Tom a écrit: Pour Descartes. Si vous voulez jouer sur les mots alors allons-y, parce que pour moi cela revient au même.
Il n'est pas question de jouer sur les mots, Tom. C'est une rectification de ma part, prenez-la comme telle. Que "pour vous", cela revienne au même, c'est votre affaire. Le but du jeu n'est pas d'opiner ni d'échafauder de quelconques fantaisies, mais de se soumettre à la rigueur qu'impose la lecture et la connaissance des œuvres. En l'occurrence, on n'a pas affaire à un problème exégétique.Tom a écrit: Il est difficile de définir ce qu'est la vérité, et la raison en est pour moi qu'elle est essentiellement une qualité. C'est un attribut comme pourrait l'être la couleur rouge : on ne peut définir le rouge de manière intuitive et intelligible par concept, mais, paradoxalement quand on voit quelque chose de rouge, on sait que c'est rouge. Pour Descartes quand on "voit" quelque chose de vrai, on sait, sans forcément comprendre, que c'est vrai. On le saisit, on le sent ce vrai, comme si on pouvait déjà le toucher sans l'embrasser totalement avec nos bras.
C'est complètement fantaisiste, aussi je vous invite à lire ou à relire le Discours de la méthode et les Méditations métaphysiques.Tom a écrit: Pour essayer justement de comprendre on peut partir du faux, comme j'avais déjà tenté de le faire entendre dans mon post précédent. Faux vient du latin falsum qui a un lien étymologique avec fallere qui signifie ce qui tombe, peut tomber. Au contraire, un critère de vérité serait l'infaillible, ce qui ne peut pas tomber. Mais tomber face à quoi ? Face à quelle arme ? Si on ne sait ce qu'est la vérité, comment éviter les erreurs ? Il faut tester la solidité d'un énoncé qui est candidat à la qualité d'être une vérité. Notre arme, pour Descartes, tourne autour du doute. Pour savoir si un énoncé est infaillible et donc vrai, il faut qu'il soit, pour la raison, indubitable. La boucle est bouclée.
Si vous parlez d'un tête-à-queue, je vous le confirme, la boucle est bouclée. Énième fantaisie de votre part, agrémentée d'une fantaisie étymologique avec un vocable qui devrait vous inciter à la prudence : fallere veut dire d'abord tromper (falsus : faux, falsifié, trompeur...) ; vous lisez "faillir" (cf. l'anglais : to fall...).Tom a écrit: Que vous le vouliez ou non votre cerveau fonctionne à la manière du triangle sémantique d'Aristote. Le concept de chaise, qui fait partie du langage mental, a deux références : la chaise comme vocable et la chaise qui existe, celle qui est matérielle. La chaise matérielle reste la chaise matérielle et le concept de chaise reste le concept de chaise. Ce qu'il faut souligner c'est que le lien entre le concept et son objet n'est pas arbitraire : il y a comme un lien de nature qui est créé par notre intellect entre la chaise qu'on voit et son concept. Imaginons que nous n'ayons guère la parole, que nous soyons une race muette mais douée de raison : le lien entre la chaise qui est et son concept existerait toujours même sans l'aide du mot. Je ne sais pas si je suis clair là dessus, mais allez voir Ockham, il est assez génial sur ce sujet.
Dans ce cas, peut-être vous faudrait-il lire ou relire Ockham avec les textes d'Aristote en regard, parce que son langage mental ne consiste pas en un "lien de nature"... Un indice : Umberto Eco s'est intéressé de très près au franciscain, notamment à sa théorie du signe, que vous ne semblez pas encore maîtriser ; chez lui en effet, tous les concepts font signe vers les choses, qu'elles soient présentes ou pas ; autrement dit, les concepts (les signes, qui ne sont pas des universaux) font connaître quelque chose, engendrent des connaissances. Dès lors, peu importe qu'on parle de saucisse ou de liberté. D'autant moins que les choses offrent des ressemblances qui permettent des suppositions confuses, ou signes appliqués à des choses multiples. La liberté désigne des choses multiples qui ont une ressemblance tenue pour pertinente.Dernière édition par Euterpe le Mer 27 Juil 2016 - 22:32, édité 3 fois