JimmyB a écrit: Cette argumentation me semble bien libérale et du coup un peu partiale si je puis me permettre.
Vous avez entièrement raison, et je déplorerais presque que ce soit à mon insu.
JimmyB a écrit: Si vous prenez la situation en Russie, les Russes ne demandent pas plus de libertés mais davantage d'État et un État moins corrompu. Il demeure là le progrès pour la Russie, moins de corruption et davantage d'État et d'infrastructures dans les zones reculées. Le progrès ne semble donc pas univoque dès lors qu'il est contextualisé.
Le rapport à l'État en Russie et en Afrique de l'ouest est culturellement différent, je vous rejoins. Je développerai si besoin. Néanmoins l'attente d'un État plus efficace et efficient me semble être la même (cf. les révoltes touaregs). Davantage d'État oui, ce qui signifie en parallèle de le restreindre aux activités régaliennes, de ne pas éparpiller son action. On pourrait débattre de l'utilité de l'interventionnisme en période de crise.
JimmyB a écrit: De plus nous vivons une période, il est vrai, où beaucoup de populations demandent davantage de démocratie (la Chine par exemple) mais ne faudrait-il pas y voir un déterminisme capitaliste ?
En admettant que la démocratisation passe, en France, par une passation de pouvoir de la noblesse vers la haute bourgeoisie, votre constat me semble fondé. Napoléon III ne fut-il pas un empereur bourgeois ?
JimmyB a écrit: Il n'est pas étonnant de constater que ce sont là où les régimes démocratiques sont les plus certainement installés que le capitalisme est le plus débridé, le second ayant peut-être déterminé le premier.
Ne doit-on pas y voir également l'influence de grandes instances (FMI, ONU) qui soumettent leurs aides à la caution démocratique ?
JimmyB a écrit: Or lorsque l'on parle de progrès au sein d'une société il peut très bien consister en des progrès sociaux, qui consistent selon Dewey à "solidifier l'espace public et la participation politique". Cela ne se réduit pas à un accroissement des libertés mais juste à une réduction de la hiérarchie : moins d'élites, davantage d'intérêts communs.
J'ai pris soin de limiter mon propos aux progrès politiques qui, vous avez raison, ont souvent un impact social (cf.
les opportunistes en France).
Noals a écrit: Le régime totalitaire va au-delà en tentant de s'immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté
J'entends bien, et c'est restreindre le totalitarisme à des fins, or les moyens ont une importance fondamentale. Je vous renvoie à K. D. Bracher qui expose les diverses réactions possibles face à la politique nazie, et qui démontre bien qu'il existe des moyens de résistance.
Noals a écrit: Et ceci pour moi résume notre société moderne dans le sens où le système n'admettra pas l'opposition et contrôlera la masse pour que ce principe de dominant et de dominé reste actuel en toute époque.
D’où l'importance cruciale des moyens.
Euterpe a écrit: Or, demander la démocratie, c'est demander, consciemment ou pas, une autonomie pure et simple de la société par rapport au politique
Il s'agit donc de voir disparaître le politique, l'ensemble des personnes et institutions qui l'incarnent et la
font ? La Démocratie incarnant mieux la Politique que
le système politique ?
Euterpe a écrit: Les sociétés modernes ne conçoivent plus le politique que comme une institution qui ne peut procéder que d'elles, en partie parce qu'elles échouent à - et qu'elles ne disposent pas des moyens de - s'auto-instituer.
N'est-ce pas en partie du fait de l'originalité foncière du XVIIIe ? L'apolitisme des masses disparaissant de manière éphémère.
J'en profite pour joindre ma curiosité à celle de Desassocego.