Janus a écrit: Peut être faudrait-il commencer par rappeler que s'attribuer le devoir de protéger les plus faibles (ce que réalise d’ailleurs le droit au moyen de la loi qui interdit de les violenter, par extension le viol, etc…), est un des fondements politiques de la liberté, sachant qu’à l’état de nature c’était au contraire le règne de la loi du plus fort et de l’arbitraire qui régentaient les relations humaines, lorsque le maître, s’attribuant un pouvoir arbitraire, avait le droit de vie et de mort sur quiconque, en toute légitimité.
En l’occurrence, les plus jeunes sont généralement les plus forts par rapport aux vieux affaiblis, autant physiquement que mentalement, sans quoi le "vieux" n'en serait pas un.
Aussi, lorsqu’une personne dans la force de l’âge est sauvagement assassinée, cela troublera la sensibilité d’un homme que j’appellerais "normal" car moral, mais s’il s’agit d’un enfant, d’une femme ou d’un vieillard, cet homme normal en sera encore plus affecté et indigné, car pour lui, attenter à l’intégrité d’une personne affaiblie sera considéré non seulement comme un crime mais un véritable sacrilège.
Justement, assimiler le vieillard au faible ne constituerait-il pas, aujourd'hui, un préjugé qui ne correspondrait pas (ou plus) à la réalité de notre société ? En fait, l'on peut déjà être une épave à 18 et toujours aussi vigoureux à 80 ans. Avec les progrès dont bénéficie tout un chacun (la médecine, les loisirs, la qualité de vie, la mise en place de dispositifs adaptés en milieu urbain) qui entraînent, objectivement, une amélioration de la qualité et une hausse de l'espérance de vie. Par conséquent, il revient à l'individu (qui en est seul responsable) de veiller à sa "santé" (sports, régimes, prévenir des pathologies) dans notre société, l'on ne peut pas mettre ça sur le dos de la "vieillesse" (en tant que groupe social) dans ce qui nous arrive. Le nivellement par le bas, dans notre société, conduit à ne plus distinguer le "jeune" du "vieux" (si ce n'est que l'un est objectivement plus âgé que l'autre).Janus a écrit: Alors que doit-on regretter dans ce modernisme encore montré du doigt ? Que la science, la médecine et les nouvelles technologies nous éloignent de ces valeurs religieuses qui nous servaient de repères ? Que prolonger la vie n'a aucun intérêt non seulement pour nos caisses de retraites mais aussi pour la Vie qui elle raisonne au contraire en terme de sélection naturelle (consistant à éliminer les plus faibles et les moins aptes à procréer) ? Faut-il se réjouir des retombées économiques ou déplorer ce revers de la médaille qu'on appelle le jeunisme ? A moins que vous ne lui préfériez l'eugénisme ? :shock:
Le problème est que "l'homme-masse" d'Ortega (on trouve l'équivalent chez d'autres auteurs) se retrouve aussi bien chez le "jeune" que chez le "vieux" (par l'intermédiaire, en partie, de la technique). Par conséquent, ils peuvent être tout aussi capricieux et gâtés l'un que l'autre.
Le système de retraite est révélateur : il l'est par répartition et non capitalisation. C'est au nom de la "solidarité", dit-on (or être "solidaire" est une intention qui suppose un choix...). Dans les faits, paradoxalement, loin de favoriser quelque "solidarité intergénérationnelle", les vieux ne vivent pas dans leur famille (ils sont encombrants) mais sont logés au sein d'une maison de retraite (et nombreux sont ceux qui souffriraient de solitude dit-on). Par conséquent, le poids repose non sur l'individu mais sur l'État auquel on confie la prise en charge du vieux. Il en est de même pour ces derniers : l'on assiste à un phénomène surprenant (inimaginable il y a quelques décennies) qui consiste à engendrer un enfant à un âge fort avancé (plus de 60 ans) par caprice et irresponsabilité (caractéristiques que l'on attribue traditionnellement aux "jeunes"...), ce qui est rendu possible par la technique médicale ("j'ai envie donc je peux").