Tom a écrit: Je prends en compte toute vos remarques, et comme vous j'ai compris que la source des erreurs pour Descartes provient du fait que la faculté de juger prend décision sur des choses que l'entendement ne conçoit pas encore assez clairement. Il dépasse les limites de l'entendement.
Décidément... Descartes ne parle pas de faculté de juger, mais de volonté. D'où viennent les erreurs ?
et considérant quelles sont mes erreurs (...), je trouve qu'elles dépendent du concours de deux causes, à savoir, de la puissance de connaître qui est en moi, et de la puissance d'élire, ou bien de mon libre arbitre : c'est-à-dire, de mon entendement, et ensemble de ma volonté.
La faculté de (bien) juger, c'est la faculté de coordonner entendement et volonté en proportionnant celle-ci à celui-là. D'un côté l'entendement :
par l'entendement seul je n'assure ni ne nie aucune chose, mais je conçois seulement les idées des choses
de l'autre la volonté qui :
consiste seulement en ce que nous pouvons faire une chose, ou ne pas la faire (c'est-à-dire affirmer ou nier, poursuivre ou fuir)
La distinction n'est pas seulement entre juger et entendre, mais entre juger et vouloir. Juger, c'est entendre
et vouloir ; bien juger c'est entendre et vouloir
en rabattant la volonté sur l'entendement ; juger mal, c'est vouloir sans se laisser diriger par l'aiguillon de l'entendement. Juger, c'est connaître (entendement) et choisir (passer de l'indifférence à la différence, du plus bas degré de la volonté/liberté à une volonté/liberté digne de ce nom).
Tom a écrit: Il semble que mon vocabulaire ne soit pas adéquat. J'ai parlé de "sentir" la vérité, mais ce sentir n'est pas en lien avec un empirisme. J'ai donc réfléchi à une manière plus correcte de me faire comprendre : pour moi l'évidence, comme elle peut être immédiate avec le cogito (la première fois que j'ai entendu cette proposition, "je pense donc je suis", j'ai comme été foudroyé par son évidence), est en lien avec une certaine intuition. Quand je parle de "sentir" la vérité, c'est en ces termes : on sait que cette "chose" est vraie sans pour autant le comprendre, on en a l'intuition sans pour autant le démontrer. Suis-je clair ?
Non. Les évidences de Descartes, à commencer par la première de toutes, celle dont les autres procèdent, l'évidence du
cogito, sum, n'est pas une intuition. La philosophie cartésienne est une philosophie
analytique. Évidence et intuition ne sont pas la même chose. L'évidence est claire et distincte (on distingue, on différencie, on sépare : on analyse, et on trouve ce qu'il y a à trouver), pas l'intuition.
Tom a écrit: Tout cela pour dire (et c'était mon intention au tout départ, avant que nous discutions de Descartes) et mettre en avant que toute vérité est vérité de quelque chose. La vérité n'est pas un objet, c'est une qualité. Quand une chose a la qualité d'être vraie, d'une manière certaine et permanente, elle est non seulement une vérité, mais aussi une connaissance.
Bien. Vous voyez désormais la différence, plus que syntaxique, entre la vérité comme qualité du vrai (!) et la vérité comme qualité de quelque chose. Toutefois, puisque vous dites maintenant d'un côté que la vérité est vérité de quelque chose, et de l'autre que la vérité n'est pas une chose, mais, en tant qu'elle est la vérité de quelque chose, qu'elle est une qualité de cette chose (vous dites même qu'elle se trouve
dans les choses), vous devez éclaircir un point de métaphysique et de logique : si la vérité qualifie quelque chose, elle est substance. Aussi s'agit-il de savoir de quelle sorte de substance on parle, nature, matière, substrat, idée, etc. ?
Dernière édition par Euterpe le Mar 11 Fév 2014 - 12:21, édité 1 fois