hokousai le Ven 16 Nov 2012 - 12:34
Cher Liber,
Partons d'où nous sommes :
Spinoza a écrit: Mais descendons aux choses créées qui sont toutes déterminées par des causes extérieures à exister et à agir d'une certaine façon déterminée.
Lettre à Schuller (58)
Et là vous citez fort justement l'exemple de la pierre pensante victime d'une illusion.
Je comprends que mes décisions volontaires (des volitions, dit Spinoza) ne naissent pas
ex nihilo. L'expérience intime me pousserait bien pourtant à le penser, d'où la dénonciation d'une illusion. Je suis donc en commerce avec le monde, un monde connu et aussi un monde inconnu, inconscient si l'on peut dire. Ce qui m'apparaît comme libre doit être après coup jugé comme élément d'un enchaînement de causes et d'effets :
Spinoza a écrit: parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d'une certaine manière déterminée.
(Lettre à Schuller)
J'ai donc un ressenti du libre arbitre, je sens en partie seulement certaines contraintes, je ne peux pas dire que j'éprouve cette "certaine manière déterminée", mais que je la comprends.
La question est bien de savoir si je suis libre
maintenant quand j'ai compris et même quand j'ai compris plus, c'est-à-dire
in fine que :
Spinoza a écrit: Dieu, par exemple, existe librement bien que nécessairement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa nature.
(Lettre à Schuller).
La réponse me semble donnée dans la démonstration de la prop. 23, partie 4 :
Démonstration : En tant qu'il est déterminé à l'action parce qu'il a des idées inadéquates, l'homme pâtit (par la Propos. 1, part. 3), c'est-à-dire (par les Déf. 1 et 2, part. 3) fait quelque chose qui ne se peut percevoir par sa seule essence, c'est-à-dire (par la Déf. 8, part. 4), qui ne suit pas de sa propre vertu. Au contraire, en tant qu'il est déterminé à quelque action parce qu'il comprend, l'homme agit (par la Propos. 1, part. 3), c'est-à-dire (par la Déf. 2, part. 3) fait quelque chose qui se conçoit par sa seule essence, autrement dit (par la Déf. 8, part 4), qui résulte adéquatement de sa propre vertu. C. Q. F. D.
Lorsque je comprends, je connais la cause de ma compréhension en première instance puisque comprendre c'est comprendre. Il y a une adéquation de la cause à l'effet.
Je ne suis pas déterminé par autre chose que de la compréhension. Mon conatus, effort de persévérer dans mon être,
ne suit pas d'autre chose, il suit de ma seule essence laquelle est de
comprendre. Sinon je n'agis pas, je pâtis et je ne suis pas libre.
Il ne fait pas de doute que pour Spinoza la compréhension libère. Une fois libéré, l'homme peut être dit libre. Non ?
Dernière édition par Euterpe le Sam 13 Aoû 2016 - 23:51, édité 2 fois