anormal a écrit: Dienekes a écrit: ... d’accuser « la société », « le capitalisme », « la mondialisation » ou autre est totalement contreproductif.
Oui, en effet, aller contre le capitalisme est contreproductif (d'un point de vue capitaliste).
À coup de pirouette rhétorique, vous ne risquez pas d’avancer dans votre réflexion.
anormal a écrit: Cependant, je ne vois pas bien ce qu'il faudrait remettre en question dans la problématique qui consiste à s'interroger sur les implications de la vieillesse dans nos sociétés capitalistes.
Certes, il est toujours intéressant de s’interroger :
267 députés sur 571 ont plus de 60 ans (47%)
136 sénateurs sur 176 ont plus de 60 ans (77%)
Patrimoine net global médian par tranche d’âge en 2014 (source Insee)
- moins de 30 ans : 7 200 €
- de 30 à 29 ans : 48 600 €
- de 40 à 49 ans : 132 500 €
- de 50 à 59 ans : 203 700 €
- de 60 à 69 ans : 211 500 €
- plus de 70 ans : 148 600 €
Pas si mal considérée que ça la vieillesse, dans notre société capitaliste…
anormal a écrit: Le capitalisme actuel est un capitalisme libéral qui suppose que l’État doit se réduire à son expression minimum, or c'est à l’État qu'il incombe de prendre soin des plus faibles puisque cet État s'est fondé sur l’annihilation de la famille et de la convivialité villageoise. Donc, si l’État est censé protéger les plus faibles et que le capitalisme ambiant s'oppose à cela, il me semble assez légitime de dénoncer le capitalisme. Non ?
Oui, en France l’État prend soin des plus faibles. Juste un exemple : vous avez une maladie grave en Chine et pas les moyens de vous soigner, vous mourrez ; vous êtes étranger en situation irrégulière et sans argent en France, on vous soigne quel qu’en soit le coût.
kercoz a écrit: Le "Gain de productivité" est une recherche qui semble intuitif chez l'humain. Mais chaque "gain de productivité" implique une "perte d' humanité".
Non, le « Gain de productivité » n’est pas une recherche intuitive chez l’humain, de nombreux peuples ne s’en préoccupent absolument pas. L’ethnologie en donne de nombreux exemples. De plus, je ne vois pas bien ce qui vous permet de dire que nous serions « moins humains » que les peuples ne se préoccupant pas de la productivité.
kercoz a écrit: Par souci de modernité et donc de "gain de productivité", nous avons sous traité des fonctions régaliennes et des interactions pour des raisons de pénibilité ou de confort.
Ce que vous indiquez là, c’est la naissance de l’État. C’est un point que Pierre Clastres étudie, par exemple.
La société contre l’État vous intéressera probablement sur ce point. Par contre, le "Par souci de" et "pour des raisons de" sont plus discutables...
kercoz a écrit: Il est des phénomènes qui devraient nous alerter : les comportements marginaux liés à l' agressivité (ou est impliquée la sérotonine, dont la recapture est irrégulièrement effectuée chez le jeune) étaient assez correctement gérés par des interactions culturelles.
Là encore, l’ethnologie vous donne tort, la violence fait partie intégrante des sociétés primitives. Deux exemples : la mortalité masculine (violente) est telle chez les Achuar qu’elle force une polygynie (Descola) ; la mortalité féminine (violente) est telle chez les Guayaki qu’elle force une polyandrie (Clastres).
kercoz a écrit: L' exemple de la vieillesse est caractéristique. J'ai, de part mon ancienne activité "visité" pour des raisons de sécurité, ces établissements très fréquemment. Et je puis vous affirmer que la "démarche d'abandon social" est réelle. Cela n'a rien a voir avec le confort ou la maltraitance. Tahar Ben Jelhoun disait dans un de ses livres qu'au Maroc il n'était pas possible de concevoir le concept de "maison de retraite". Que l'on gardait ses vieux chez soi, même si l'on ne torche pas sa mère ce qui est fait par une voisine.
C’est un choix de société, nous décidons de confier à l’État une partie importante de la charge que représente l’accompagnement des personnes dépendantes (âgées ou non d’ailleurs, le problème est la dépendance). Mais ce choix de société est également une sécurité, tout le monde ne peut pas se permettre d’arrêter de travailler pour s’occuper d’un parent devenu dépendant.
kercoz a écrit: Pour revenir a votre argument, je soutiens donc que structurellement parlant, la mondialisation, en tentant de finaliser la dynamique civilisationnelle qui succède au modèle étatique, pervertit les interactions " naturelles", comme celui du traitement moral de la vieillesse qui fait l'objet de ce fil.
Désolé, mais là vous partez dans tous les sens et ce n’est pas en une phrase que vous pourrez analyser les effets de la mondialisation sur les États et leur traitement de la vieillesse. Sans parler du « naturel » qui arrive au milieu de tout ça sans trop qu’on sache pourquoi.
kercoz a écrit: Dans mon intervention précédente, j'ai donné mes raisons sur l'aspect pervers du regroupement par affinité. L'unité de lieu, du fait de l'obligation de proximité des acteurs et de la continuité de cette proximité, oblige à faire jouer les processus d' inhibition. Si l'on ne peut changer de quartier ou de pseudo, cette proximité oblige aussi à une responsabilisation des faits et gestes ainsi que des paroles. Chaque interaction est une "prise de risque". Aliénation certes, mais responsabilisation - valorisation accrue de l'individu.
Changer de quartier pourquoi pas, changer d’environnement de travail c’est loin d’être si facile que ça par contre… De plus, même avec un regroupement par affinité, vous n’échappez pas au jugement de l’autre et à la pression du groupe.