective, il n'y a plus de sens du tout. L'histoire des pratiques sociales tend à éviter le piège du subjectivisme de l'histoire-science.

descriptionL'humanité progresse-t-elle ? - Page 2 EmptyRe: L'humanité progresse-t-elle ?

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Gnomon a écrit:
L'histoire sert à expliquer, elle est donc toujours partisane.

Non. L'historiographie, c'est un peu plus compliqué. Merci d'éviter les simplifications en étant si lapidaire.

Gnomon a écrit:
Mais sans histoire, individuelle ou collective, il n'y a plus de sens du tout.

L'histoire collective n'a pas de sens (les mythes en avaient un) si, dans votre hypothèse, vous voulez parler d'une collectivité qui serait auteur de son histoire, que ce soit pour en écrire le récit, ou dans l'hypothèse où elle serait consciente de son action (conscience de classe ou action collective, par exemple). Cela même n'est jamais que l'invention d'un individu (Hugo, Marx, etc.). En outre, seuls des individus (hommes politiques ou autres) font l'histoire, parce que seuls ils mettent en mouvement des "collectivités". La raison s'exerce toujours dans un contexte d'incertitude, et l'action ne se distribue jamais qu'en des conséquences divergentes par nécessité : les objectifs et les résultats.

Gnomon a écrit:
L'histoire des pratiques sociales tend à éviter le piège du subjectivisme de l'histoire-science.

L'histoire des pratiques sociales mourra de sa belle mort incessamment sous peu. Ça a déjà commencé du reste. Elle a eu le grand tort d'éclater ce que nos aïeux appelaient la raison historique en hyper-rationalité, appliquée à tout et à n'importe quoi, par définition. Cette inflation ne peut durer.

Que voulez-vous dire par "le piège du subjectivisme de l'histoire-science" ?

Dernière édition par Euterpe le Sam 18 Oct 2014 - 19:32, édité 1 fois

descriptionL'humanité progresse-t-elle ? - Page 2 EmptyRe: L'humanité progresse-t-elle ?

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Euterpe a écrit:
L'histoire collective n'a pas de sens

Même dans votre hypothèse où le sujet n'est pas acteur, mais agent de forces sociales qui le dépassent en ce qu'elles sont déterminées par les responsables politiques et autres, l'histoire a bien un sens dans ce cas-là : l'histoire des gouvernements dans leurs relations entre eux.

Le piège du subjectivisme de l'histoire-science c'est de vouloir donner un sens à l'histoire (matérialisme historique ou le progrès de l'Esprit chez Hegel), l'histoire sociale n'aspire qu'à décrire des faits sans leur donner une signification transhistorique ou absolue à toute l'histoire de l'humanité.

descriptionL'humanité progresse-t-elle ? - Page 2 EmptyRe: L'humanité progresse-t-elle ?

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J'ai répondu oui, et sans grimace , parce que ma vision des choses (dont l'optimisme n'est que sur le long terme) s'apparente à celle-ci dont j'ai trouvé une petite synthèse sur le net :

L’histoire est un devenir rationnel - « La seule idée qu’apporte la philosophie est la simple idée de la Raison — l’idée que la raison gouverne le monde et que, par conséquent, l’histoire universelle s’est elle aussi déroulée rationnellement. » - Hegel, La Raison dans l’histoire (1830).

Le cours de l’histoire humaine est-il désespérément absurde, ou doit-on y déceler une cohérence rationnelle ? Les événements arrivent-ils au hasard, ou accomplissent-ils un sens et une fin suprêmes ?

La thèse de Hegel est que, sous son tumulte apparent, l’histoire universelle est gouvernée par la Raison, principe absolu qui se réalise progressivement à travers les actions particulières des hommes.

En effet, malgré son apparence décousue, le devenir historique est un processus profondément rationnel — comme l’est d’ailleurs toute réalité (« tout ce qui est rationnel est réel, tout ce qui est réel est rationnel )
Les événements disparates s’unifient dans une « histoire universelle », le devenir dont le sujet véritable est « la Raison divine, absolue».

Le sens de l’histoire (sa fin, sa direction, son message), c’est l’effort de l’Esprit pour « acquérir le savoir de ce qu’il est en soi pour prendre conscience de sa liberté. Il n’y a donc pas lieu de désespérer ».
Mais ce sens est ignoré des hommes : telle est la « ruse de la Raison », qui se réalise dialectiquement, c’est-à-dire par son contraire, par le non-sens et l’irrationalité (apparents !) des actions humaines (passions, égoïsmes, guerres, etc.). « Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion », et l’histoire est essentiellement conflictuelle (« les périodes de bonheur dans l’histoire sont ses pages blanches»). Le devenir historique a lieu chaque fois qu’une crise ! trouve sa résolution, qui constitue toujours un progrès... vers toujours plus de liberté...

http://www.livreetclic.com/philvers uneo/demo_histoire.pdf..

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Gnomon a écrit:
Même dans votre hypothèse où le sujet n'est pas acteur, mais agent de forces sociales qui le dépassent en ce qu'elles sont déterminées par les responsables politiques et autres, l'histoire a bien un sens dans ce cas-là : l'histoire des gouvernements dans leurs relations entre eux.

Les relations entre États consistent à mettre en œuvre une rationalité la plus élargie possible, mais dont le rayon d'action est nécessairement limité aux circonstances dans lesquelles on la déploie. A long et à moyen terme, pour la seule raison qu'on ne sait jamais ce que fera ce qu'on fait, cela ne peut avoir un sens qu'une fois reconstitué a posteriori par d'autres que ceux qui ont commis l'action. Les grands hommes écrivent leurs mémoires après qu'ils ont agi, en essayant de comprendre ce qu'ils ont fait à la lumière des circonstances dans lesquelles ils agirent, et de celles dans lesquelles ils se trouvent au moment où ils écrivent. C'est d'autant plus vrai avec les historiens de métier qui consacrent leurs récits à des époques lointaines. Le sens de l'histoire n'est pas inscrit dans l'histoire, sauf à confondre la raison à l'œuvre dans l'histoire (les hommes savent ou pensent savoir ce qu'ils font) avec le sens même de l'histoire, ou à en faire le moyen caché de l'auto-réalisation de l'Esprit. Jusqu'à l'invention de l'histoire universitaire puis de type scientifique, l'histoire s'occupait d'abord de raconter des circonstances, d'expliquer et de comprendre ce que font les hommes. On n'avait pas la candeur de certains théoriciens qui veulent à toute force faire entrer l'histoire dans les moules de leurs théories.

Au total, ou bien attribuer un sens à l'histoire ne consiste qu'à retrouver les raisons pour lesquelles les hommes agissent, ou bien c'est affirmer que l'histoire est un processus téléologique. Deux choses différentes.

Gnomon a écrit:
Le piège du subjectivisme de l'histoire-science c'est de vouloir donner un sens à l'histoire (matérialisme historique ou le progrès de l'Esprit chez Hegel)
Ce n'est pas du subjectivisme, ça. Et même en disant que les interprétations de Marx et de Hegel sont subjectives au sens où elles seraient le fait d'hommes particuliers (avec leur psychologie propre, etc.), on n'a pas affaire à du subjectivisme, mais à l'explication de leur conception historique par leur subjectivité, ce qui n'a pas de pertinence scientifique.

Gnomon a écrit:
l'histoire sociale n'aspire qu'à décrire des faits sans leur donner une signification transhistorique ou absolue à toute l'histoire de l'humanité.
L'histoire sociale a la prétention de n'être que descriptive, et est l'instrument principal du relativisme culturel et sceptique. Ça fait beaucoup de responsabilités pour si peu de résultats. Il n'y a d'histoire que politique.
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