Je m'inspire essentiellement de l'ouvrage La culture du narcissisme de Lasch (un chapitre est consacré à la vieillesse) pour poser la question : quel rôle assigner au fait d'être "vieux" ? Peut-on attribuer une autorité (qui puisse se justifier) à l'individu d'un certain âge ou bien est-il réduit, dans le meilleur des cas, à être l'objet de notre affection (ou du souvenir de ce qu'il a été par le passé) ?
Partons du présupposé que par le passé ("idéalisé") donc à une époque antérieure le vieillard (donc "patriarche") honorable ait eu des fonctions sociales. Il aurait été, dans une société stable où le changement se fait lentement, un repère fixe et respectable dans le sens où sa "sagesse" (donc ses connaissances sur le fonctionnement de la société et des relations sociales) se mesure à son âge (au fur et à mesure du temps on accroît nos expériences). On suppose donc qu'il y avait quelque chose à retenir de ses enseignements précieux ; d'où la justification, en partie rationnelle, de son autorité.
Qu'en est-il, aujourd'hui ? Nous vivons dans une société où les repères ne sont pas fixés une fois pour toutes, on est saturé d'informations, la technique est responsable en partie de ces changements dans notre rapport au monde, etc. Par conséquent, quelle peut-être la fonction du "vieux" ? Paradoxalement, l'espérance de vie ne cesse d'augmenter (ce qui implique que l'on meurt plus tardivement). Par contre, le vieux n'a plus rien à enseigner (à quiconque) : plus de connaissances pratiques (puisque nous vivons dans une société où le savoir-faire d'aujourd'hui sera peut-être périmé demain) ni de "vérités" immémoriales (la société est complexe, les causes et les conséquences des phénomènes observés proviennent aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur) à distribuer. Le savoir est fragmenté. C'est désormais le rôle tenu par les "spécialistes" de nous dire ce qu'il faut "penser" à tel moment sur tel sujet. Cet être est-il donc condamné à n'être qu'un individu comme un autre (si ce n'est qu'il est fort âgé) ? On en arrive à la conclusion logique que "ça dépend des individus", qu'il faut nécessairement distinguer le bon grain de l'ivraie.
Toutefois, dans nos sociétés, certains revendiquent appartenir au groupe des "personnes âgées". Le reste de la société partage cette idée de l'existence supposée de ce groupe. Mais alors voilà, on associe à ce groupe des stéréotypes et autres représentations (partagées par les "personnes âgées") : un individu "respectable", honorable qui a des privilèges on ne sait pourquoi (si ce n'est d'avoir vécu plus d'un demi-siècle, ce qui constitue, pourtant, de moins en moins un exploit dans nos sociétés). Ça peut paraître trivial, mais ceci est facilement constatable dans la vie quotidienne. On a tous assisté à des incivilités de la part de ces "personnes âgées". Pour prendre un exemple : dans les transports en commun, il est réclamé de céder la place aux "vieux" ; or, une bonne partie des seniors sont bien portants (c'est-à-dire qu'ils ne sont pas forcément handicapés) ce qui n'empêche pas d'avoir inscrit durablement dans les consciences l'équation "vieillesse = faiblesse". La question de leur rôle se pose à l'ensemble de la société car ils sont dépendants de cette dernière (par le système des retraites). Ils sont de plus en plus nombreux (les gens vieillissent et vivent de plus en plus longtemps) dans notre société à être "parqués" dans des maisons de retraite. L'ensemble de ces questions, dans le fond, nous amène à nous interroger sur l'injonction à la longévité, c'est-à-dire que l'objectif implicite d'une vie serait, dans la mesure du possible, de vivre le plus longtemps possible (sans que l'on ne sache trop pourquoi), objectif engendrant un certain nombre d'effets pervers.
Qu'en pensez-vous ?
Partons du présupposé que par le passé ("idéalisé") donc à une époque antérieure le vieillard (donc "patriarche") honorable ait eu des fonctions sociales. Il aurait été, dans une société stable où le changement se fait lentement, un repère fixe et respectable dans le sens où sa "sagesse" (donc ses connaissances sur le fonctionnement de la société et des relations sociales) se mesure à son âge (au fur et à mesure du temps on accroît nos expériences). On suppose donc qu'il y avait quelque chose à retenir de ses enseignements précieux ; d'où la justification, en partie rationnelle, de son autorité.
Qu'en est-il, aujourd'hui ? Nous vivons dans une société où les repères ne sont pas fixés une fois pour toutes, on est saturé d'informations, la technique est responsable en partie de ces changements dans notre rapport au monde, etc. Par conséquent, quelle peut-être la fonction du "vieux" ? Paradoxalement, l'espérance de vie ne cesse d'augmenter (ce qui implique que l'on meurt plus tardivement). Par contre, le vieux n'a plus rien à enseigner (à quiconque) : plus de connaissances pratiques (puisque nous vivons dans une société où le savoir-faire d'aujourd'hui sera peut-être périmé demain) ni de "vérités" immémoriales (la société est complexe, les causes et les conséquences des phénomènes observés proviennent aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur) à distribuer. Le savoir est fragmenté. C'est désormais le rôle tenu par les "spécialistes" de nous dire ce qu'il faut "penser" à tel moment sur tel sujet. Cet être est-il donc condamné à n'être qu'un individu comme un autre (si ce n'est qu'il est fort âgé) ? On en arrive à la conclusion logique que "ça dépend des individus", qu'il faut nécessairement distinguer le bon grain de l'ivraie.
Toutefois, dans nos sociétés, certains revendiquent appartenir au groupe des "personnes âgées". Le reste de la société partage cette idée de l'existence supposée de ce groupe. Mais alors voilà, on associe à ce groupe des stéréotypes et autres représentations (partagées par les "personnes âgées") : un individu "respectable", honorable qui a des privilèges on ne sait pourquoi (si ce n'est d'avoir vécu plus d'un demi-siècle, ce qui constitue, pourtant, de moins en moins un exploit dans nos sociétés). Ça peut paraître trivial, mais ceci est facilement constatable dans la vie quotidienne. On a tous assisté à des incivilités de la part de ces "personnes âgées". Pour prendre un exemple : dans les transports en commun, il est réclamé de céder la place aux "vieux" ; or, une bonne partie des seniors sont bien portants (c'est-à-dire qu'ils ne sont pas forcément handicapés) ce qui n'empêche pas d'avoir inscrit durablement dans les consciences l'équation "vieillesse = faiblesse". La question de leur rôle se pose à l'ensemble de la société car ils sont dépendants de cette dernière (par le système des retraites). Ils sont de plus en plus nombreux (les gens vieillissent et vivent de plus en plus longtemps) dans notre société à être "parqués" dans des maisons de retraite. L'ensemble de ces questions, dans le fond, nous amène à nous interroger sur l'injonction à la longévité, c'est-à-dire que l'objectif implicite d'une vie serait, dans la mesure du possible, de vivre le plus longtemps possible (sans que l'on ne sache trop pourquoi), objectif engendrant un certain nombre d'effets pervers.
Qu'en pensez-vous ?